Confidentiel : Avant les assises de la mobilité, le covoiturage avance ses pions

Confidentiel : Avant les assises de la mobilité, le covoiturage avance ses pions Les start-up du secteur ont été reçues jeudi matin à la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer. Elles ont plaidé pour des réformes en leur faveur.

En attendant le lancement officiel des assises de la mobilité le 19 septembre, le gouvernement prépare le terrain. Ce projet mené par le ministère de la Transition écologique et solidaire, auquel est rattachée la ministre chargée des Transports Élisabeth Borne, doit permettre de rencontrer les acteurs du secteur afin de préparer une loi d'orientation des mobilités qui sera débattue au premier trimestre 2018. Les nouvelles formes de mobilités sont vues par Elisabeth Borne comme l'une des solutions pour sortir le réseau de transports hexagonal de "l'impasse financière" dans laquelle il se trouverait. Cet intérêt du gouvernement pour les transports innovants s'est matérialisé, selon nos informations, par une première rencontre avec le secteur du covoiturage le 7 septembre.

Les dirigeants d'une vingtaine de sociétés de covoiturage ont été reçus par la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer (DGITM). "Ils nous ont expliqué que le gouvernement voulait arrêter les grands projets pour donner la priorité aux transports du quotidien et que parmi les solutions envisagées, le covoiturage était celle qui revenait le plus souvent", raconte l'un des patrons présent à cette réunion préparatoire et qui préfère garder l'anonymat. L'Etat attend des sociétés de covoiturage qu'elles soient forces de proposition et lui montrent comment elles peuvent l'aider à repenser son infrastructure de transports.

Déductions, subventions, incitations

Les dirigeants de ces entreprises savent quant à eux ce qu'ils attendent de l'Etat : le covoiturage doit être considéré comme un véritable moyen de transport. Cela passe, par exemple, par la possibilité pour un employeur de rembourser une partie des frais de covoiturage de ses employés, comme la loi l'y oblige pour les abonnements de transports en commun et le vélo. C'est déjà possible aujourd'hui, mais les entreprises doivent payer des charges si elles défraient le covoiturage, alors qu'il ne leur en coûte rien pour le vélo ou le métro.

Certaines start-up veulent aussi que l'Etat "pousse les collectivités à financer le covoiturage", explique la même source. "Elles sont devenues (depuis une loi de 2015, ndlr) organisatrices de mobilité. Et pourtant, certaines continuent à dépenser presque tout leur budget dans les grands opérateurs de transport comme Kéolis ou Transdev," se désole-t-il. Les collectivités pourraient par exemple payer une partie d'un trajet pour réduire son prix (comme elles le font pour un ticket de bus ou de métro), ou carrément inclure le covoiturage dans les abonnements de transports en commun. D'autres sociétés prônent des incitations qui récompenseraient les co-voitureurs : bonus lors de l'achat d'un véhicule, crédits d'impôts, files et places de parking réservées, abonnements de stationnement réduits…

Reste à voir lesquelles  de ces solutions, qui arrangent plus ou moins les start-up selon leur modèle économique (B2B, B2C, longue distance, trajets domicile-travail etc…) seront retenues par l'Etat. Les discussions avec chacun vont se poursuivre à distance en attendant de convenir d'un nouvelle rencontre. "Vu l'état d'esprit, nous allons trouver une solution qui arrange tout le monde",  est persuadé l'entrepreneur.