Paul Valencia (Indigo Weel) "Nous ouvrons notre capital pour nous diversifier vers de nouveaux services"

Le PDG de MDS, la division mobilités de l'opérateur de parkings Indigo dont dépend Indigo Weel, revient sur ses efforts pour aller au-delà des vélos et créer un bouquet de mobilités comprenant les scooters et voitures partagés.

JDN. Indigo Weel, propriété de l'opérateur de parkings Indigo, propose 5 000 vélos en libre-service dans sept villes françaises. Vous souhaitez désormais étendre votre palette de services aux scooters et à l'autopartage. Pourquoi cette diversification ?

Paul Valencia est le PDG de MDS, la division mobilités de l'opérateur de parkings Indigo  © Indigo Weel

Paul Valencia. Ces nouvelles activités vont nous permettre de proposer des trajets de différentes distances au même public. Nos utilisateurs habitent dans les centre-ville et n'ont pas vocation à s'acheter un véhicule. Nos vélos servent aux trajets quotidiens de moins de 2 kilomètres. Les scooters interviendront sur des distances de moins de 5 kilomètres, trop longues pour être faites en vélo ou mal desservies par les transports en commun. La voiture électrique en autopartage permettra de réaliser un trajet occasionnel vers la périphérie.

Où en êtes de vous dans ce processus de diversification ?

Nous avons déployé cent scooters en libre-service à Toulouse. Notre hypothèse d'usage s'est d'ailleurs validée : nous avons observé un report immédiat de clients du vélo vers le scooter. Nous allons en déployer plusieurs centaines d'autres cette année dans plusieurs grandes villes françaises où nos vélos sont déjà disponibles, dont une d'ici avril. Nous étudions également la possibilité de proposer des vélos électriques à la place de scooters en fonction de la typologie des villes. Car dans celles qui possèdent une grosse infrastructure de pistes cyclables, les trajets sont plus rapides en vélo électrique qu'en scooter.

"Nous avons observé un report immédiat de clients du vélo vers le scooter"

Nous testerons nos voitures électriques en autopartage au deuxième trimestre dans une ville française qui reste à définir. Les utilisateurs pourront stationner en voirie comme dans les autres modèles free-floating, mais aussi dans les parkings sous-terrain d'Indigo s'ils ne trouvent pas de place.

Allez-vous poursuivre avec ces nouveaux services votre stratégie d'évitement des marchés trop concurrentiels comme Paris ?

Notre objectif est d'aller dans les villes où nous avons une valeur ajoutée à apporter, et pas sur des marchés où l'offre est déjà dense. Nous le voyons dans les vélos à Paris : l'offre Vélib' fonctionne très bien et les acteurs du vélo en libre-service sont en difficulté. Indigo Weel est présent à Bordeaux, Tours, Lyon Toulouse, Angers, Grenoble, Metz  et proposera ses vélos dans deux nouvelles villes au premier trimestre, mais pas à Paris pour le moment. Dans les scooters, le face à face avec Coup et Cityscoot se produira inévitablement, mais ce n'est pas notre priorité d'aller les affronter.  

Quelles synergies espérez-vous développer entre ces trois services de mobilités et l'activité historique de parking d'Indigo ?

"Nous voulons créer un avantage concurrentiel grâce aux parkings d'Indigo" 

Nous réutilisons dans les scooters notre savoir-faire acquis grâce aux vélos dans la chaîne d'approvisionnement, qui permet de contenir les coûts de maintenance. Les logiciels de dispatch et de prévisions de la demande existants sont aussi mis à profit. Par ailleurs, nous sommes en train de développer un système de batteries universelles, qui pourront être utilisées aussi bien sur nos vélos électriques, nos scooters et nos voitures. Nous voulons aussi créer un avantage concurrentiel grâce aux emplacements de stationnement du groupe. Les parkings sous-terrain vont nous servir de stations de recharge et de remplacement des batteries. Il s'agit de projets extrêmement capitalistiques, dans lesquels nous n'avons pas vocation à investir seuls. C'est pourquoi nous avons lancé un processus d'ouverture du capital afin de trouver de nouveaux partenaires industriels et financiers.

Les revenus apportés par Indigo Weel au groupe Indigo sont aujourd'hui négligeables. Vous attendez-vous à ce que ces nouvelles mobilités diminuent à terme l'usage de la voiture personnelle, donc des parkings d'Indigo ?

Notre objectif est de faire des parkings des actifs des mobilités de demain, car la voiture continuera d'y jouer un rôle essentiel. La crise des gilets jaunes l'a montré : on ne peut pas simplement dire aux gens "la voiture c'est pas bien", il faut des solutions qui la prennent en compte. Nous envisageons un futur dans lequel les usagers qui viennent de loin arrivent en ville, garent leur voiture dans un de nos parking et n'y touchent plus pendant leur séjour, utilisant à la place nos services de mobilités.