Accélérer la maturité digitale des services de mobilité dans les territoires

L'élargissement de la couverture numérique mobile libère le potentiel des services de mobilité connectée dans les territoires.

Alors que le premier janvier 2021 devait marquer la fin des “zones blanches de mobilité”, ces portions du territoire qui n’étaient gérées par aucune Autorité Organisatrice de la Mobilité (AOM), de nombreux services restent encore à construire. Les acteurs publics comme privés doivent cependant imaginer ces nouveaux services à l’aune des grandes tendances du secteur. Si on observait un intérêt croissant pour les services multimodaux et la mobilité servicielle avant la crise du COVID, il ne faut pas s’en écarter maintenant. 

Comment, dès lors, se nourrir de ces tendances pour construire la mobilité de demain ? Les ruptures technologiques que constituent les IA et la robotisation seront bien évidemment des éléments structurants. Au-delà, il est dès à présent possible de libérer le potentiel des acteurs de la mobilité en accélérant leur digitalisation. En capitalisant sur le New Deal Mobile et la logique de mobilité servicielle, un formidable potentiel d’innovation s’offre à nous à très court terme. Renforcer la maturité numérique des acteurs de la mobilité, créer des synergies territoriales et valoriser les solutions de mobilités déjà déployées au niveau local sont les trois piliers du cercle vertueux de la mobilité connectée. 

Ne pas freiner le mouvement 

La maturité numérique du secteur de la mobilité était encore faible avant la crise : les ventes indirectes ne représentaient que 5% du montant total des transactions alors qu’elles atteignaient déjà 60% dans des secteurs matures comme celui de l'hôtellerie ou de l’aérien. Ceci laissait entrevoir un potentiel important pour le développement de nouveaux services. 

Toutefois, l'abyssale chute des déplacements observés partout depuis le début de la crise (allant parfois jusqu’à 97% de baisse selon les chiffres du CityMapper Mobility Index) nous place, de fait, dans un contexte de “démobilité” : dans les grandes villes, les transports et taxis tournent presque à vide. Dans les territoires, la prégnance de l’auto-solisme et l’absence de touristes dépouillent les acteurs locaux de précieux flux de demandes.  

Pour faire face à cela, la complémentarité entre les offres de mobilité est devenue encore plus importante qu’elle ne l’était. Cette complémentarité n’allant pas de soi, il faut continuer d'œuvrer pour connecter les différentes offres et, comme cela existe déjà dans certaines agglomérations, créer des services numériques qui permettent aux consommateurs d’accéder à l’ensemble des offres présentes sur un territoire donné. 

Toutefois, générer de nouveaux flux de demande grâce aux services numériques suppose que l’on puisse accéder à ces services numériques. Or, la France faisait jusqu’ici face à un double problème : celui des zones blanches se superposait à celui des zones blanches de mobilité. Néanmoins, cette fin d’année 2020 a été marquée par les avancées du programme New Deal Mobile. Aujourd’hui, 96% du territoire est couvert en 4G et 76% du territoire est couvert par tous les opérateurs : grâce au numérique mobile, il est donc possible de déployer la mobilité servicielle partout. 

Accélérer dans les territoires 

Tandis que les dépenses de R&D et les investissements dans les innovations de rupture sont rationalisés face à la pression financière, c’est en digitalisant l’offre de mobilité existante que nous pouvons créer les conditions d’un cercle vertueux de croissance pour le secteur. Dans ce contexte, penser la mobilité servicielle en partant des territoires est fondamental. 

Aujourd’hui, la France ne compte que 66 initiatives MaaS sur 34 970 communes. Or, c’est là que les synergies entre les acteurs peuvent être créées le plus facilement possible : un faible nombre de services à intégrer et un territoire d’application circonscrit permettent de se focaliser sur le service rendu au citoyen. Prenons l’exemple des offres les plus répandues, celles de taxis et de transports publics : les connecter permettrait de favoriser la mobilité du premier et dernier kilomètre, d’inciter à l’usage des transports en commun et d’éviter le recours à la voiture personnelle. 

Les cas d’usages sont légion et se multiplient à mesure que l’on considère un nombre croissant de solutions de mobilités (vélos, bus à la demande, etc.). Si plusieurs agglomérations comme Saint-Etienne, Nantes ou Grenoble déploient déjà une offre de mobilité intégrée, il convient de travailler avec chacun des acteurs au plus près des territoires pour que cette dernière soit la plus vertueuse possible. À cette condition, la mobilité deviendra un véritable axe de création de valeur pour le territoire et préfigurera la construction des smart cities. Rétroactivement, le développement de ces villes intelligentes et connectées dirigera de nouveaux flux de demande vers les offres de mobilité digitalisées.

En intégrant les différentes offres disponibles, on instaure de facto de nouveaux services et de nouvelles habitudes chez les citoyens. Compte tenu de l’élargissement de la couverture 4G résultant du New Deal Mobile, la multiplication de ces services n’est plus une réalité lointaine mais bien un axe de développement à court terme. Les territoires qui s’engagent dans cette démarche de la mobilité servicielle sont sur la voie de l’innovation vertueuse : en connectant les acteurs locaux, on leur ouvre de nouveaux débouchés tout en permettant aux citoyens de bouger mieux.