Lars Danielson (Volvo Cars China) "Il y a une véritable guerre des talents en Chine"

Présent à Shanghai depuis le rachat de Volvo par Geely, le patron du constructeur suédois en Chine est enthousiaste lorsqu'il évoque ses projets industriels et son aventure personnelle.

photo
Lars Danielson, vice-president senior de Volvo Cars China Operations.. © Volvo

JDN. Qu'est-ce qui vous a surpris en arrivant en Chine il y a quatre ans ?

Lars Danielson. La différence majeure qui apparait en Chine réside dans le besoin de coopération avec le gouvernement local. C'est très différent de ce que j'ai vu en Europe. Les pouvoirs publics locaux chinois sont très impliqués pour développer leurs villes, faire croître leur industrie, générer de la croissance, avoir de meilleurs salaires... L'autre grande différence que je remarque, c'est que l'Europe traverse une période très difficile depuis 4 ou 5 ans. En Chine, les gens sont très optimistes. Tous ceux que je rencontre ont confiance dans le lendemain, pour eux, pour leur entreprise et pour la Chine. C'est une vraie différence avec l'Europe. Le dynamisme chinois est aussi assez unique. En 2010, notre entreprise comptait 150 personnes, uniquement pour la vente, nous en avons 4 000 aujourd'hui. Vous pouvez l'imaginer, mon séjour ici est intéressant !

"Les Chinois ont confiance dans le lendemain. C'est une vraie différence avec l'Europe"

Comment gérez-vous des équipes chinoises ?

Nous avons recruté 4 000 personnes, dont 1 500 "cols blancs". Ces derniers sont très jeunes -la moyenne d'âge est de 32 ans- et ils sont diplômés du supérieur à 90%. Ils ont rejoint Volvo parce qu'ils estimaient faire le bon choix et, bien entendu, nous devons leur démontrer que c'était le cas. Ils ont de grandes attentes dans la croissance de l'entreprise, mais aussi dans leur développement personnel.

La rétention des talents est un problème sensible en Chine. Quel est taux de turnover chez Volvo ?

Autour de 8%. Pour la Chine, c'est un taux très convenable car nous assistons à une guerre des talents. Nous recrutons des gens qui sont dans d'autres entreprises, mais nous perdons aussi des collaborateurs qui partent ailleurs. Cela fonctionne comme cela ici. Vous devez donc proposer un environnement de travail intéressant à vos salariés. Cela ne se résume pas à une question d'argent, il s'agit aussi de monter en compétences, de prendre part à une "success story".

"Vous devez démontrer votre honnêteté, votre intégrité, votre sincérité, votre respect des autres"

Quel conseil donneriez-vous à un Européen qui vient vivre en Chine ?

Vous devez évidemment avoir conscience des différences culturelles. La société chinoise est très différente de l'européenne : les valeurs familiales, l'école, l'entreprise... Il faut en avoir conscience et de pas être naïf. D'un autre côté, vous devez aussi rester vous-même, tout en montrant de l'intérêt et du respect pour les Chinois et leur culture. Vous devez démontrer votre honnêteté, votre intégrité, votre sincérité, votre respect des autres.

Au bout de 4 ans, quel regard portez-vous sur la Chine ?

D'un point de vue professionnel, c'est passionnant. La Chine reste unique, avec la croissance du secteur automobile et une culture intéressante à découvrir. La Chine a une longue histoire, elle a connu des périodes difficiles et est en train d'en sortir, de s'ouvrir aux réformes. Bien entendu, il reste de nombreuses choses à faire, d'autres qu'il faudrait faire différemment. Mais, pour nous qui venons de l'extérieur, il est très difficile de comprendre les énormes changements qui sont survenus dans ce pays depuis 40 ans.

La Suède ne vous manque-t-elle pas ?

Bien sûr que si ! Mes enfants me manquent, mes petits-enfants me manquent, la nature me manque... Mais il faut savoir peser le pour et le contre.