Le rapport d'étonnement, utile pour le salarié comme pour l'entreprise

Le rapport d'étonnement, utile pour le salarié comme pour l'entreprise Ce document, demandé aux stagiaires ou aux nouvelles recrues, offre un regard neuf sur l'entreprise.

Si les petits nouveaux en entreprise ne sont pas directement opérationnels, ils possèdent une qualité rare : un œil neuf. Avant que leur esprit ne soit modelé par la culture maison, ils posent un regard extérieur sur le fonctionnement de l'entreprise, ses méthodes, ses process...

Cette lucidité, c'est justement ce que tente de recueillir le rapport d'étonnement. A travers cet exercice, le nouveau salarié ou le stagiaire est invité à indiquer noir sur blanc ce qui le surprend, l'interroge, le questionne. Au manager, ensuite, d'en tirer ses propres conclusions. Mais pour que ce travail porte ses fruits, employeurs comme salariés doivent jouer le jeu.

Employeur : honnêteté, brièveté et célérité

Côté entreprise, l'honnêteté doit être de mise. Le manager qui sollicite l'avis de son stagiaire doit faire preuve d'une ouverture d'esprit qui lui permet de sortir de ses certitudes. Et d'accepter éventuellement de remettre en cause des traditions bien établies à partir des suggestions d'un "bleu".

Le rapport d'étonnement ne doit pas se transformer en rapport de stage ou en audit

La forme du document est assez souple et peut varier d'une entreprise à l'autre. Cela dit, en aucun cas le rapport d'étonnement ne doit se transformer en rapport de stage ou en audit. Concis et bref, il se concentre sur ce qui a sauté aux yeux de la jeune recrue et liste éventuellement ses suggestions.

Enfin, pour que la démarche soit fructueuse, il vaut mieux l'initier sans attendre. Rédiger un rapport d'étonnement plus de 3 mois après sa prise de poste perd de son intérêt : le conditionnement commence déjà à biaiser le regard.

Salarié : sincérité, humilité et habileté

Pour le jeune fraîchement recruté, le rapport d'étonnement ressemble à un piège dans lequel il se sent contraint de tomber. Trop critique, il fait preuve de condescendance. Trop enthousiaste, il ne démontre aucun regard critique. Dans tous les cas, il se tire une balle dans le pied.

Evidemment, tout est question de dosage et d'équilibre. Pour peu que la hiérarchie se montre honnête, l'auteur du rapport d'étonnement peut généralement faire preuve de franchise. Des procédures alambiquées, des méthodes de travail complexes, une communication insatisfaisante... tout cela peut être écrit. La sincérité constitue la qualité première d'un bon rapport d'étonnement.

Il est conseillé de noter ses remarques au fil de l'eau, dès le premier jour dans l'entreprise

Cela dit, comme souvent, c'est la forme du document qui se révèle déterminante, en particulier le ton adopté. Poser des questions, émettre des doutes ou soulever un problème restent bien accepté par le management, la DRH ou la direction générale. Critiquer froidement le fonctionnement d'une entreprise où l'on a mis les pieds pour la première fois quelques semaines avant, c'est faire preuve d'un cruel excès d'assurance. Et d'une totale inconscience qui peut conduire à une fin précipitée de la collaboration. La jeune recrue doit faire preuve d'un minimum de bon sens pour équilibrer son rapport avec des points faibles et des points forts.

Pour appuyer son propos sans verser dans le jugement de valeur, rien de tel que des observations factuelles. De ce point de vue, il est conseillé de noter ses remarques au fil de l'eau, dès le premier jour dans l'entreprise. Il ne faut pas non plus hésiter à solliciter les collègues pour les questionner. Si vous savez vous montrer habile, cette curiosité sera généralement portée à votre crédit.

Car, manié avec habileté, le rapport d'étonnement constitue un moyen efficace de se mettre en valeur, histoire de réussir sa période d'essai. En évitant les écueils classiques de la critique facile, de l'apologie inutile et de la naïveté confondante, le nouveau venu peut facilement gagner des points auprès de sa hiérarchie. Une bonne raison pour soigner son rapport d'étonnement.