La guerre de Bâle III n'aura pas lieu

La crise bancaire et financière qui ébranle aujourd'hui l'économie réelle démontre l'insuffisante régulation du système. De nouveaux accords internationaux doivent être conclus pour mieux encadrer les risques.

Force est de constater que malgré tous les efforts déployés par le G10 bancaire depuis les premiers accords de Bâle, toutes ces mesures s'avèrent inefficaces et ne règlent pas le problème de la gestion globale des risques. En effet, la banque Lehman Brothers n'était-elle pas cotée "AAA", la meilleure note que l'on puisse obtenir sur les risques, avant de connaître la plus grande déroute de ces dernières années.

Car si aujourd'hui le risque se matérialise par une crise financière mondiale qui fait peser le spectre du chaos sur l'économie réelle, avec l'accélération des flux due à  une informatisation toujours plus performante, qu'en est-il des autres risques ? Certains politiques, au sein même de la majorité, s'accordent à dire que ce sont les fondements du modèle capitaliste qui sont remis en cause. Et bien qu'il soit encore trop tôt pour tirer toutes les conclusions de cette crise, certains faits permettent d'ores et déjà de pouvoir apporter un certain nombre d'éléments de réponse.

Une chose est sûre, si rien ne change ce phénomène recommencera immanquablement. Alors, faut-il mettre à l'ordre du jour un nouveau Bâle III avec un durcissement et/ou renforcement des trois piliers ? Le modèle n'a-t-il pas montré récemment ses limites ? Peut-on faire confiance à une consanguinité du G10 qui n'apporte aucune ouverture sur le monde extérieur et pour lesquels la règle du secret est inscrite par défaut dans son ADN ? Peut-on attendre une solution du côté des auditeurs et commissaires aux comptes ?

Chose pour le moins étrange, tout comme dans l'affaire Enron et autres scandales financiers, les commissaires aux comptes pour la plupart appartenant aux Bigs 4 n'ont rien relevé, et pire, ils ont même tous signé les comptes financiers annuels de tous ces établissements bancaires. Leur méthode est-elle adaptée à la situation ou ont-ils trop à gagner ou à perdre dans cette affaire pour être totalement impartiaux ?

Alors que faut-il mettre en place pour apporter un début de solution ?

Ne serait-il pas possible qu'avec la publication du cours de la bourse, on y ajoute un nouvel indicateur de risque afin d'indiquer à tous les investisseurs quel est le niveau des risques potentiels dans cette entreprise ? Mais alors qui calculerait ce nouvel indicateur et comment ?

N'est-ce pas le moment de mettre en place un nouveau référentiel  préconisé par des experts indépendants et rémunérés par l'Etat (ou un organisme indépendant) afin que cet indicateur ne soit pas commandé et payé par la même entreprise ?

Tous les verrous mis en place aujourd'hui et contrôlés par les mêmes personnes ne donnent que des résultats catastrophiques. En effet, on imagine mal que les radars routiers soient contrôlés par les membres de la famille du conducteur. C'est pourtant bien ce qu'il se passe dans le domaine des risques bancaires. Alors arrêtons les frais car, in fine, ce sont les contribuables qui payent l'addition.  

L'Etat doit donc prendre des mesures drastiques afin d'amener les entreprises à faire face à leurs responsabilités.