L’entreprise connectée de demain fait sa mue digitale aujourd’hui. Etes-vous prêt ?

Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir sur la route de la transformation digitale car un nouveau paradigme ne peut être bâti avec d'anciennes catégories de pensée.

Dans un monde en évolution constante dont nous ne connaissons pas aujourd’hui les leaders de demain, les entreprises en réseau, agiles et digitales seront à la pointe du combat pour l’adaptation, la survie et le leadership.
Le contexte économique incertain et imprévisible leur impose d’être toujours davantage multiconnectées et ouvertes car l’univers digital crée constamment de nouvelles demandes et de nouveaux besoins qui engendrent à leur tour de nouveaux outils dont la mise en œuvre demande de nouvelles compétences et ceci dans une boucle sans fin ; savoir anticiper ce processus et s’y adapter devient aujourd’hui une compétence collective et individuelle indispensable au développement et à la croissance. Or, cette adaptation requiert cohérence, transversalité et collaboration. Et, l’actualité le démontre tous les jours, nombreux sont ceux qui ne sont pas prêts ou qui continuent à « ne pas y croire ».
Pour faire partie de l’aventure du futur il faut en effet comprendre que l’univers digital se structure autour des échanges, des conversations et de partage. La communication en est la colonne vertébrale. « Communication », terme générique qui subsume toutes les formes d’interactions entre tout type d’acteur et ce quels qu’en soient la forme, le canal ou l’objectif.
Cette communication digitalo-sociale [1] s’étend au-delà du marketing digital, car elle englobe toutes les dimensions de communication d’entreprise, autour des valeurs d’échange et de partage de la mutualisation, du réseau, de rapidité et de réactivité, des communautés et des groupes d’intérêt, des contenus créés, co-créés, et cogérés dans une culture du lien et de la relation, et non seulement du message qui  se confond avec la collaboration.
Dans ce contexte,  le travail individuel prend des formes très diversifiées, caractérisées par la coopération, la coopétition et le co-travail. Ces phénomènes conduisent à rénover ou à intégrer les outils dans une approche globale des processus et des flux d’information et passent par la re-conception du travail éclaté en un poste unifié comprenant tout ce dont un acteur peut avoir besoin pour être compétitif. L’efficacité de ces formes organisationnelles diversifiées implique leur cohérence et l’unification de la gouvernance, des règles, des droits et devoirs, des processus, des applications et des moyens de communication. Ce sont des enjeux clefs de performance collective qu’il serait dangereux de sous-estimer.
Or, les exemples de déconnection et de discontinuité sont légion : les réseaux sociaux internes sont utilisés séparément des autres moyens de communication, du réseau téléphonique et des outils collaboratifs, les outils de veille et d’intelligence économique ne sont pas connectés à une console d’engagement, à la plateforme collaborative ou à l’intranet ; les outils de digital marketing ne partagent pas leurs données avec les autres métiers et sont conçus indépendamment des plateformes collaboratives de gestion de contenus; le lien entre les différents canaux d’interaction avec le client restent manuels et incomplets, la vision à 360° encore bien rare, etc. Des solutions d’e-commerce ont été mises en production sans être alignées avec les points de vente physiques ou les autres canaux de communication ou de marketing existant dans l’entreprise. Trop d’entreprises pensent encore qu’un « saupoudrage digital » suffit pour changer d’époque.
Construire une vision commune pour et avec des métiers différents reste un chemin semé d’embûches, même si la majorité d’acteurs pense que la segmentation d’outils et des moyens n’est pas compatible avec l’efficacité d’une entreprise digitale. De nombreux obstacles culturels, organisationnels et techniques restent à franchir.
Il est évident que les changements décrits ci-dessus demandent une nouvelle façon d’aborder le métier, les processus et la transformation de l’organisation. Pour assurer cette évolution, tout doit être progressivement redéfini, en anticipant les changements d’envergure de l’entreprise et de la société dans son ensemble.
La révolution digitale affecte les métiers et chamboule les positions que certains croyaient pérennes. Ces processus sont déjà à l’œuvre depuis quelques années. Certains, comme les éditeurs de biens culturels tentent à tout prix de défendre les positions acquises alors que d’autres faisant face à d’importants bouleversements et à l’apparition d’acteurs encore inconnus et inexistants il y a peu, s’adaptent. C’est le cas des industries du tourisme et de l’hôtellerie, du commerce de détail, des transports et de bien d’autres.
L’économie digitale est fondée sur l’adaptation et l’invention, l’innovation ouverte et la co-création impliquant tous les acteurs deviennent donc des clefs de la réussite. La puissance de l’imagination humaine, sous-tendue par l’implication des employés dans le processus d’innovation démultiplié par des moyens technologiques, apporte la capacité d’adaptation au changement.
Les organisations pyramidales et fortement hiérarchisées devront évoluer vers davantage de transversalité et de réactivité. La culture d’entreprise doit prendre en compte les contraintes et les spécificités de l’économie digitale et de l’économie de la connaissance. Il est crucial dans ce contexte que les décideurs soient eux-mêmes conscients de l’importance des changements à l’œuvre et à même de comprendre et maîtriser la culture digitale et ses prolongements business.
Il reste de nombreux obstacles à franchir. Beaucoup d’entreprises restent « silotées », parfois la confiance manque, les entreprises internationales restent toujours contraintes par les barrières linguistiques et doivent arbitrer entre les intérêts divergents des métiers et des cultures. C’est pourquoi il ne suffit plus de dire que l’on va changer mais qu’il convient d’apprendre à changer ce qui est autrement plus difficile.

Un nouveau paradigme ne peut pas être construit avec des anciennes catégories de pensée

Le changement profond du monde qui nous attend demande pour l’affronter de l’audace, de l’ardeur et de la volonté de tous. Il commence par l’éducation et la formation des managers.
La révolution digitale et sociale se poursuit et de plus en plus d’entreprises la rejoignent, même tardivement, car rester au bord du chemin, c’est être condamné à un déclin certain.
 
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[1] A ne pas confondre avec la « communication sociale », notion née lors des travaux du concile Vatican II (1958) pour permettre à l'Église Catholique de proposer un concept différent de ceux de prosélytisme ou de  propagande