Gérer un manager en rivalité

Jaloux, anxieux, se sentant menacé par sa place et en insécurité face au regard des autres, votre boss ne vous laisse ni l’occasion d’évoluer professionnellement ni celui de développer vos potentiels. Pourquoi ? Il est en rivalité, se sentant menacé par les compétences de ceux qu’il gère.

Un vice très récurrent chez les « number two ou three » des entreprises qui visent le sommet. Les clefs pour gérer ces manageurs insécures
Nous sommes tous de potentiels anxieux et nous avons intégré, pour la plupart d’entre nous,  de manière plus ou moins flagrante, les places pour lesquelles la réussite sont limitées.  Loin de stimuler le sens de la compétition,  cela accentue la rivalité entre deux collègues, entre deux collaborateurs et parfois entre deux personnes dans un lien hiérarchique. Alors, lorsque votre manager vous « lead », et pour peu qu’il ait en lui de l’insécurité face à sa réussite et celle des autres, vous avez de grandes chances de tomber sur un boss qui veut tout sauf votre évolution. Problème, puisqu’il fait souvent le lien entre vous et la hiérarchie et que vos ambitions en dépendent.

Comment repérer ce type de personnalité ?

Votre manager veut souvent faire le travail à votre place, même s’il a lui-même beaucoup à faire. Il reprend souvent vos mails et s’arrange pour toujours être ‘‘en attaché’’.  Il ne vous laisse que peu la parole ou vous remet en question lors des réunions où les dirigeants sont présents. Il s’attribue souvent vos réussites lors de leur narration à un public quelconque ; il vous réprimande souvent sur des détails. Votre écriture, votre tenue, vos interventions….Il agit différemment selon qui il a en face de lui. Plus la personne est  compétente, plus il devient dur et cassant. Hommes et femmes, ces managers en position de rivaux sont de mauvais leaders qui attribueront souvent les échecs rencontrés à la compagnie, au stress ambiant, à un employé. Ils ne se remettront pas en question, pourtant au fond ils doutent beaucoup d’eux : voilà d’ou vient toute leurs problématiques.

Le bon positionnement

Une fois ces traits repéré(s); comprenez bien que votre manager, votre boss, ou votre directeur agit comme cela, avec vous, car il craint que vous ne le remplaciez, ou que l’on vous trouve plus compétent que lui. Il n’a pas forcément conscience qu’il agit ainsi et rationalise ses agissements : je dois être ferme, je suis le Boss, « il » ou « elle » travaille mieux comme ça…
Pour éviter que votre boss ne vous prenne en grippe, et parce que vous visez l’évolution, apprenez à avoir un positionnement qui sécurise votre manager tout en posant vos pions vers l’avancement. Tout d’abord, ne rentrez jamais dans des débats autour des procédures à faire car il en profitera sûrement pour assoir une autorité qu’il ne se sent pas avoir. En d’autres termes, lorsqu’il critique vos mails, vos productions, vos ventes, recevez les commentaires sereinement sans débattre tout en questionnant légèrement : «  Ah bon, tu voyais ça comme ça…? ».

Pourquoi vaut-il mieux éviter le rapport de force ?

Car plus vous répondrez à ces attaques plus il aura envie de vous prouver que  vous avez tort tout en prouvant aux observateurs qu’il a raison. De même pour les critiques liées à votre personne. Ne les laissez pas passer, mais n’argumentez pas. Votre manager vous dit qu ‘il n’apprécie pas votre manière de vous habiller ? Qu’il vous trouve une sale mine ? Il n’aime pas un de vos tics langagiers ? Levez un sourcil, étonnez-vous, souriez l’air pensif mais ne verbalisez pas votre agacement, ni justification.
Car là aussi, votre « boss rival » saura comment vous déstabiliser et c’est justement ce qu’il cherche : vous sentir chancelant pour se sentir bien debout. De manière générale, cassez les scénarios et ne répondez aux attaques qu’en manifestant un visage observateur qu’il ne pourra interpréter.

L’évolution professionnelle

Très dur d’évoluer avec un boss en position de rival car pour que vous évoluiez il faut qu’il évolue aussi, ou sinon il risque de se retrouver à un même stade que vous et c’est bien ça le problème pour lui, la source anxiogène qui le met en rivalité. Si effectivement vous visez son poste, ne lui en dites rien, mais poussez votre manager à viser plus haut ou faites-lui entendre que vous le sentez prêt pour accéder à un poste d’un niveau supérieur. Le but ? Qu’il sente chez vous un regard valorisant qui le sécurise, à défaut de s’appuyer sur ses réelles compétences. Si son poste ne vous intéresse pas, faites-le lui savoir, dites-le haut et fort mais mine de rien. Le message doit passer en subliminal et non comme une information à faire passer où votre manager risque tout de même de se sentir insécurisé par vos ambitions puisqu’elles sont autres.
De manière générale, et dans ces deux cas, trouvez un moyen d’être en lien direct avec l’échelon hiérarchique supérieur. Discuter de potentielles évolutions, rencontrer les dirigeants, évoquer des questionnements liés au travail et aux perspectives de formation, par exemple, sont de bonnes excuses. En revanche, n’y allez pas en profitant pour vous plaindre de tel ou tel collègue ou de telle ou telle procédure, ni pour parler d’un problème concret. Le but est de vous faire connaître et de donner à repérer votre potentiel et vos capacités.
Sachez que ce profil est très répandu car nous avons en nous de quoi nous comparer et souvent à nos dépens. Alors, si vous êtes vous-même en position de leader et que vous vous sentez parfois insécurisé par ceux que vous managez, faites la démarche inverse. Comprenez votre chemin, visualisez vos ambitions sans les corréler aux succès ou aux réussites des collègues et employés. La société nous a enseigné  une fausse donne. Non, il n’y a pas qu’un seul chemin qui mène à la réussite, ni qu’une seule place. Le cadre de toute réussite existe et se délimite en premier lieu par celui qui se le construit.