Au secours je ne me sens pas à la hauteur ! Avez-vous le syndrome de l’imposteur ?

Sensation de ne pas être à la hauteur, que nos lacunes vont finir par se voir : les cadres et dirigeants, victimes de ce syndrome, attribuent leur réussite à des variables extérieures comme la chance ou un contexte favorable et vivent dans l’angoisse que l’on découvre qu’ils ne sont pas « si bons ».

Profiter de ses potentiels devient alors complexe lorsque l’on est persuadé que l’on n’a pas mérité ce que l’on a.
Ce mal très répandu en entreprise  touche les cadres et dirigeants mais pas seulement.
Toute personne qui réussit et qui reçoit reconnaissance de ses pairs pour cette réussite peut tomber dans le syndrome de l’imposteur. Cette impossibilité à se sentir fier de ce que l’on a, maître de ce que l’on de ce que l’on construit.
La chance, le contexte, les réseaux sont des supports pour expliquer sa réussite. S’en suit alors l’angoisse que l’on découvre qu’ils ne sont pas à la hauteur, que les capacités qu’on leur prête sont fallacieuses. Ils ont l’impression de tromper leur monde. Ce syndrome s’apparente souvent à de la modestie, mais il n’en est rien car ceux qui en souffrent n’ont aucune conscience de leurs capacités et souffrent d’un manque d’estime d’eux- mêmes.

Quant l’estime de soi est manquante

 Si tout individu peut être touché par ce que l’on qualifie aujourd’hui du syndrome de l’imposteur, certains ont plus de chance d’en être touchés. Plusieurs variables entrent en jeu dans la construction de cette vision du monde et de soi qui nous pousse à ne nous sentir pas dignes de nos réussites.

Les perfectionnistes vulnérables sont les plus touchés

Ils ont en eux le goût du travail bien fait, mais la vulnérabilité face au jugement. Peu sûrs d’eux, ils se sentent facilement remis en question. Ils travaillent dur mais n’ont pas conscience du degré de reconnaissance que leur doit leur boite. Ils font de leur mieux, parfois bien plus que ce que l’on attend d’eux, sans réaliser leur mérite.
Les individus en position de minorité en souffrent aussi.  Par exemple, un francophone en milieu anglophone, qui maitrise pourtant la langue, mais se sent constamment remis en question par le niveau d’anglais qu’il perçoit des autres. Une femme siégeant parmi les hommes. Un homme de formation autodidacte entouré de diplômés.
Ceux qui n’ont pas eu le temps de sentir leur carrière démarrer, qui n’ont connu aucune difficulté mais se retrouvent au sommet. Leur carrière s’est développée trop vite pour que l’estime de soi suive et ils vivent dans un contant sentiment d’insécurité face à ce qu’on leur renvoie d’eux-mêmes. On leur parle de réussite, et c’est la peur de l’échec qui les envahit.
Des raisons contextuelles, profondes et bien enfouies dans la mémoire inconsciente de chacun, peut aussi servir de support au syndrome. Ceux qui ont grandi dans un contexte défavorisé et qui parviennent au sommet. Ceux qui observent le monde en se comparant sans cesse aux autres ou à ceux qu’ils admirent. Parents peu enclins à la valorisation de leurs enfants ou complexe d’infériorité construit au fils des évènements vécus comme des échecs. Il n’y a pas une variable au syndrome de l’imposteur, mais des variables qui façonnent une identité en insécurité profonde.

En souffrez-vous ?

Très difficile à détecter car souvent bien dissimulé par celui qui en souffre,  quelques signes peuvent vous indiquer que vous en souffrez, vous ou l’un de vos proches. Constant dénigrement de soi ou de ses réussites. L’individu attribuera toujours ses réussites à de la chance ou à de la facilité. Il travaille beaucoup et ne semble pas attendre une reconnaissance visible par les autres mais vit dans l’angoisse de ne pas être à la hauteur ou de ne pas réaliser son travail de manière productive. Il atteint toujours ses objectifs, mais vit dans la peur de ne pas toujours « y arriver ».
L’individu s’inquiète d’une promotion et de sa possibilité à y arriver, il ne reconnaît pas la possibilité à sa hiérarchie d’avoir vu en lui la réussite. Il se sent incompétent. Il use constamment de la stratégie de l’esquive en évitant soigneusement les moments ou il est en position d’expliquer ou de rendre des comptes sur son travail : meetings, Works shop, réunions. Il trouve un moyen de ne pas être présent. En position de dirigeant ou de cadre, il diffère toutes ses décisions ou prises de décision, pour les prendre souvent dans des moments ou il ne sera pas observé.

Conséquences

Crises d’angoisse, burnout, dépressions dans les cas les plus graves. Cette vision du monde et de soi pousse l’individu à des comportements d’auto- destruction, ou de sabotage de carrière. Par exemple, celui qui en souffre peut constamment refuser des promotions en se convaincant lui-même qu’il ne cherche pas l’évolution. Pourtant, le mécanisme à l’œuvre dans cette décision est, bel est bien, son impression de ne pas être compétent.
D’autres travaillent beaucoup plus que leurs collègues, adeptes des heures en plus et du travail fini à des horaires incongrus, sans pour autant demander une quelconque reconnaissance de leur travail. Intérieurement, ils travaillent dur pour compenser l’incompétence qu’ils se sentent avoir.
Autre stratégie mise en place : vivant avec la constante impression qu’ils vont échouer de par leur incompétence, ils sont volontairement dilettantes au travail pour rendre moins douloureux le possible échec qu’ils pensent sentir venir.
L’échec viendra alors du manque d’investissement et non de leur incompétence avéré. Certains démissionnent à chaque fois qu’ils doivent faire face à de nouvelles responsabilités. Plus grave encore, la mise en échec de leur propre réussite. Cette forme d’autodestruction pousse l’individu, qui ne se sent pas à la hauteur, à se mettre en position de sabotage professionnel : fautes d’inattention, de procédure, liée au relationnel… ils multiplient les actes visant à réellement les discréditer au yeux de l’entourage professionnel.
Peu ont conscience du problème puisque persuadés qu’il sont réellement incompétents ou peu à la hauteur. Si vous vous reconnaissez dans ce tableau, faites un travail sur vous-même. Chaque jour, notez trois faits dont vous vous êtes senti dans une forme de réussite sur vous-même ou dans votre travail.
Ne vous fiez pas à votre ressenti, il est traitre. Il n’est pas le reflet de la réalité mais d’une vision décalé et en souffrance. Dans chaque situation où vous analysez que c’est la chance qui a produit le succès ou tout autre élément extérieur à vous, cherchez trois autres éléments totalement liés à votre personne ou à vos capacités qui ont permis la réussite.
Obligez-vous à observer le monde professionnel tel qu’il est : personne ne vous fait de cadeau et le profit est la première variable. Vous avez donc été embauché sur vos acquis, vous avez réussi votre diplôme grâce à votre travail et vos employés, ou votre hiérarchie, travaillent avec vous parce que votre construction d’itinéraire vous a permis d’y accéder. On est le premier écrivain de sa vie professionnelle, la plume c’est vous qui la tenez et nul n’a le pouvoir de tracer votre réussite à vous. Sentez-vous maître de ce que vous avez.