Cultiver le rebelle qui est chez vous

Le rebelle ne se contente pas de ronchonner, il engrange des idées appréciables sur la route à venir.

Au Texas, à l’époque des pâturages, les éleveurs marquaient leur troupeau pour repérer leur propriétaire. Tous, à l’exception de Samuel Maverick qui, parce que son ranch était situé sur une ile, refusait d’agir de la sorte. Une bête non marquée est vite devenue un « Maverick », terme que le dictionnaire définit comme un être « indépendant en pensées et actions ou affichant ce type d’indépendance. » bref, un rebelle.
John F. Kennedy s’est fourvoyé dans la débâcle de « la baie des cochons »(17 avril 1961) parce qu’aucun membre de son équipe n’a pris la peine de s’exprimer. Trois mois après son investiture, le soutien apporté par Kennedy à 1300 exilés cubains en exil soutenus par la CIA l’a mis dans l’embarras. Il a été désavoué par l’armée parce que les rebelles de son équipe sont restés silencieux. Par la suite, Kennedy a décidé de désigner à toute réunion de cabinet quelqu’un dont le rôle était de remettre en question les décisions prises. La personne désignée était l’individu le plus compétent dans ce domaine.

In Search of Excellence est le livre de management le mieux vendu de tous les temps. Environ 15 millions d’exemplaires ont été vendus à ce jour. Peters et Waterman attribuent l’excellence une poignée de qualités y compris « celles initiées par les valeurs ». Parmi les organisations qui se démarquaient à cet égard, ils citaient IBM, louée pour son « respect des individus. »
Dans les années 1980, IBM a prouvé qu’insister trop lourdement pour que chacun soit identique limite grandement la pensée créative.
L’adage qui voulait qu’on reconnaisse quelqu’un de chez IBM à trente mètres dans n’importe quel aéroport du monde était clairement très apprécié de ceux qui pensaient que le client mérite partout le même service, ou qu’il se trouve dans le monde. Dans un même temps, la gêne d’IBM vis-à-vis d’une certaine ambiguïté fait rater au plus gros fabricant de puces électroniques, plus gros constructeur informatique et plus grosse entreprise logicielle du monde non seulement la révolution de la puce électronique mais aussi la révolution PC et l’évolution logicielle. Pire encore, nombre des concurrents les plus féroces d’IBM se sont retrouvés dirigés par ceux qui avaient précisément quitté l’entreprise parce qu’ils étaient des rebelles qui n’y trouvaient plus leur place, dont SAP, EDS.

De toute évidence, aucun chef d’équipe ne veut une équipe constituée uniquement de rebelles

De même, il est tout aussi essentiel de savoir distinguer un rebelle de quelqu’un qui ne fait que se plaindre (un râleur). Heureusement, il est facile de faire la différence. Le rebelle ne se contente pas de ronchonner, il engrange des idées appréciables sur la route à venir. Cultivez le rebelle, et confrontez le pleurnicheur aux dures réalités du marché de l’emploi.
Pour l’organisation, les individus qui s’élèvent contre le système sont les porteurs des graines du changement. Si tous les membres de l’équipe agissent et entendent la même chose, la plupart d’entre eux sont de fait inutiles. A contrario, la personne qui vient bousculer les autres et refuse d’emprunter systématiquement le même chemin est peut-être la personne la plus précieuse de l’entreprise.

Si vous souhaitez que les choses soient exactement comme elles ont toujours été, assurez-vous que chaque membre de l’équipe est un clone des autres. Si vous souhaitez au contraire éviter de vous retrouver piégé dans l’état d’esprit d’hier, épaulez-vous du membre de l’équipe qui aime secouer l’ordre établi. Et si votre équipe ne compte aucun vrai rebelle, faites comme JFK, demandez à quelqu’un d’endosser ce rôle.
  • « En voyageant vers l’avant à la vitesse de la lumière, les images nous permettent de nous entrainer et de savoir à quoi ressemble un avenir prospère ».
  • « Si vous souhaitez que les choses soient exactement comme elles ont toujours été, assurez-vous que chaque membre de l’équipe est un clone des autres. »