Stop à la projection

La projection est à l’origine de nombreuses erreurs d’analyse de situation. Ce mécanisme psychique courant ne nous confronte pas à la réalité mais à nos propres peurs et angoisses, à nos émotions que nous projetons sur autrui, sur une situation ou sur un objet extérieur.

Au cours de nos articles, nous avons souvent abordé la perception et son impact dans la réalité que nous nous créons au jour le jour.  Nos perceptions créent une certaine forme de réalité. A l’œuvre dans la création de cette réalité, il y a ce mécanisme psychique bien courant qu’est la projection.
D’après la théorie freudienne de l’Inconscient, la projection est un mécanisme psychique de déplacement de ses propres émotions sur un objet, une situation ou
une personne extérieure. En somme et de manière très simplifiée, lorsque vous ne vous sentez pas à la hauteur et que vous pensez que c’est ce que telle ou telle personne pense de vous, ou lorsque vous ressentez qu’autrui vous abandonne parce qu’en vous résonne cette angoisse originelle, vous avez de grandes chances d’être du côté de la projection.

 

Qu’est-ce qu’un mécanisme psychique ?

 

Nous sommes des êtres faits d’émotion. Tissés de vécu, d’expérience et de conditionnement. Un chemin qui nous a construit. Intérieurement dans vos raisonnements, vous avez à l’œuvre des mécanismes psychiques. Ces mécanismes, de manière plus ou moins inconsciente, structurent votre raisonnement. Ainsi, vos pensées sont parfois sous-tendues par vos problématiques intérieures. Il y a plus de vous que de la réalité dans ce que vous croyez percevoir autour de vous, en vous, dans une situation donnée.

 

Ainsi, déceler ce qui est de l’ordre de la projection dans votre vécu quotidien vous aidera à ne pas vous tromper dans l’analyse d’une situation. Mais aussi vous permettra d’être plus serein face à autrui et aux angoisses que la situation peut susciter en vous.

Vous n’échapperez pas à vos mécanismes mais, avec patience, vous pourrez apprendre à les repérer et à comprendre qu’il se passe quelque chose en vous et non pas dans la situation qui vous pose problème.

 

Revenons de manière  plus précise sur la projection. Théorisée par Sigmund Freud comme un mécanisme de défense, elle désigne une opération mentale, la plupart du temps inconsciente, par laquelle une personne déplace sur quelqu’un d’autre ses propres sentiments. Le but ? Se défaire d’une situation émotionnelle difficile ou problématique. Il s’agit la plupart du temps de sentiments perçus comme négatifs. Nous sommes tous concernés, car par définition l’autre porte toujours en lui notre premier miroir.

     

La projection vous reflète vos peurs

 

Ainsi lorsque votre boss par exemple, un homme silencieux et difficile, ne vous salue pas et que vous spéculez du côté de l’affectif  - « Il ne vous aime pas », ou il pense « que vous êtes nul », « qu’il veut vous virer »  -  vous êtes probablement en train de projeter votre propre insécurité sur lui. Que vous pensiez qu’il veut vous virer, ou qu’il vous rejette n’est que la pointe de l’iceberg. Des mots qui vous donnent des indices sur votre problématique intérieure à vous. Et si l’on creuse on retrouverait sûrement les grandes problématiques des êtres humains : le doute quant à soi, la peur du rejet, de l’abandon, des murmures qui proviennent de l’enfance, ou de nos regards face à la vie.

 

Vous pourriez aussi avoir affaire à un manager qui vous parle sans cesse de votre « manque d’implication », ou de « vos difficultés relationnelles », alors que vous effectuez bien votre travail. Une des hypothèses à ce comportement peut être la projection. Pour une raison ou pour une autre, qui a à voir avec le fil de vie de votre manager, il voit en vous le négatif qu’il craint.

 

La projection est aussi à l’œuvre  dans nos environnements affectifs. Lorsque vous avez l’impression que cet autre à côté de vous pense « qu’il ne vous aime pas », « n’a pas envie d’être avec vous », c’est encore et toujours cette même pointe de l’iceberg qui vous renvoie à vos propres problématiques à vous. Et, lorsque vous répondez ou réagissez à partir de ces sensations, vous rendez l’autre porteur de votre propre souffrance ou faille. Vous le perdez de vue et vous en faites votre miroir. C’est de cette manière que l’on passe souvent à côté d’une histoire d’amour, d’amitié, ou tout simplement du relationnel qui pourrait être sain.

 

Quant l’autre projette

 

Dans votre vie, vous aurez sûrement affaire à des gens qui projettent tout comme vous le faites vous aussi. Sachez en avoir conscience afin de ne pas vous-même devenir miroir déformant d’autrui. Ainsi, lorsque dans vos environnements respectifs, professionnels ou affectifs, ou les deux à la fois, vous aurez affaire à des individus qui vous renvoient ou vous accusent de penser telle ou telle chose de négatif sur eux, sachez être lucide sur la situation et sur vous-même.

 

Êtes-vous sûr, en premier lieu, de ne pas avoir ressenti ou pensé ce que la personne vous déclare avoir perçu en vous ? Si la réponse est oui, alors sachez entendre l’autre tout en ayant à l’esprit qu’il est peut-être en train de vous renvoyer ses propres problématiques de vie et que pour l’apaiser il suffit de ne rien valider, en restant soi, ferme, et en ce sens rassurant. Cela se vérifie, que vous soyez manager ou employé, cadre ou leader, époux ou épouse, amis... parfois ce que l’autre voit en vous est plus lié à ses peurs et failles à lui qu’à la réalité d’une situation. Et la pointe de l’iceberg comme nous vous l’expliquions plus haut, peut créer des comportements négatifs comme la colère, l’agressivité, la distance, ou tout simplement des reproches et des mots durs.

 

Être Homme parmi les Hommes, être professionnel parmi les professionnels, être Homme d’émotion et d’affectif passe par la prise en compte de ses propres mécanismes comme de ceux d’autrui afin de ne pas se tromper et de ne pas fonder une relation sur des doutes, des failles ou des illusions mais de la fonder sur la confiance et la prise en compte que nous avons tous eu des chemins différents.

 

Et, définitivement, vous ne pouvez pas savoir ou comprendre ou interpréter à cent pour cent les comportements d’autrui. Il y aura toujours une hypothèse contraire, une variable X. Laissez la place au point d’interrogation et sachez raisonner sur votre visée et vos finalités et non pas dans le prisme de vos craintes et douleurs ou de celles des autres.