TPE et transformation digitale : le futur sera relationnel !

Désintermédiation et accélération de la concurrence : deux tendances symptomatiques des rapports de force induits par la révolution numérique. Une révolution qui focalise plus que jamais l’attention des entreprises.

Pour les entreprises, la transformation digitale est semblable à une pièce de monnaie. Côté pile, elle y voient une formidable opportunité d’innover. Côté face, elles sont effrayées par le risque de voir leurs marchés ébranlés par de nouveaux acteurs issus de l’économie numérique, capables de remettre en cause les fondements de leurs business modèles.

Le retard digital des TPE

Les 3 millions de TPE françaises, dont plus d’un tiers sont des artisans, apparaissent au mieux démunies, au pire terrifiées par les mutations qui s’annoncent. Plus de la moitié d'entre elle n'est même pas présente sur le web. Au contraire, les entreprises de plus grande taille (ETI et pour partie PME), ont fait de leur transformation digitale le "Graal" à atteindre.

Une conjoncture propice à l'innovation

Les TPE françaises sont pourtant en première ligne, particulièrement les microentreprises artisanales. Tout d’abord parce qu’Internet, en modifiant leur rapport à l’apprentissage et à la formation, lève des barrières d’accès aux métiers les plus techniques. Enfin car l’émergence de plateformes de mise en relation entre particuliers, créateurs de produits ou fournisseurs de services ouvre à la fois les marchés à une nouvelle génération d’entrepreneurs et à des particuliers en quête de revenus additionnels.

On pense par exemple au succès d’Etsy.com, qui fête déjà ses 10 ans, et bien évidemment à UberPop, qui concerne directement les artisans taxis. On assiste ainsi à un bouleversement majeur pour les TPE artisanales : celui du passage d’un marché professionnalisé à un marché ouvert au plus grand nombre, porté notamment par des passionnés. Le numérique induit désormais des nouveaux critères de succès : plus que l’expertise, il faut être capable d’entrer en relation et d’interagir avec ses publics, de proposer une offre de services originale et qualitative et d’inscrire son action dans une culture du résultat.

S'équiper et se former

Pour relever ces défis, les TPE ont la nécessité de s’équiper opérationnellement,  mais aussi conceptuellement. Une récente étude IDC / Microsoft parue à l’occasion du salon de la microentreprise montre que les dirigeants de TPE sont conscients de l’intérêt et de l’apport du numérique dans leurs activités au quotidien : 68% d’entre eux estiment ainsi que les solutions numériques doivent contribuer à accroître la productivité de leur organisation. 78% considèrent même que le numérique fait évoluer le modèle économique de l’entreprise. Une autre étude (Digital IQ, 2014 PWC) nous indique toutefois que seulement 20% des dirigeants se déclarent compétents sur le sujet. Convaincus, donc… mais pas tout à fait prêts !

Dans ce contexte, il est impératif que les TPE et leurs dirigeants puissent être formés aux enjeux du numérique et à ses implications dans la gestion de leurs relations avec les clients. Au-delà de leur simple présence sur le web, il s’agit pour eux de comprendre et de se servir des phénomènes de "bouche-à-oreille digitaux" pour développer leurs activités. C’est-à-dire être en capacité de maîtriser ou d’être présent sur les espaces où naissent les recommandations et les mises en relation (médias sociaux, plateformes d’intermédiation,…) : en résumé, faire de l’intelligence relationnelle appliquée au digital un levier d’acquisition et de fidélisation…

Enfin, il leur est maintenant indispensable de saisir les potentiels d’innovation de services offerts par le numérique. Carte de fidélité dématérialisée pour les commerçants, outils de gestion des ordonnances pour les pharmaciens, applications mobiles permettant d’envoyer des photos de son sinistre à son carrossier… autant d’exemples qui illustrent, à condition qu’elles se mettent en ordre de marche, la capacité des TPE à aller chercher de la croissance à travers l'innovation. Et pourquoi pas, de stimuler les grandes entreprises en les challengeant sur leur propre terrain !