Entreprises, osez le slow management

Le slow management est une technique qui a le vent en poupe. Elle permet d'augmenter la productivité et le bien-être au travail.

La semaine dernière un directeur brillant d’une grande entreprise internationale me posait la question suivante : "A ton avis, à quel moment mon engagement personnel sera-t-il suffisant pour ma société ?"

Ma réponse fut un peu facile : "Jamais, car l’entreprise est insatiable et ambitieuse. Je pense que la question n’est peut-être pas tout à fait la bonne". 

En effet, dans toutes les sociétés, la pression est telle que la vraie question aurait due être "Quand est-ce que je reprends plaisir à bosser ?".

Le plus vite est l'ennemi du mieux

Sans jugement de valeur, ce que nous appelons aujourd’hui le fast management qui prône le "toujours plus" et le "toujours plus vite" dans un monde qui lui aussi s’accélère de manière exponentielle ; accélération des productions pour répondre à des modes de consommation toujours plus éphémères, réduction des délais de livraison allant jusqu’au ridicule et impactant pour l’environnement (h+1, mais pour quoi faire ?) ou un besoin d’innovation permanent pour rester tendance… Mais quel gâchis d’énergie et quel stress pour les collaborateurs qui doivent supporter cette course effrénée à tout prix et souvent dans un mouvement brownien proche du chaos.

Donner du temps au temps

Partout dans le monde, un mouvement marche à contre courant et prône le "Slow", tout d’abord le "slow food" pour répondre aux méfaits du "fast food", puis plus récemment le slow management qui milite pour changer la donne et propose des méthodes de management très différentes de celles actuellement appliquées dans la plupart des entreprises et ce, sans pour autant remettre en cause le principe de performance et d’innovation.

Le fast management trouve ses limites de plus en plus prégnantes avec l’accroissement du mauvais stress, du mal être et des burnout touchant directement les populations dévouées à leur entreprise et souvent très engagées personnellement. La réponse du gouvernement et des entreprises ? La mise en place de formations à la gestion des risques psycho-sociaux… que dire ? A part reconnaître une certaine pertinence dans le modèle, on est à côté de la plaque. 

Plutôt que de gérer les conséquences, ne peut-on pas revenir sur les causes racines et les traiter ?

Slow is healthy : Perdre du temps pour accélérer la performance pérenne des équipes et de l’entreprise mène à de biens meilleurs résultats court et long terme.

Slow is efficient : Se poser et utiliser l’intelligence collective pour trouver les solutions pérennes et efficaces menant au fameux « bien du premier coup » qui permet un gain de temps et d'argent évident comparé à des décisions monocéphale à l'emporte pièce qui mènent souvent au refus silencieux des équipes et à l'abandon progressif de la nouveauté au profit de l'ancien mode de fonctionnement.

Slow is trusty : Une équipe sincèrement sollicitée pour les décisions métier ou d’entreprise devient rapidement génératrice de progrès et de réussite

Slow is faster : Obtenir des solutions réfléchies, co-construites et pérennes accélère le développement des entreprises bien plus sûrement que des choix descendant d’un expert, aussi bon soit-il.

Comment mettre en place le slow management ?

La vie d’équipe : pourquoi tant d’email ? pourquoi ces réunionites excessives ? à quoi sert le reporting ? quelle est notre mesure du plaisir au travail ?

La confiance : Comment impliquer et donner un rôle à chacun pour construire ? Comment donner le droit à l’erreur ? Comment assurer le dialogue ascendant et descendant ?

La collaboration : Comment co-développer ? comment transformer ? comment innover ensemble ?

L’engagement : Comment embarquer l’équipe dans une dynamique de proposition et de résultats ?

La responsabilité : comment passer du « dire ce que nous allons faire à "faire ce que nous avons dit" tout en donnant le droit à l’erreur

La performance : comment amener l’efficience des processus sans pour autant pressuriser "négativement" l’équipe ?

Rien de compliqué en soi. Mais quand commençons-nous ?

J’aimerais conclure par une phrase de Steve Jobs : "Cela n’a aucun sens de recruter des gens intelligents puis de leur dire ce qu’ils doivent faire ? Nous engageons des gens pour qu’ils nous disent ce qu’il faut faire…"