Pourquoi faites-vous encore venir vos collaborateurs au bureau ?

Aussi étonnante qu’elle puisse paraître, la question mérite d’être posée. Qu’est-ce qui, à l’heure des mails, et du cloud justifie encore que vos salariés, chaque matin, se lèvent pour venir travailler ?

Les technologies se développant, les outils ne sont plus un frein au travail nomade. Quant aux collaborateurs, ils sont de plus en plus nombreux à le plébisciter. Pourquoi alors seuls 20% des salariés bénéficient du télétravail actuellement ? Parce que nos entreprises hésitent encore à franchir le cap, coincées entre peurs culturelles et freins organisationnels.

Dans la réalité, faute de directives claires, les initiatives sont souvent laissées à la discrétion des managers. Selon une étude BVA publiée en février dernier, l’informel pèserait pour 65% du télétravail en France. Frantz Gault, expert du télétravail chez LBMG, explique : « Le risque du télétravail informel tient au fait qu’il s’agit d’un télétravail accordé au détour d’un couloir. Dans la pratique, cela peut signifier un accès peu équitable au télétravail, qui se fait selon l’humeur du chef et la tête du client. »

Comment alors éviter de telles dérives ? La première réponse tient dans la volonté des dirigeants, qui ne peuvent plus faire l’impasse sur l’enjeu stratégique que représente l’encadrement des pratiques du travail à distance. Ces réflexions sont souvent lancées à des moments de vie particuliers des entreprises : un déménagement en banlieue, la concentration de plusieurs filiales sur un même site… Cela peut venir de contraintes extérieures : par exemple, la fermeture des stations parisiennes du RER A cet été pourra être l’occasion d’expérimenter le travail nomade sur une durée courte et peu engageante.

Parmi les arguments les plus opposés par les réfractaires, on entend souvent la crainte d’une perte de productivité des salariés. C’est pourtant tout l’inverse que l’on constate, nous en faisons tous les jours l’expérience avec de grandes entreprises comme le Crédit Agricole, Total ou EDF. "D'après les enquêtes que nous réalisons en entreprise, poursuit Frantz Gault, seuls 1% des télétravailleurs, et 3% de leurs managers, témoignent d'une baisse de productivité en télétravail".


Pour assurer une qualité de travail optimale à ses collaborateurs, une option de plus en plus adoptée est le "tiers-lieu de travail", ou "espace de travail intermédiaire" entre le bureau et le domicile. Espace de coworking, centres d’affaires et télé-centres sont autant de possibilités nouvelles offertes à ces salariés mobiles et connectés. Ils sont particulièrement plébiscités par les salariés comme lieux alternatifs au travail à domicile ou comme lieu de regroupement, ou de travail ponctuel entre deux rendez-vous par exemple. Ces espaces de travail connaissent d’ailleurs un succès grandissant en France. En moyenne, deux nouveaux espaces voient le jour chaque semaine, et Paris figure parmi les 3 villes mondiales les plus dynamiques sur le sujet derrière New-York et Barcelone !

 

Et le siège de l’entreprise, que va-t-il devenir si les salariés n’y viennent plus ? Tout d’abord, les salariés ne déserteront jamais complètement leurs bureaux. Les statistiques montrent que la majorité d’entre eux sont à l’aise avec seulement une à deux journées de télétravail par semaine. Mais si les salariés se consacrent aux tâches de fond lorsqu’ils sont en tiers-lieu, on peut imaginer que le siège prendra une nouvelle fonction. Il deviendra un "hub collaboratif" où les collaborateurs se rendront d’abord pour discuter des projets en cours, se rencontrer, brainstormer, privilégier le contact humain. Et ces espaces sont aujourd’hui de plus en plus conçus avec les salariés, en s’inspirant des pratiques des espaces de coworking, qui sont avant tout des lieux de vie et de co-construction de communautés d’utilisateurs. C’est donc une équation globale que doit aujourd’hui penser l’entreprise : bureaux ("hub collaboratif"), tiers-lieux et domicile seront les lieux de travail du salarié connecté.


La transformation du travail est en marche, et le travail nomade des salariés en sera l’un des leviers. L’INSEE estime à 35% le chiffre de salariés qui travailleront à distance en 2020. Alors, êtes-vous prêt à franchir le cap du travail nomade ?