Monde du travail : l'avenir appartient aux freelances

Notre siècle n'est plus à l'ère de l'organisation pyramidale et du taylorisme. Pour tirer leur épingle du jeu, les entreprises doivent miser sur l'agilité et l'innovation permanente. Une aubaine pour les travailleurs indépendants.

Les plateformes révolutionnent la manière dont les consommateurs accèdent aux biens ou services courants. Toutefois, elles ne constituent qu’une partie d’une révolution bien plus vaste qui va elle bouleverser la structure même des entreprises, les modes de travail et les relations entre fournisseurs et clients tels que nous les connaissons actuellement. La mutation des structures pyramidales et l’avènement des structures en réseau, est bel et bien le nouvel ADN des leaders de demain.

Depuis l’introduction de l’informatique dans notre vie quotidienne dans les années 1980, nous sommes entrés dans une ère post-industrielle dans laquelle la clé de la prospérité est la connaissance. En 2006, Alvin et Heidi Toffler l’évoquent dans leur ouvrage « La Richesse Révolutionnaire ». Je ne peux que le conseiller. Ce livre a été à l’origine de la création de ma propre entreprise.  L’essor des technologies de communication ces 10 dernières années, qui nous permettent désormais d’avoir accès en permanence à l’information, a accéléré le phénomène.

Dans une ère où la connaissance devient LA ressource clé, les entreprises qui marcheront demain seront celles capables de repenser leurs modèles d’organisation et de management bien loin des modèles de management productivistes : plus de transversalité, plus d’agilité, et surtout une capacité à s’entourer de savoir-faire de plus en plus nombreux "hors-les-murs" : petites entreprises, jeunes startups, freelances qui ont des connaissances indispensables pour innover et rester dans le jeu. Elles seront capables d’associer le temps d’un projet, les bons experts qui sauront mettre rapidement (de plus en plus rapidement même) sur le marché, le produit ou le service innovant ;

Ces modèles de management (structures projets, équipes pluridisciplinaires faisant appel à la sous-traitance, management transversal) ont été initiés par l’industrie aéronautique et automobile à la fin du siècle dernier. D’ailleurs les leaders de ces secteurs sont ceux qui ont alors réussi à faire évoluer leurs modèles de management et sont parvenus à mettre sur le marché des produits innovants avec l’aide de sous-traitants maitrisant des savoir-faire clés.

Dans un ère où la connaissance devient LA ressource clé, un autre phénomène change également la donne : l’évolution des aspirations de ceux qui ont un savoir-faire et qui peut être monétisable. Ces derniers quittent les structures traditionnelles pour davantage d’autonomie et donner du sens à leur travail ; ils finissent par se mettre à leur compte et vendent leurs services à leurs anciens clients ou à leur précédente entreprise. Contrairement à une idée reçue, ce phénomène n’est plus l’apanage des pays anglo-saxons. Quand Alvin Toffler parle des Etats-Unis comme "Free Agent Nation" parce qu’il y a plus de freelances que de syndiqués dans l’industrie, il en parle en 2006. Or une étude publiée en octobre 2016 sur le travail indépendant affirme qu’il y a en France près de 4 millions de personnes "Free Agents" ! c’est-à-dire que 4 millions de personnes sont indépendantes par choix et envisagent de continuer à l’être dans le futur. Ce phénomène n’est pas l’apanage non plus des jeunes générations, il touche toutes les tranches d’âges et l’environnement législatif à venir en France contribuera certainement à susciter davantage de vocations.

Les plateformes B-to-B "business to business", qui proposent de mettre en relation les experts et les entreprises qui ont besoin de leurs services, ont un bel avenir. Elles sont d’ailleurs de plus en plus nombreuses et cela touche tous les secteurs. Aux entreprises désormais de choisir les bonnes plateformes : celles qui leur permettent certes d’avoir une réponse rapide à leur demande mais avant tout celles qui sont capables de leur apporter les meilleurs experts et de manière pérenne. 

Or les meilleurs experts (sont comme les bons artisans) ils sont très demandés et sont souvent peu disponibles ; ils n’ont d’ailleurs pas besoin de plateformes pour trouver leurs clients. C’est là, la recette des bonnes plateformes : sélectionner et fédérer les bons experts avec un modèle créateur de valeur pour les clients, mais aussi pour les experts et des processus qui garantissent la qualité des services rendus. A bien y réfléchir, cela ressemble fortement aux bonnes recettes des réseaux de franchise qui ont fleuri il y a 50 ans. Les leaders de demain devront s’entourer de ces réseaux, voire devront transformer une partie de leur propre organisation en réseau pour empêcher la fuite des experts vers leurs concurrents ou d’autres réseaux.