Osons créer un ministère du Futur

Intelligence Artificielle, machine Learning, bots ou blockchain s’invitent inéluctablement dans les organisations modernes, Pour s'adapter, une piste originale mériterait d'être essayée.

L’émergence de métiers nouveaux a toujours caractérisé les révolutions industrielles, entraînant l’adoption de nouveaux usages technologiques, et la création de nouveaux métiers.

Alors que nous vivons ce qu’il est convenu d’appeler la 4ème Révolution industrielle, aligner les compétences de nos ressources humaines aux technologies de rupture est devenu aujourd’hui crucial pour la pérennité des organisations. De cet alignement dépend à présent la performance d’une entreprise.

Un basculement capital s’opère de nos jours à travers un paradigme économique inédit qui associe pour la première fois dans l’histoire, les ressources humaines et l’intelligence artificielle. La combinaison homme-machine se déploie et est sans précédent. Jusqu’où nos métiers seront-ils impactés ? Comment anticiper l’évolution de notre travail et suivre le rythme ? Ces questions, de nombreux salariés se les posent.

Près de 40 % des 10 000 personnes interrogées dans le cadre de notre étude "Workforce of the future" se déclarent inquiètes quant aux conséquences de l’automatisation sur les métiers, alors qu’elles n’étaient qu’un tiers en 2014.

74 % des répondants de cette même étude se déclarent prêts à apprendre de nouvelles compétences ou à les mettre à jour pour conserver leur employabilité, et près de deux tiers d’entre eux estiment que peu de personnes auront un emploi stable et de long terme dans le futur.

Valoriser les Soft skills

Ce qui caractérise notre époque, au-delà de la création et la pérennisation de nouveaux métiers, c’est le rythme auquel se succèdent les innovations et la rapidité d’adaptation nécessaire des ressources humaines de l’entreprise.

Ainsi, la caractéristique essentielle du salarié et du travailleur indépendant de demain sera avant tout l’adaptabilité. Des compétences métier, digitales en particulier, s’avèrent incontournables pour anticiper les évolutions technologiques. Mais ces compétences ne seront rien sans la créativité, l’intelligence émotionnelle, l’imagination, etc. C’est en réunissant les deux types de facultés et en faisant dialoguer les disciplines les plus diverses que nous pourrons tirer le meilleur parti des évolutions à l’œuvre.

En ce sens, repenser l’interface entre l’intelligence des hommes et les machines dites intelligentes   permettrait de démultiplier nos capacités, d’élargir le champ des possibles et de trouver des réponses à des situations ou des problèmes complexes. Par exemple, la blockchain pourrait transformer les métiers de l’audit en donnant accès aux opérations comptables en temps réel et non plus a posteriori, et en permettant de reconstituer des chaînes de transactions pour mieux cibler les fraudes. En alliant les nouvelles possibilités permises par la blockchain et l’esprit d’analyse des hommes, ces derniers gagnent en efficacité, précision, compréhension et rapidité.

Analyser les effets dans le temps : vers un ministère du Futur ?

Force est de constater que la technologie représente un élément de réponse essentiel aux défis complexes à venir, comme le vieillissement de la population ou les questions environnementales.

Or la question du travail, de la démographie ou de l’environnement, sont des enjeux qui par nature s’inscrivent dans le long terme. Dans ce cadre, il apparait important d’analyser les effets dans le temps de l’automatisation sur les métiers et d’inscrire une réflexion prospective au cœur de l’action publique et privée. La Suède et la Corée du Sud, par exemple, ont mis en place un ministère du Futur chargé d’intégrer cette vision de long terme dans le processus de décision politique.

La technologie a toujours entraîné un mouvement de création de nouveaux emplois, tout en en détruisant ou en en transformant d’autres. Le plus grand défi lié à la technologie reste l’humain : il s’agit de parvenir à accepter l’accélération du monde et de repenser notre rapport au temps, c’est-à-dire nous adapter au même rythme que les technologies et adopter une posture d’apprentissage permanente. Et enfin et surtout, de tout faire pour en tirer le meilleur parti, au bénéfice du plus grand nombre et non pas simplement d’une poignée d’insiders. La digitalisation du monde doit se faire par et pour l’homme !