Oui, la France a besoin d'une (profonde) réforme de la formation professionnelle

La réforme de la formation professionnelle est vitale pour l'avenir de la France. Elle ne peut se contenter de mesurettes. D'autant plus qu'elle peut considérablement réduire le chômage et permettre de recruter des compétences rares.

En 2015, la France comptait 547 860 intérimaires selon la Dares, soit 27 836 de plus que l’année précédente. Le FAF.TT, organisme paritaire collaborateur agréé en charge des intérimaires, indiquait lui que 250 000 intérimaires ont bénéficié d’une formation en 2016. La ministre du Travail, Muriel Pericaud partageait lors de la quinzième université d’hiver de la formation professionnelle qui s’est tenue à Biarritz du 31 janvier au 2 février, que les formations bénéficient aujourd’hui à un ouvrier sur trois et à un chômeur sur dix. On peut donc mieux faire !
 
Nous sommes unanimes : une réforme de la formation professionnelle est nécessaire. Nécessaire, tant qu’elle n’est pas une réformette de plus, mais pose les bases pour simplifier les processus d’accès à ces formations, et permettre à tous les talents, surtout les plus fragiles et les plus précaires, de continuer à se former pour accéder à l’emploi ou évoluer dans leur cheminement professionnel.
 
Aujourd’hui plus qu’hier, chacun devra se former tout au long de sa vie. Tous les employés, même les moins qualifiés, seront impactés par le processus de transformation digitale. Là aussi, plus que jamais, la formation est et sera la carte maîtresse pour que les offres d’emploi et les propositions de formations évoluent de concert. Mais commençons par le point de départ : encore trop de talents ne savent pas qu’ils peuvent accéder à des formations avec un statut d’intérimaire, considérant que les formations ne sont accessibles qu’aux contrats à durée indéterminée et aux demandeurs d’emploi. Il faut continuer à sensibiliser tous les Français sur leur droit à la formation, que celles-ci fassent partie intégrante de leur parcours professionnel et ne soient pas uniquement une variable pour faire mathématiquement baisser la courbe du chômage.
 
Sur le terrain, nous répondons tous les jours aux besoins d’entreprises dans des secteurs innovants qui cherchent des expertises très précises comme l’expérience utilisateurs (UX). Nous offrons des postes de data-scientists, de développeurs, mais aussi tout un panel d’emplois dans les métiers du marketing et de la communication. Toutes ces fonctions ont été créées avec l’essor des nouvelles technologies ou considérablement transformées par elles. Ces rôles nécessitent une formation continue pour rester en adéquation avec les demandes de plus en plus spécifiques, nécessités par ces secteurs. 

C’est précisément là que le bât blesse. Si l’étendue de l’offre de formation est grande, elle s’amoindrit au fur et à mesure que les compétences du talent augmentent et à mesure que les besoins se font plus précis. Il arrive dans certains domaines techniques que les formations n’existent qu’à l’étranger. Comment faire en sorte que tous les talents bénéficient des connaissances nécessaires ? C’est pourquoi nous pensons que la réforme ne doit pas se focaliser sur la forme, bien qu’il soit nécessaire de simplifier l’accès à la formation, mais doit prendre en compte le fond : le talent, ses compétences et l’emploi.

 
Madame la Ministre, Mesdames et Messieurs les partenaires sociaux, pour de nombreux Français, la formation est une école de la deuxième chance voire de la troisième. La formation doit s'intégrer dans les carrières de chacun et ce quelle que soit la typologie de son lien contractuel a l’entreprise. La France offre cette chance de pouvoir se réinventer, de pouvoir progresser, alors soutenons les salariés dans cette démarche. Soyez ambitieux, le futur des Français est entre vos mains.