Les défis du marché de l’interim à l’ère des plateformes

Le marché de l’emploi est en constante mutation entre une volonté de flexibilité croissante, le développement de nouveaux modèles agiles ou encore le mode projet, l’innovation technologique bouleverse les modèles d’organisation.

Malgré un contexte favorable aux agences de travail temporaire comme en atteste leur développement notamment dans le BTP (+3,1%) le tertiaire (+3,7%) et l’industrie (+4.2% en 2018), le secteur reste dominé par les trois leaders Adecco, Randstad, Manpower, qui captent 60% du marché français de l'intérim. Ces derniers disposent en effet, de moyens importants pour conserver leur leadership : formation intensive du personnel, recrutement de consultants spécialisés, élargissement de l’offre aux entreprises avec des prestations à plus forte valeur ajoutée

Cependant, ce secteur historiquement très atomisé est remis en cause par la digitalisation du recrutement via les réseaux sociaux professionnels, les plateformes ou encore les salons de recrutement virtuels qui permettent l’émergence de nouveaux entrants issus du numérique portés par une vague d’innovation mêlant big data, intelligence artificielle et automatisation du matching.

Les petits disparaîtront

Le marché de l'intérim est principalement animé par les consultants et cabinets en recrutement généralistes et spécialisés. Il est indiscutable que la croissance de l'activité économique amorcée depuis fin 2015 aura un impact positif sur le secteur du travail temporaire et les mouvements de concentration vont s’intensifier : les petites entreprises du secteur, qui auront du mal à rivaliser avec la politique des leaders, disparaîtront peu à peu au profit d'entreprises d'intérim de taille moyenne ou des grands groupes. Les consultants en recrutement tendront à se regrouper pour mutualiser les outils digitaux nécessaires à leur pratique.

On assiste également à un morcellement de l’emploi pour répondre aux contraintes des marchés : agilité et souplesse. La hausse du nombre de travailleurs indépendants en est un bon exemple (3.3 millions en 2018). Nous avons donc une croissance de nouveaux modèles avec chacun leurs avantages et inconvénients, sachant que le but de tout travailleur est la recherche d’une bonne stabilité pour construire sa vie.

Nouveau monde

Par conséquent, l’enjeu pour les entreprises de l’intérim est de proposer un modèle attractif incluant plus de protection pour les salariés, plus d’accès à la formation pour ces derniers, une place adaptée pour le handicap et enfin des outils numériques permettant une meilleure communication avec les clients et les intérimaires. Tout cela permettra alors à ces entreprises d’être plus performantes.

Force est de constater qu’un nouveau monde apparaît entraînant, comme pour chaque changement de paradigme, une friction entre collaboration et coopération. La collaboration, qui tend à diviser le travail pour finaliser un produit ou un service, est un modèle obsolète qui comporte des lacunes en matière d’échange et devient inadapté aux modes de consommation et de vie actuels.  A contrario, la souplesse et la flexibilité s’obtiennent en positionnant la coopération au centre du dispositif. Le partage est une source de créativité et d’appartenance. La coopération favorise ainsi la mutualisation des échanges et permet à l’individu d’évoluer et de s’adapter à son environnement. 

Le marché du travail temporaire n’aura d’autres choix que de s’aligner sur ces critères pour se développer et les entreprises de ce secteur devront aussi passer du statut de simple prestataire de service au statut de partenaire, capable de créer de la valeur pour lui-même et pour ses clients.