Le télétravail, un pari gagnant pour qui ?

Le télétravail est né dans les années 70 aux Etats-Unis grâce aux outils de télécommunication de l’époque (téléphone et fax). Peu de temps après, le "telecommuting", comme il est appelé par les anglophones, est sérieusement analysé pour devenir progressivement une pratique de plus en plus utilisée au sein des entreprises.

Aujourd’hui, le nombre de salariés qui effectuent régulièrement leur activité professionnelle à distance est en constante évolution. Néanmoins, selon la culture, les taux varient. Au Japon par exemple, où règne une forte culture du présentéisme, peu de travailleurs effectuent leur activité à distance. A l’inverse, au Brésil, plus de la moitié des salariés déclarent télétravailler.

Il est de même en Europe où les différences culturelles créent des disparités entre les pays. En Suède, 46% des habitants déclarent télétravailler régulièrement contre seulement 3% en Roumanie. En France, 29% des salariés pratiquent le télétravail et 92% d’entre eux le font à leur domicile. On parle alors de "home office". Vous l’aurez compris, ces chiffres décrivent une tendance réelle : le développement du télétravail. Plus marqué dans certains pays que d’autres, il se démocratise doucement mais sûrement.

Des avantages pour les collaborateurs, pour l’entreprise…

Côté collaborateur, il permet plus d’autonomie et plus de flexibilité. L’un des grands maux de notre siècle est la difficulté à concilier vie privée et vie professionnelle. Le télétravail apparaît comme étant une réponse idéale. Selon une étude publiée par la revue "Philosophical Transactions of the Royal Society", 65% des employés sont convaincus que le télétravail leur permettrait d’accroître leur productivité. Il est par ailleurs prouvé que les télétravailleurs se sentent plus efficaces. Selon la compagnie américaine SuperPayroll, 86% d’un panel de personnes interrogées préfèrent travailler seul.

Côté employeur, il s’agit principalement d’avantages économiques. Le télétravail permet une réduction des coûts de structures et un meilleur rayonnement en termes de recrutements. Il permet également un gain de productivité non négligeable par le biais de millions d’heures de travail économisées car le temps économisé sur les trajets domicile/entreprise peut être consacré à la production.

Une enquête de Regus, entreprise proposant à ses clients la mise à disposition d’espaces de travail, montre que le travail à domicile et le coworking permettraient de rapporter jusqu’à 123 milliards d’euros en France d’ici à 2030.

Et pourquoi pas pour la ville ?

Et si la question du télétravail était beaucoup plus vaste qu’on ne le pense ? Cela fait maintenant plusieurs décennies que le temps de trajet domicile/travail des habitants des grandes villes augmente. Nous sommes des "polymobiles" avec une multitude de moyens de transports à notre disposition : le métro, le tram, le bus, le vélib’, l’autolib’, le scootlib’ et autres …lib’. Les "startuppers" américains l’ont bien compris. Telle est l’ère de notre temps : mettre à disposition des moyens de transport toujours plus diversifiés, toujours plus digitaux et compétitifs pour multiplier les services, faire consommer et fidéliser dans un but économique et sans harmonie.

Mais ce joyeux désordre peine en réalité à s’équilibrer : vitesse excessive, utilisations sauvages, accidents… Le débat est multiple : écologie, réduction des coûts, urbanisme, santé… Vous me direz, chaque solution de transport a sa raison d’exister et possède son marché… mais sont-elles complémentaires ou dans l’incapacité d’évoluer ensemble ? Le constat est évident. D’abord, comme disait Sartre : "l’enfer c’est les autres" : un moyen de transport s’opposera tout le temps à l’autre dans un climat d’intolérance et d’égocentrisme. Ensuite, les infrastructures ne sont pas adaptées et les utilisateurs, pour la plupart, sont indisciplinés.

Donc je m’interroge avec vous. Sans l’exprimer explicitement, les gouvernements freinent l’utilisation des nouveaux moyens de transports : taxes, interdictions, réglementations. Ils encouragent - encore une fois, sans le dire clairement - les citadins à utiliser les services publics. Alors une petite idée : et si nous arrêtions de courir ? Et si nous consacrions notre temps à de vraies choses utiles ? Travailler chez soi ou dans un espace de "coworking" adapté à son activité et à son lieu de vie. Est-ce là la solution miracle pour soulager les tensions de la ville dans son entier ?

En période de grève, très certainement

L’actualité nous oblige à l’évoquer. Avant l’ordonnance présidentielle de septembre 2017, la pratique régulière du télétravail devait figurer sciemment dans le contrat de travail. Désormais, une simple formalisation de circonstance est suffisante pour que le salarié puisse officiellement effectuer du télétravail quand son secteur d’activité le permet. Malgré la multiplication des moyens de transport, le temps de trajet moyen domicile-travail des français est de plus d’une heure. En cas de mouvement social qui paralyse généralement nos transports publics, vous pouvez multiplier ce temps par trois ou quatre. Alors encore une petite idée : pour éviter le goulot d’étranglement et l’impossibilité d’atteindre votre destination, optez pour le télétravail, un mail suffit !

Télétravail demain

Ce quinquagénaire a-t-il de l’avenir ? Il apparaît difficile de répondre par la négative. Nonobstant tout ce qui a pu être dit auparavant, il est aujourd’hui indispensable pour une entreprise d’accorder du télétravail à ses employés.Moins de contraintes d’un côté comme de l’autre, télétravailler offre indéniablement des avantages aux employeurs et aux collaborateurs mais il se doit d’être bien encadré.

Les pays en retard s’y mettent de plus en plus et les autres le pratiquent encore davantage. Le taux de télétravailleurs va progresser -peut-être plus vite quand la culture l’encourage, mais nul n’échappe aux évolutions. La population mondiale ne fait qu’augmenter et l’engorgement des grandes villes incite les populations à s’en écarter. La gestion à distance devient donc de plus en plus adaptée à la situation.