Robin Choy (HireSweet) "Nous levons 1,5 million d'euros pour développer l'IA dans le recrutement"

La start-up française utilise l'intelligence artificielle pour dénicher les profils tech les plus pertinents pour un employeur. Elle séduit Rocket Internet et Kima Ventures.

JDN. HireSweet vient de boucler sa première levée de fonds. Quel est le montant et qui sont les investisseurs ?

Robin Choy est le co-fondateur de HireSweet. © HireSweet

Robin Choy (HireSweet). Nous levons 1,5 million d'euros auprès notamment de Global Founders Capital, propriété de Rocket Internet, qui a pris le lead. Nous avons également récolté des fonds auprès de Kima Ventures, de la BPI et de plusieurs business angels comme The Family ou encore David Bizer, premier recruteur de Google en Europe.

Quel est le fonctionnement de votre outil Cerebro ?

L'expertise d'HireSweet est simple : nous utilisons l'intelligence artificielle pour dénicher des profils IT qui ne sont pas forcément en recherche active. Nous n'avons pas le choix, dans la tech les meilleurs profils sont en poste. Pour cela, notre outil Cerebro permet de recueillir toutes les données qui existent sur le web grâce à des algorithmes. Et il y a énormément de matière : événements auxquels le profil a participé, parcours professionnels, CV en ligne ou encore données en open source par exemple sur les projets réalisés et le langage utilisé.

Par la suite nous passons au peigne fin les profils en observant les connaissances, les trajectoires, les moments où il est pertinent de rentrer en contact, un peu comme fait Clustree dans le cadre de la mobilité interne. Enfin, nous présentons une short list au client qui s'occupe ensuite de contacter le profil. Gros plus, grâce à notre outil, le profil du candidat est très bien défini. Nous le connaissons très bien, ce qui est un avantage pour le recruter.

A quoi vont servir les fonds levés ?

En premier lieu à permettre le renforcement de notre technologie d'intelligence artificielle. Nous avons besoin d'adapter notre solution en permanence. Il nous faut en outre augmenter notre force de frappe pour assumer une vraie montée en charge. Pour cela, nous avons besoin de recruter des ingénieurs et des chercheurs. Très concrètement, nous souhaitons recruter dix nouveaux collaborateurs dans les onze prochains mois.

A court terme, nous nous concentrons sur l'Hexagone. Mais à moyen terme, nous souhaitons nous développer commercialement à l'international, notamment au Royaume-Uni, en Allemagne et aux USA. Notre start-up est spécialisée dans le recrutement d'emplois IT. Dans tous les pays, il y a une pénurie de ces profils. Notre solution peut donc se développer partout. Potentiellement, notre concept peut fonctionner sur tous les profils où il y a pénurie, notamment dans le secteur commercial.

Quels sont vos clients et quel est votre business model ?

"Chasseurs de tête et RH continueront à rencontrer physiquement les candidats"

Nos clients sont très majoritairement des start-up, mais nous travaillons également avec de gros comptes comme par exemple Nokia. Nous nous occupons de donner à nos clients une liste de profils intéressants à un prix inférieur à ce que proposent les cabinets de recrutement, mais nous ne souhaitons pas dévoiler nos tarifs pour le moment. En revanche, je peux vous dire que sur le mois de septembre 2017, nous avons été à l'origine de 150 entretiens d'embauche. Nous nous rémunérons à la commission sur chaque recrutement effectué.

Pensez-vous que votre solution soit un danger pour les cabinets de recrutements traditionnels ?

Avec l'intelligence artificielle, je pense que d'ici dix ans, les intermédiaires seront désintermédiés. Les algorithmes sont extrêmement efficaces pour sourcer et identifier les meilleurs talents. A notre échelle, nous commençons déjà à ubériser le sourcing pour les profils IT. Toutefois, cela ne signifie pas que les cabinets traditionnels disparaîtront. Ils se concentreront sur des missions à plus forte valeur ajoutée. Et les chasseurs de tête et les RH continueront quoi qu'il arrive à rencontrer physiquement les candidats.