Deux start-up offrent une nouvelle jeunesse à l'emploi étudiant

Deux start-up offrent une nouvelle jeunesse à l'emploi étudiant Crème de la Crème et StaffMe mettent en relation employeurs et étudiants pour des missions de courte durée.

Recruteur, vous avez des difficultés à trouver des freelances de qualité ou des travailleurs pour des missions courtes ? Pas de panique, il existe une catégorie de la population qui ne demande qu'à travailler pour vous : les étudiants. Ces derniers sont souvent obligés d'écumer les jobboards traditionnels, d'utiliser leur réseau ou d'épingler des petites annonces dans les magasins. Pour faire "matcher" l'offre et la demande, deux start-up de recrutement se sont données une mission : permettre aux futurs diplômés d'exercer une activité professionnelle ponctuelle durant leurs études. Le nom de ces deux jobboards ? StaffMe et Crème de la Crème. Les deux acteurs sont les seuls à s'adresser directement à cette cible générationnelle. Pour autant, ils ont opté pour un positionnement différent.

Jean Baptiste Achard et Amaury d'Everlange sont les fondateurs de StaffMe. © StaffMe

Du côté de Crème de la Crème, on ne s'en cache pas, on souhaite faire travailler les meilleurs, d'où le nom... A l'origine, cette start-up fondée en 2015 était réservée aux étudiants de 70 écoles renommées. Pour s'inscrire il était nécessaire d'utiliser l'adresse mail de l'établissement. Une position qui a changé il y a un an : "Nous nous sommes rendus compte que ce mode de fonctionnement excluait certains profils intéressants. Désormais, tous les cursus sont bienvenus. Nous reconnaissons également les certificats de certains Mooc comme ceux d'OpenClassrooms. Concernant les statuts, il est possible d'être auto entrepreneur, mais nous acceptons aussi la Sasu ou la Sarl", explique Jean-Charles Varlet, co-fondateur du site. Toutefois, la sélection est toujours présente. Les RH du site assurent accorder une attention particulière au CV, au portofolio ou au parcours de l'étudiant afin de de proposer des freelances de qualité dans des secteurs tels que le développement informatique, le conseil en stratégie, la rédaction de contenu, la traduction ou encore le marketing.

Les deux start-up proposent des commissions moins élevées que les agences d'intérime traditionnelles

Une stratégie proche du "club privé" qui n'est pas du tout le credo de StaffMe, le second acteur présent sur le marché depuis mai 2016. "Nous nous adressons à tous les jeunes de 18 à 27 ans. Si la plupart des inscrits sont étudiants, nous acceptons aussi les jeunes déscolarisés. Ce qui est amusant, c'est que dans notre base de donnée, nous avons des diplômés de grandes écoles qui veulent effectuer un métier physique ou au contact direct du client", déclare Jean-Baptiste Achard, qui a co-fondé l'entreprise. Mais attention : si tous les profils sont acceptés, il est nécessaire de respecter la limite d'âge : "tout le monde peut s'inscrire sur le site. Il faut indiquer sa date de naissance. Si le staffeur est trop âgé, un des quatre RH du site l'appelle et lui explique qu'il n'est pas possible de continuer. Nous l'orientons donc vers d'autres plateformes". Une discrimination ? Pas aux yeux de l'entrepreneur : "nous sommes une plateforme de mise en contact. Nous ne pratiquons donc pas de discrimination à l'emploi".

StaffMe estime ne pas être en concurrence frontale avec Crème de la Crème : "Ces derniers sont basés essentiellement sur des missions intellectuelles. Nous proposons vingt-huit secteurs d'activité comme la vente en boutique, la logistique, l'hôtellerie restauration… Les membres pré-remplissent un CV en ligne et choisissent les domaines dans lesquels ils souhaitent travailler. Nos concurrents sont davantage les agences d'interim digital comme Qapa ou Vit-on-Job, ainsi que les jobboards spécialisés comme Brigad pour la restauration", poursuit l'entrepreneur.

"StaffMe propose un candidat en quatre heures en région parisienne"

Les start-up  se rémunèrent à la commission. "Chez StaffMe, nous prenons une commission fixe de 20% sur l'heure travaillée. Nous exigeons que l'étudiant soit payé à un tarif horaire net de 15 euros au minimum, un montant plus élevé que le Smic. Dans tous les cas l'entreprise est gagnante puisque même avec cette rémunération, la commission est moins élevée que si elle passe par une agence d'intérim traditionnelle. Ainsi les deux parties trouvent leur compte", détaille Jean-Baptiste Achard.

Du côté de Crème de la Crème, le fonctionnement  est quelque peu différent, puisque la commission est variable. "En moyenne la commission est de 15%, mais elle s'ajuste selon le profil du freelance. Pour les jeunes talents qui n'ont pas fait leurs preuves par exemple, la commission sera moins élevée. De plus, une entreprise qui recourt régulièrement au service de la même personne ou qui effectue plusieurs recrutements bénéficie d'un prix dégressif", expose le co-fondateur du site.

Crème de la Crème regroupe une communauté de 30 000 freelances

Les clients semblent être au rendez-vous. StaffMe revendique 25 000 jeunes inscrits sur la plateforme et un portefeuille de 1 000 clients qui peuvent être des PME, des TPE mais aussi des groupes du Cac 40 comme Sodexo ou Danone. Du côté de Crème de la Crème, le fondateur avance le chiffre de 30 000 freelances membres pour 5 000 entreprises dont plusieurs grands comptes tels que Payfit, Airbnb LVMH ou encore Accor.

Pour les employeurs, le principal atout des deux jobboards est le suivant : un vaste portefeuille de jeunes très flexibles. Ce qui permet de trouver la perle rare très rapidement. Ainsi, StaffMe se targue de proposer un profil adéquat en vingt-quatre heures, voire quatre en région parisienne. Côté étudiants, les start-up s'occupent de la facturation. Un gain de temps non négligeable.

StaffMe vient de lever 3 millions d'euros et Crème de la Crème veut s'internationaliser

Pour le futur, les deux start-up se montrent ambitieuses. StaffMe a bouclé une levée de fonds de 3 millions d'euros en janvier 2018. "Notre objectif est simple : nous sommes déjà quinze collaborateurs et nous allons recruter vingt salariés supplémentaires cette année, notamment sur des postes technologiques et commerciaux. Ces recrutements nous permettront de devenir une vraie plateforme de l'interim digital comme c'est le cas de Qapa", expose Jean-Baptiste Achard, qui pour le moment, souhaite se solidifier sur le marché de l'intérim digital français qui est évalué à 24 milliards d'euros. Une stratégie différente du côté de Crème de la Crème qui souhaite partir à l'assaut du marché européen dès 2018. Autre changement de taille à venir, autrefois focalisée sur les étudiants uniquement, la start-up souhaite s'ouvrir d'ici quelques mois aux freelances millennials qui pourront être de jeunes actifs déjà présents à plein temps sur le marché du travail. De quoi faire trembler Malt, le poids lourd du secteur ?