Le développement durable dans l'industrie : entre démarche subie et véritable volonté des collaborateurs

Dans l'industrie, la transformation numérique est une évolution des usages et des processus au cours de laquelle chaque individu doit adapter la manière d'accomplir ses tâches.

Cette modification des usages sert la vraie révolution attendue par les parties prenantes internes comme externes, à savoir construire une entreprise engagée dans le développement durable et la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE).

Se transformer pour atteindre les objectifs ? Oui, à condition de donner du sens

Aujourd’hui, pour travailler avec les nouvelles générations de salariés, il ne suffit pas de leur verser un salaire mensuel. Elles ont besoin, encore plus que les générations précédentes, que leur activité quotidienne serve un dessein plus grand. Ainsi, sensibilisés aussi bien aux questions environnementales qu’économiques, les salariés ont besoin de donner du sens à leur travail. Ils sont également attentifs aux méthodes utilisées et aux outils mis à leur disposition pour effectuer leurs missions de façon efficace, en accord avec leurs valeurs. Cela implique une volonté de la direction et la mise en place d’outils numériques, mais en fin de compte, travailler de façon digitalisée revient en grande partie à réaliser les mêmes types de tâches qu’auparavant — seule la manière de les accomplir change.

Ce faisant, la transformation numérique permet de dégager des ressources qui donnent alors les moyens à l’entreprise de continuer de se différencier. Dans un premier temps, elle offre des gains budgétaires et de temps, qui peuvent être alloués à d’autres tâches à plus forte valeur ajoutée, comme l’analyse. En allant plus loin, elle sert aussi de levier pour la démarche RSE de l’entreprise. Cette dernière est d’ailleurs une grande préoccupation des salariés. Ils partagent régulièrement leur intérêt pour plus de gouvernance durable et ont bien conscience des avantages que la mise en place d’une telle démarche peut apporter. Lors de négociations avec l’intersyndicale, ce type de sujet arrive de plus en plus souvent au cœur des échanges. Si les collaborateurs savent que leur entreprise ne va pas sauver le monde toute seule, ils ont conscience que les petites actions mises bout à bout à notre échelle contribuent aux grands changements. Dès lors, il devient important d’intégrer des objectifs qui vont dans ce sens dans la feuille de route de l’entreprise pour les cinq à dix années à venir.

Du côté des entreprises, il existe pléthore d’incitations légales, nationales ou européennes, à être de plus en plus durable, mais le concept même d’investir dans la RSE implique plusieurs notions. Tout d’abord, une notion de proximité, qu’il s’agisse de produire au plus proche des clients ou de s’approvisionner en matières premières. Sur ce point, l’expertise des collaborateurs se met au service de la transversalité et vient nourrir la chaîne de valeur. Cela induit ensuite une notion de prise de décision en collectivité. Le fait de se lancer dans ce type d’activités implique que les différents services sortent de leur fonctionnement en silos et ouvrent les discussions entre les départements. Et enfin, une notion d’impératif, car sans la concrétisation d’une politique de développement durable, il devient difficile de faire des affaires avec les partenaires commerciaux qui sont sensibles au sujet, aussi bien dans le secteur privé que public. Une fois intégrées et appliquées par tous, ces notions servent la mission de l’entreprise et donnent du sens aux actions de chacun.

Les audits : une opportunité de prise de conscience et un temps pour faire "l’inventaire"

Ce n’est pas la méthode la plus proactive pour faire un état des lieux de la situation, mais les audits ont ceci de positif qu’ils servent parfois de révélateurs. Si généralement ils sont subis, ils permettent, d’une part, de se rendre compte de l’importance que le développement durable revêt au sein des activités de l’entreprise et, d’autre part, de prendre conscience que les industriels sont parfois plus avancés que ce qu’ils pensent. Cette intervention de tiers est très bénéfique pour apprendre à mieux se connaître et mettre les actions en perspective.

Les résultats des audits servent alors d’accélérateur à toute communication sur ce sujet. Ils aident à identifier ce qui vaut la peine d’être partagé en interne pour valoriser les réalisations de chacun et montrer l’implication de l’entreprise ou encore les initiatives en place pour être plus responsable. Mais aussi en externe, en tant que marque employeur pour attirer de nouveaux talents et pour améliorer la réputation de l’entreprise. Les entreprises qui capitalisent sur les audits disposent ainsi d’arguments pour communiquer efficacement sur leur démarche RSE et éviter de tomber dans le piège du greenwashing. Lorsque l’on fait des choses conséquentes, il ne faut pas avoir honte de le dire, surtout si cela se base sur un avis extérieur.

Comment cela se manifeste-t-il au quotidien ? Dans la pratique, au lieu d’injonctions comme "Il faut trier", il s’agit de préférer des questions, telles que "Quels avantages pouvons-nous tous tirer du tri ?". Cette approche est non seulement plus positive, mais elle concrétise le gain à la fois pour le collaborateur et pour la planète. Faire le tri dans les ateliers améliore les conditions de travail et le bien-être des collaborateurs. Pourquoi ? Parce que l’environnement de travail est rangé et propre, donc plus sécurisé. Mais le budget du service est aussi impacté, car, avec un inventaire à jour, les achats se limitent aux produits dont les équipes ont besoin. Les économies ainsi réalisées ont un effet positif sur les résultats, ce qui se répercute directement sur l’intéressement, la participation ou encore le salaire, en plus de préserver les ressources de notre planète.

Que la prise de conscience se fasse à la suite de demandes formulées par les collaborateurs ou grâce à des audits, l’engagement en faveur du développement durable est une chance de grandir. Dans l’industrie ou dans tout autre domaine, il s’agit d’une opportunité qu’il faut apprendre à valoriser sur tous les plans : humain, écologique ou économique.