Recruter par le jeu : pourquoi les entreprises s'y mettent Le jeu en ligne, arme de séduction massive

La "gamification" du recrutement répond donc aux exigences nouvelles des jeunes diplômés. Reste que, pour les convaincre, les entreprises doivent soigner cette vitrine. Personnages en 3D, interactivité... "Année après année, nous améliorons la qualité du jeu", assure Déborah Lasry, cheville ouvrière du projet Ace Manager, le jeu de BNP Paribas qui propose de relever 9 défis posés à un banquier. Des efforts jugés indispensables pour convaincre de nouveaux joueurs de venir passer leur temps libre à s'attaquer à des cas propres au monde de la finance. Pour son édition 2012, la banque a réuni 14 000 inscrits, un record.

"Imaginez le coût d'une campagne de publicité dans 145 pays"

Surtout, un jeu vidéo en ligne permet de s'adresser à une population internationale. Le jeu de la BNP, comme celui de Danone, est entièrement en anglais. C'est de toute façon une langue à maîtriser pour qui veut intégrer une multinationale. C'est surtout un indice que les ambitions de ces initiatives dépassent de loin les frontières hexagonales. "Le jeu est ouvert à tous, mais nous misons surtout sur les pays à fort potentiel pour l'avenir : Mexique, Chine, Brésil, Indonésie, Russie et Etats-Unis", reconnait Christine Gas de Danone. Dans ces pays plus qu'ailleurs, les équipes se mobilisent pour faire connaître l'initiative. Et comme ce jeu est accessible 365 jours par an, l'hémisphère sud, où les années scolaires sont décalées, n'est plus pénalisé.

Economie d'échelle

Combien coûtent ces jeux ? Les entreprises préfèrent ne pas divulguer de montant. Tout juste apprend-on que Trust de Danone a coûté 80% sur deux ans du budget "marque employeur" de Christine Gras, à la tête de la communication RH du groupe. Un vrai investissement, donc, mais qui se justifie aux yeux de ces recruteurs. Contrairement aux entretiens d'embauche, la facture de la campagne virtuelle ne s'alourdit pas à chaque joueur supplémentaire. Par sa dimension mondiale, un jeu -dont le coût réside essentiellement dans sa conception- dispose d'une force de frappe énorme : Danone se fixe ainsi un objectif de 60 000 joueurs à fin 2013. Et, renchérit Déborah Lasry de BNP Paribas : "Imaginez le coût d'une campagne de publicité dans 145 pays..."