Pourquoi votre santé intéresse votre patron Aux Etats-Unis, un système de bonus-malus

il est de notoriété publique que la société Google ne lésine pas sur les moyens pour satisfaire ses collaborateurs, quitte à les chouchouter avec des louches de chocolats M&M's. Mais en 2012, la société estime que la consommation de ces confiseries devient excessive et menace la santé des employés et, par conséquent, leur productivité. Les M&M's sont alors cachés dans des bocaux opaques tandis que fruits et noix sont mis en évidence dans des récipients en verre. Sept semaines plus tard, les 2 000 employés du bureau new-yorkais de Google ont consommé 3,1 millions de calories en moins.

"Les coûts d'assurance maladie diminuent lorsque des mesures sont prises pour favoriser une vie plus saine"

"En Amérique du Nord, cela fait longtemps que les employeurs s'intéressent à la santé de leurs collaborateurs mais c'est uniquement pour des raisons économiques, nous explique John McDonough, professeur de santé publique à Harvard. Les coûts d'assurance maladie, à la charge de l'employeur, diminuent lorsque des mesures sont prises pour favoriser un mode de vie plus sain. Ainsi, depuis les années soixante, les entreprises ont rivalisé de créativité pour veiller à la bonne santé de leurs collaborateurs."

Les employeurs ont même recours à des incitations financières pour encourager les employés à participer à des programmes de bien-être. Parfois, elles vont plus loin. "Dans certaines entreprises, les salariés se voient infliger des pénalités lorsqu'ils ne participent pas, par exemple, à des ateliers santé", poursuit John McDonough.

"Dans certaines entreprises, les salariés se voient infliger des pénalités lorsqu'ils ne participent pas à des ateliers santé"

L'université d'Etat de Pennsylvanie qui souhaitait réduire ses coûts d'assurance maladie avait imposé un questionnaire bien-être à ses employés. Particulièrement intrusif, il demandait par exemple aux femmes si elles comptaient tomber enceintes dans l'année. Cerise sur le gâteau, les employés se voyaient infliger une amende mensuelle de 100 dollars s'ils refusaient d'y répondre. Devant le tollé général, l'université a finalement renoncé à l'amende le 18 septembre dernier.

"On risque d'assister à une multiplication de ce type d'initiatives, intrusives et injustes, à cause de certaines dispositions dans la réforme Obama sur l'assurance maladie", avance John McDonough.  Avec l'"Obamacare", dès janvier prochain, les entreprises pourront offrir une récompense pouvant aller jusqu'à 30% des dépenses de santé aux salariés ayant effectué un programme "bien-être" tel qu'un test biométrique, la mesure de la taille par exemple. Cependant, les conséquences de la réforme de Barack Obama du système de santé américain, sont encore difficiles à apprécier.