Cadres : objectif remotivation Les causes du problème

Mobilité, réactivité et polyvalence : le trio infernal

"Ce qui est nouveau aujourd'hui, c'est que l'entreprise change plus vite et que les sollicitations aux managers sont plus variées", explique Eric Albert. D'ailleurs, dans certaines entreprises, pour éviter que les gens ne tombent dans des routines - ou prennent leurs repères - on réorganise les services et on planifie des déménagements internes, au risque de rompre les équipes efficaces et de créer de la solitude.  

La sécurité de l'emploi : un mythe parti en fumée

Est-ce une désillusion tardive des cadres à laquelle on assiste ? Plutôt du pragmatisme, selon David Courpasson. "Les cadres ont réalisé qu'il fallait être solide et se battre. Aujourd'hui chacun est responsable de son employabilité, c'est moins confortable qu'il y a 20 ans", analyse-t-il. Les années 1990 sont venu rompre l'image d'Epinal du cadre intouchable et qui ne connaissait pas le chômage. Après des années difficiles et malgré le retour au quasi-plein emploi, le sentiment d'insécurité s'est profondément ancré dans une population qui souhaite rentabiliser ses années d'études. Le lien sacré entre le cadre et l'entreprise a disparu et a laissé place a une relation contractuelle donnant-donnant. Difficile cependant de faire une croix sur l'idée d'implication totale, de donner du sens à ce que l'on fait au quotidien lorsqu'on s'efforce de mettre des barrières... d'où un certain mal-être.

L'absence de marge de manœuvre

Enfin, difficile de ne pas se sentir frustré lorsqu'on a la sensation d'être un pion sur l'échiquier et de n'avoir aucune marge de manœuvre. Pour Eric Albert, les dirigeants sont à mettre en cause. "Les managers, sur le terrain, voient ce qui ne marche pas et savent comment les améliorer. Mais la lourdeur de l'organisation, le poids des processus et le manque d'écoute les résignent à ne rien faire. Les dirigeants ont peur, d'où un hyper besoin de contrôle de ce qui se passe dans l'entreprise. Il faut laisser de la marge de manœuvre à ceux qui comprennent le pourquoi du comment et ne pas les enfermer sans un simple rôle d'exécutant."

Une peur qui se traduit par la recherche de standards dans lesquels de nombreux cadres ne se retrouvent pas. A force d'essayer de se glisser dans le costume du parfait manager, le cadre s'écartèle entre réalités opérationnelles et comportements obéissants. 

Les raisons expliquant l'apparition des risques psycho-sociaux
Selon 307 répondants médecins du travail, responsables QSE/HSE*, RH, dirigeantsPlusieurs réponses possibles
Source : Etude Comundi-Stimulus / 2008
Charge de travail trop importante (sous-effectif, rythme trop soutenu)63 %
Non-reconnaissance du travail accompli54 %
Changements organisationnels52 %
Pression sur les résultats/moyens insuffisants au vu des objectifs49 %
Perte du collectif dans le travail43 %
Faible soutien de la hiérarchie42 %
Conflits (internes, avec la hiérarchie)36 %
Rythme de travail (horaires décalés, travail répétitif)29 %
Mauvais niveau de rémunération25 %
* QSE/HSE :Qualité, sécurité, environnement / hygiène, sécurité, environnement