Cadres : objectif remotivation Quelles réalités derrière les mots

Qu'on l'approuve ou qu'on le déplore, des comportements nouveaux ont vu le jour. Ce n'est pas la relation au travail qui est remise en cause, le désir de faire carrière étant toujours aussi fort. C'est plutôt la relation à l'entreprise qui souffre.


Refuser ce qui va à l'encontre de leurs valeurs

david courpasson
David Courpasson © photo Christelle Viviant

Didier Courpasson, dans son ouvrage, met l'accent sur ces cadres qui ont manifesté leur désaccord, en s'opposant à leur entreprise. Pourquoi aller jusqu'au conflit ? Parce que dans un univers où il faut obéir, un jour, ce n'est plus possible. Un ordre en contradiction avec des valeurs profondes ou le sentiment de ne pas avoir été respecté : les causes sont multiples. "Les cadres qui se rebellent autour de 35 ans sont à un vrai tournant dans leur vie privée. Ces choix entrent en clash avec leur vie professionnelle", donne en exemple David Courpasson. C'est le cas de Jean-Paul dans l'ouvrage, qui se voit offrir une promotion rêvée en Ecosse, avec obligation de répondre très rapidement pour partir dans les 72 heures. Le problème, c'est qu'il est un jeune père et ne veut pas sacrifier sa vie de famille. En outre, il n'apprécie guère le semblant de choix qui lui est laissé et démissionne. Ce faisant, il met des bâtons dans les roues de son entreprise qui subit de gros dommages. Il fera au final une belle carrière chez le concurrent. 


Tous ne se rebellent pas pour autant

Un autre comportement, bien plus fréquent, consiste à revoir le lien qui unit le cadre à son entreprise. "Il ne s'agit pas de désengagement mais plutôt d'une prise de recul par rapport à la relation au travail", précise Bénédicte Haubold. La sur-implication lasse les cadres qui ne s'y retrouvent plus et préfère mettre un frein aux horaires à rallonges et arrêter de sacrifier leur vie à leur entreprise. "Ils ne veulent plus être dans un lien affectif, ce qui est plutôt sain car cela permet de se protéger en cas de coup dur. On assiste à un repositionnement de ce que doit être la place du travail, au grand dam des entreprises", ajoute la consultante.

Les femmes souffrent plus que les hommes
Source : JDN Management
Les femmes souffrent en général plus que les hommes des sacrifices consentis pour leur carrière. Dans le cadre de l'Observatoire Sociovision 2008, à la question "Au total, entre ce que vous investissez dans votre travail (compétences, temps...) et ce que vous recevez en retour (rémunération, évolution de carrière, sécurité de l'emploi...), estimez-vous que vous êtes globalement perdant ?", 59 % des femmes cadres répondent "oui", contre seulement 25 % des hommes. Chez les femmes, c'est la catégorie socio-professionnelle la plus encline à répondre par la positive, la moyenne des autres CSP étant de 48 %.
Par ailleurs, c'est chez les femmes cadres que l'on retrouve le plus de comportements d'alcoolisation à risque ponctuel et chronique. Un quart d'entre elles sont concernées, contre seulement la moitié chez les employées. (Source : "Economie et statistiques", Insee, 2007)