Evolution des réseaux sociaux : vers une intelligence collective ?

Les récents rachats tendent à dresser des voies stratégiques différentes chez les grands acteurs du web. Analyse, décryptage et tentatives de projections du web et de nos sociétés de demain.

Au cours des dix dernières années, les médias sociaux se sont généralisés, bouleversant la manière dont nous communiquons, collaborons, consommons et créons de l’information.
La multiplication des interactions sociales redessine progressivement les fondements de la société.
On assiste à l’émergence d’une intelligence collective, qui repose sur trois tendances majeures :
  • le volume croissant de données personnelles géolocalisées, partagées de manière implicite (recherche, navigation, achats) ou délibérées (publication de profils, de statuts, check-ins). Plusieurs sociétés spécialisées dans la collecte de données de navigation développent des modèles de reciblage contextualisé (Criteo, RadiumOne).
  • la multiplication des capteurs, qui nous permet de monitorer et partager des données personnelles (via des applications de quantified self comme Human ou Lift) ou liées à nos environnements (objets connectés).
  • la mise à disposition de grands volumes de données par les principales plateformes web via des API, qui permettent le développement de nombreuses applications innovantes (comme Google Now, qui centralise et personnalise des informations issues de plusieurs services).
Cette intelligence collective se développe à la fois grâce à la quantité de données disponibles, mais aussi à l’implémentation de solutions de plus en plus fines pour les analyser et en tirer du sens.

Une société qui se reconstruit autour du lien social

Le numérique nous permet aujourd’hui de partager tous types de biens, tangibles ou non : de l’espace en trop, des véhicules peu utilisés, des compétences, ou du temps. La multiplication des plateformes de services entre particuliers (AirBNB, Drivy ou Le Bon Coin) repose à la fois sur une promesse de proximité et de confiance, mais aussi sur l’immense potentiel inexploité du recyclage et du partage.
Le développement inexorable de ces marchés de pair à pair correspond également à un changement profond dans nos aspirations, qu’elles soient économiques (passer de la possession à l’accès, contourner les intermédiaires), environnementales (plus de durabilité et moins d’impact), et sociales (plus de sens dans nos échanges).

Vers un internet social et sociétal

Les récentes acquisitions opérées par Facebook (Moves, application de coaching santé) et Google (Nest, application domotique) confirment que la puissance des médias sociaux dépasse largement le cadre du virtuel, et s’insinue dans notre environnement quotidien. Grâce au mobile, le point d’ancrage de ces plateformes est désormais personnalisé et local. Nous assistons progressivement à la convergence des mondes numériques et physiques, un monde où nous serons bientôt connectés « par défaut », sans même y penser.
Et si nous en profitions pour mettre internet au service de nos aspirations personnelles et collectives ?
Et si nous pouvions appliquer la performance et la fluidité du digital à la vie réelle ? Et si nous imaginions une Europe construite en mode agile et social ?
Internet est une plateforme participative dont la puissance permet à la société civile de s’organiser et collaborer en temps réel pour redéfinir le fonctionnement de ses institutions, et inventer un futur qui prend en compte ses aspirations profondes.