Industrie de la création : s'unir pour mieux négocier avec Facebook, Google ou Apple ?
Les majors du Web (Google, Apple, Facebook, Amazon ...), sont les gagnants de la bataille du Web au grand dam des créateurs de contenu. Une création qui n'a pour le moment récolté que les miettes du fameux partage de la valeur numérique. Une « première manche » annonciatrice d'un rapport plus équilibré ?
Les majors du Web qui ont besoins de contenus de qualité pour s'alimenter ainsi qu'une industrie culturelle mieux organisée face au défi de l'ère numérique seront les clés d'un rapport de force harmonisé.
Industrie culturelle : savoir tirer parti des opportunités numérique
Même si elle l'a longtemps nié, l'industrie culturelle a une part de responsabilité dans son retard sur Internet : par frilosité et par peur de voir s'échapper un système qu'elle entretenait, elle n'a fait qu'empirer les choses en ne se donnant pas les moyens de relever le défi numérique. Il n'y a encore pas si longtemps les offres légales sur Internet, musique ou vidéo, n'offraient pas de service de qualité que ce soit en terme d'exhaustivité que de prix. Entre temps, les offres de contenu illégales en ont bien profité... Mais après un retard à l'allumage, ces offres légales se sont largement étoffées.
Aujourd'hui les plateformes numériques disposent (enfin) d'offres légales de qualité, type Spotify, iTunes ou encore Netflix, aussi bien en terme d’exhaustivité que de qualité de diffusion. Une évolution qui va de paire avec la demande des utilisateurs. Ces derniers étant dorénavant prêts à payer quelques euros de plus pour un service de qualité : les offres dites « premium » sont ainsi en train de prendre l'ascendant sur le piratage mais aussi sur les offres low cost, dites freemium (tout gratuit, tout illimité). Une évolution qui pousse les plateformes de diffusion à s'alimenter de plus en plus en en contenu à haute valeur ajoutée.
Industries de la création : l'union fait la force
Il
n'empêche : si la demande en terme de contenu de qualité est
bien présente, les industries de la création doivent à tout prix
faire évoluer leur stratégie afin d'avoir
plus de poids dans les négociations qu'elles ont avec les diffuseurs
de contenus sur Internet, type Google ou Facebook. Créer des
alliances entre indépendants, majors musicales/audiovisuelles ou
encore les artistes est devenu indispensable pour être à même de
rivaliser avec la puissance de ces majors du Web.
Un
point de vu partagé sur le
site de débat culturel, The Mediashaker, par Patrick Zelnik, PDG
de Naïve, « Les
industries de contenus, majors et indépendants doivent s’unir pour
devenir des interlocuteurs crédibles et suffisamment forts face aux
géants de l’internet. Les créateurs, les artistes et les
producteurs devraient pouvoir gagner la bataille in fine dans la
mesure où internet a besoin d’eux ! ».
Une
bataille qui ne pourra se gagner sans régulation et sans l'appui des
pouvoirs publics : la mise à l'écart mi-juin 2013 des services
audiovisuels des négociations portant sur l'accord de libre échange
UE-USA au nom de l'exception culturelle a été une première
victoire pour la diversité culturelle européenne. Une culture
européenne qui doit réussir à se maintenir en terme de pluralisme
et de diversité : la diffusion au plus grand nombre permise par
les plateformes numériques doit être utiliser comme un atout
permettant de préserver cette diversité.
Patrick Zelnik poursuit
« Je
compte sur des personnalités comme Steven Spielberg pour être les
porte-parole des créateurs. Cet homme qui est devenu un géant
d’Hollywood après avoir été un artisan de génie à ses débuts,
n’aura aucun mal à aller voir Larry Page de Google, pour lui
expliquer que si le cinéma meurt, internet n’aura plus grand chose
à montrer sur Youtube ! ».
Un désir pas si loin de la réalité : au dernier festival de
Cannes,
Steven Spielberg avait ainsi surpris son monde en
soutenant les systèmes de régulation culturel français :
« l’exception
culturelle est le meilleur moyen de préserver la diversité du
cinéma » avait il ainsi déclaré.