Instagram : 300 millions d’utilisateurs et de nouveaux procédés marketing

Instagram, acquis par Facebook pour 1 milliard de dollars en 2012, prend de la hauteur. Pendant longtemps trainant la patte derrière Twitter, voilà que la croissance du réseau social partageant photos et vidéos s’accélère.

 La barre des 300 millions d’utilisateurs est franchie. Cela ouvre un boulevard économique à la plateforme, qui a déjà commencé la diffusion de spots publicitaires, mais aussi aux marques qui peuvent utiliser les clichés pour obtenir des informations.
Lancé  le 21 mars 2006, Instagram a mis du temps à décoller. Il a fallu que Facebook le rachète pour que les chevaux s’emballent. Le 10 décembre, Facebook a dévoilé les derniers chiffres et ils sont impressionnants. Instagram peut aujourd’hui revendiquer 300 millions d’utilisateurs et 16 milliards de photos partagées (dont 70 millions par jour).
"Avec davantage de personnes qui nous rejoignent, il est essentiel de conserver l'authenticité d'Instagram", s’est félicité Kevin Systrom, le patron du réseau social. Il dit vouloir limiter "les comptes faux ou spammeurs qui sont un fléau pour une grande partie d'Internet".
Il continue par ailleurs d’en enrichir les fonctionnalités. Comme Twitter l’avait fait en 2009, Instagram à l’intention de mettre en place très prochainement des badges afin de certifier les comptes des "célébrités, athlètes et marques" et de procéder à la suppression définitive, tout aussi prochainement, des nuisibles que sont les comptes identifiés comme « spammeurs ».
Il est aussi venu le temps de sérieusement monétiser cette manne économique aux gigantesques perspectives. Petit à petit, la plateforme diffuse des publicités sur ses différents marchés. Les utilisateurs américains ont été les premiers à connaître cette évolution. En septembre 2014, c’était au tour des Anglais d'afficher des posts sponsorisés. Viendront ensuite le Canada et l’Australie. À long terme, la France ne devrait pas y échapper non plus.
James Quarles, ancien directeur régional de Facebook, a été propulsé au rang de directeur commercial de l'application ce qui laisse penser que la plateforme va encore développer d’autres moyens de monétisation. Instagram est aussi un nouvel eldorado pour les marques qui trouvent le moyen de récolter un grand nombre d’informations sur les consommateurs.
C’est le fonds de commerce d’une entreprise comme Ditto Labs qui est parvenu à lever plusieurs milliards d’euros afin de mettre au point une technologie scannant toutes les photographies publiées « publiquement » en ligne. David Rose, son créateur diplômé de Harvard, en explique le fonctionnement : « L’outil cherche pour chaque image publiée sur Instagram, Tumblr et Twitter s’il y a du texte dans la photographie et recherche parmi 5 000 logos représentant environ 3 000 marques».
«Parfois, des internautes prennent des photos dans leur salle de bains sans se rendre compte qu’il y a des produits en arrière-plan, que nous détectons. La plupart des marques qui apparaissent sur les images sont là de manière "accidentelle". Comme une liqueur sur une table, une enseigne de mode en fond», explique-t-il.
Les agences publicitaires et les entreprises sont des milliers à recourir aux services de Ditto Labs et ont donc accès à toutes les images en rapport avec leur activité et à toutes les informations qu’elles peuvent véhiculer. Prix de cet accès : 2 000 euros par mois. Les informations recueillies sont spécifiques, mais parfois très précieuses d’un point de vue marketing : «En faisant des recherches pour Harley-Davidson, on a découvert que beaucoup de femmes qui achetaient des motos de la marque aimaient les customiser sur le style du nail art », a relaté David Rose.
Plus encore, l’entreprise dispose d’un outil permettant aux marques de cibler et de contacter individuellement les internautes afin de leur offrir des services ou des produits gracieusement. Objectif ? Inciter les internautes à poster encore plus de photos en faveur de leur marque. La machine n’a donc pas fini de s’emballer, et la plateforme d’exploiter plus avant une manne économique qui a tout l’air d’être inépuisable.