Twitter a-t-il vraiment un problème avec la pornographie ?

Twitter a-t-il vraiment un problème avec la pornographie ? On dénombrerait 10 millions de profils Twitter associés à du contenu adulte. De quoi rebuter certaines marques dont les tweets sponsorisés ont été associés à ce type de contenu.

La mansuétude de Twitter vis-à-vis du porno pourrait lui jouer des tours. Beaucoup moins bégueule que Facebook et Apple en ce qui concerne les contenus "adultes", la plateforme de micro-blogging vient en effet de subir le contre-coup de ce parti pris avec l'annonce par Nielsen, le spécialiste de la data télévisuelle, de l'arrêt de ses campagnes de tweets sponsorisés suite à l'apparition de certains d'entre eux au sein de contenus de ce type. Un tweet Nielsen avait en effet été incrusté au beau milieu des deux pages de profils dont les noms, "Daily Dick Pictures" et "Homemade Porn", ne laissent aucun doute quant au contenu que l'on y trouve. 

Un bug, nous explique un porte-parole de Twitter. "L'intrusion de publicités au sein des pages profils est en test aux Etats-Unis et comme toute expérimentation connait parfois des couacs." "Le temps que Twitter résolve ce problème, nous avons temporairement suspendu notre campagne", a rétorqué un porte-parole de Nielsen. Et ce dernier n'est pas seul à avoir expérimenté un tel désagrément. Adweek cite ainsi le cas de Duane Reade, NBC Universal et Gatorade.

Un problème de brand safety qui touche toutes les plateformes UGC

La problématique de la "brand safety" est aujourd'hui, avec celle de la visibilité, l'une des préoccupations majeures des agences et des annonceurs. Même si l'on ne jure aujourd'hui que par le fameux "achat d'audience", le contexte de diffusion reste clé pour les annonceurs. "Et des plateformes comme Facebook ou Youtube, aussi performantes soient-elles en matière de ciblage, souffrent d'ailleurs elles aussi de ce déficit en matière de qualité du contexte", rappelle Nael Hamameh, directeur associé au sein du groupe Mazarine You-to-You. Tout simplement parce qu'elles ne sont quasiment jamais à l'origine du contenu associé à la publicité de la marque. 

On touche en fait aux limites du ciblage d'audience

Sur Twitter, on peut ainsi cibler un utilisateur selon ses centres d'intérêts, sa localisation, les comptes qu'il suit... mais pas les contenus qu'il consulte. De sorte qu'on peut en arriver à le "toucher" dans des environnements loin d'être "brand safe". Et le contenu peut parfois s'avérer au pire offensant, au mieux de faible valeur ajoutée. Une vraie épine dans le pied de Twitter. 

Pour cause, Robert Peck, un analyste de chez SunTrust Robinson Humphrey, estime ainsi que ce sont pas moins de 10 millions de comptes Twitter qui seraient consacrés au partage de contenu pornographique. Un chiffre important qui s'explique par la politique relativement libre de Twitter sur le sujet, qui ne censure que les profils enfreignant la loi. "Suivre un profil partageant du contenu adulte implique de s'y abonner et procède donc d'une démarche proactive que nous voulons respecter", explique un porte-parole de Twitter avant de préciser que le nombre d'utilisateurs vraiment intéressés par ce type de contenus est "très faible". D'autant que tout utilisateur peut paramétrer son compte pour ne pas être exposé à du contenu choquant et que Twitter exige des utilisateurs qu'ils ne mettent pas de contenu explicite au sein de leur photo de profil et cover picture.  

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L'utilisateur peut demander à ne pas être exposé à du contenu adulte et préciser qu'il en diffuse lui-même.  © Twitter

Twitter est par ailleurs beaucoup plus strict en matière de promotion de contenus adultes. Nael Hamameh juge à ce titre les règles de la plateforme "bien plus intelligentes que celles de Facebook, avec des exceptions qui sont faites pour les contenus ayant trait à l'éducation sexuelle, le nu artistique ou l'allaitement". Autant de sujets sur lesquels la société de Marc Zuckerberg a récemment été épinglée. 

Longtemps tancé pour des faits de harcèlements au sein de sa plateforme ou des propos faisant l'apologie du terrorisme, Twitter a même récemment introduit un filtre qui lui permet de retirer les abus et contenus offensants. Un moindre mal pour une plateforme qui a déjà du mal à attirer les annonceurs et atteindre ses prévisions de croissance. Au premier trimestre 2015, le chiffre d'affaires de la société s'est ainsi établi à 436 millions de dollars contre 456,8 millions de dollars attendus.