Philippe Bailly (NPA Conseil) "Les plateformes média mêlent de plus en plus contenus et services"

Le président du cabinet de conseil nous en dit plus sur la 22e édition du Colloque NPA - Le Figaro qui se déroulera le 3 novembre prochain, dans l'enceinte de la Maison des Travaux Publics.

JDN. Le monde des médias, notamment en France, est marqué par une forte vague de concentration depuis quelques mois. A quoi attribuez-vous ce phénomène ?

Philippe Bailly © NPA Conseil

Philippe Bailly (NPA Conseil). Tous les maillons de la chaîne de valeur sont concernés. Depuis le début de l’année on a même du mal à compter les deals ! Pure players, avec CCM Benchmark et Le Figaro ou Webedia avec Millenium.org, Coté Ciné, Mixicom, Paramaker... Mais aussi éditeurs de presse écrite avec Libération, L’Express, L’Etudiant et les autres publications de Rossel France passés chez Altice, ou le raprrochement entre Le Parisien et Les Echos au sein de LVMH. Les radios et les télés ne sont pas en reste avec NextradioTV et Altice, ou Radio Nova et Matthieu Pigasse, comme les régies avec Tradedoubler et Reworld Media, les groupes de production audiovisuelle avec Boomerang TV et Lagardère Studio, Zodiak et Banijay, Endemol et Shine, ou dans le cinéma entre Mars et Vivendi… 

On peut y voir au moins trois raisons : d’abord, le secteur connait depuis plusieurs années une situation économique compliquée, marquée par la baisse des recettes publicitaires et par une crise du pouvoir d’achat qui affecte les offres payantes. Tout cela a joué sur les valorisations des entreprises du secteur et les a rendu moins chères. Il y a ensuite le mouvement de transformation numérique, les synergies et les transferts de savoir-faire attendus de ces opérations. Et n'oublions pas la valeur que conservent les marques médias, dans un monde d’hyperabondance où leur valeur de référence est précieuse.

Quel est, selon vous, le principal enjeu d'une marque média à l'heure de l'hyperabondance des contenus, de leur hyperdistribution et de l'hyper connectivité du lecteur ?

L’enjeu, c’est d’être présent sur l’ensemble des points de contacts avec le consommateur / lecteur / auditeur / téléspectateur / internaute, en adaptant ses contenus au contexte technique (taille de l’écran…) mais aussi au contexte d’usage dans lequel ils sont consommés. Et le tout sans dégrader son modèle économique : c'est-à-dire reconstituer ses recettes et ne pas être englouti sous les coûts de développement des nouveaux moyens de production.

Cette 22ème édition du Colloque NPA-Le Figaro est marquée par l'arrivée de start-up dans les tables-rondes. Pourquoi une carte-blanche à ces nouveaux invités ?

Nous donnons régulièrement la parole à des start-up. Mais nous avons voulu effectivement le faire de manière plus importante afin de susciter un échange entre ceux qui sont totalement libres d’inventer au quotidien les contenus et les services de demain, et ceux dont le challenge consiste à transformer des entreprises existantes, à renouveler leurs offres et leurs modes de fonctionnement. Nous sommes persuadés que cette confrontation sera féconde !

Comme d'habitude la journée sera clôturée par les SMA Awards. Ces trophées de la meilleure expérience audiovisuelle ont-ils fait émerger une tendance particulière ?

La double tendance de l’année, c’est l’affirmation de plateformes de contenus de plus en plus globales, mêlant les contenus de différentes chaînes et intégrant une forte dimension de service. La nouvelle appli MyTF1 intègre TMC et NT1, 6Play vient d’être refondue et on attend le lancement de Molotov.TV. L’autre tendance, ce sont les opérations évènementielles qui construisent une expérience globale en associant antenne, réseaux sociaux et Web. Je pense par exemple à l’opération qu’Equidia a monté il y a quelques mois autour de l’attente de la naissance d’un poulain.

Philippe Bailly est président de NPA Conseil, cabinet de conseil spécialisé dans le secteur des médias et des services numériques. Il supervisera à ce titre la 22e édition du Colloque NPA - Le Figaro, qui se déroulera le 3 novembre prochain dans l'enceinte de la Maison des Travaux Publics, avec pour coeur de réflexion la société de l'omnimedia et la façon dont les métiers de l'édition et la distribution de contenus doivent se réinventer à l'heure de l'hyperabondance et de l'hyperconnectivité du public.