Odyssey veut devenir le Youtube de la presse Web

Odyssey veut devenir le Youtube de la presse Web La start-up new-yorkaise met à contribution plus de 10 000 plumes issues des bancs des facs américaines. L'enjeu pour son fondateur : trouver un modèle de monétisation pérenne.

Le JDN vous propose, en partenariat avec FrenchFounders, une série hebdomadaire sur les start-up new-yorkaises qui disruptent le marché des médias et de l'adtech. Aujourd'hui, découvrez Odyssey.

Odyssey est sorti du bois fin avril dernier à l'occasion d'une levée de fonds de près de 25 millions de dollars, menée notamment par Michael Lazerow, célèbre entrepreneur US (connu pour avoir vendu Buddy Media à Salesforce pour la coquette somme de 800 millions de dollars). Un Michael Lazerow qui après sa rencontre avec Evan Burns, le fondateur d'Odyssey, a dit "ne pas avoir entendu un pitch aussi excitant depuis celui de Jonah Perreti, le fondateur de Buzzfeed".

Fondé en 2014, Odyssey est alors décrit par Business Insider comme un "journal de fac sous stéroides". Avec une audience de 30 millions de visiteurs uniques chaque mois (contre 20 millions en novembre dernier) et près de 10 000 contributeurs âgés entre 18 et 28 ans, on peut dire que les anabolisants font leur effet. Sur la homepage du site, le message est limpide : "Nous sommes une plateforme de découverte de contenus et une caisse de résonance pour les voix des millennials sur les sujets qui leur sont chers." Politique, people, sports… ces derniers sont ceux que l'on retrouve généralement dans les rubriques de la presse Web traditionnelle.

Pas un média mais un groupe tech

N'allez pas dire pour autant à Evan Burns qu'il a lancé un groupe média. Non, "Odyssey est un plateforme tech", revendique-t-il. Il est vrai qu'Odyssey a très tôt développé un CMS propriétaire baptisé "Muse". Le positionnement tech lui permet sans doute de justifier au passage l'absence de rémunération des contributeurs, en leur offrant comme le font Blogger ou Medium des outils de publication.

Dans un modèle qui a fait les beaux jours du Huffington Post et de la presse participative, Odyssey fait le tri entre les candidats, leur demandant de soumettre un article par semaine. Ce sont les 70 salariés d'Odyssey qui sont ensuite chargés de la curation de ces derniers. Charge à l'auteur et à son réseau de booster la visibilité des articles sur les réseaux sociaux. A la clé, "des taux d'engagements 2,5 à 4 fois supérieurs aux résultats qu'il obtiendrait en publiant sur son propre blog", explique Evan Burns.

Des annonceurs facturés au nombre de vues et de partages

Le business model d'Odyssey, qui agrémente ses pages de publicités, se nourrit donc essentiellement de l'ego de ses jeunes contributeurs, prêts à sacrifier leur rémunération contre la promesse de beaucoup de visibilité. Et les annonceurs sont eux-mêmes facturés en fonction des partages obtenus sur les réseaux sociaux.

Conscient que le modèle n'est sans doute pas tenable sur le long terme, surtout s'il veut élargir sa base de contributeurs à des tranches d'âges plus élevées, Evan Burns veut aujourd'hui passer à un nouveau stade. Il annonce vouloir créer un modèle de rémunération inspiré de Youtube, calibré sur l'engagement suscité par chaque papier. "Les éditeurs doivent mettre l'accent sur le partage de revenus et l'utilisation de la data pour faire de la pertinence et de l'engagement la nouvelle devise", explique-t-il. Plus un auteur serait lu et partagé, plus il serait rétribué. De quoi l'inciter à activer son réseau à chaque nouvelle publication et à booster un peu plus le nombre de pages vues d'Odyssey.

Pour cela, Evan Burns a révélé il y a quelques jours, à l'occasion d'un événement média à New-York, les contours d'une nouvelle plateforme, en beta. Baptisée Odyssey 2.0, elle promet une expérience personnalisée pour les lecteurs et créateurs de contenus. Les premiers pouvant créer leur propre profil et suivre les auteurs qu'ils affectionnent. Cette nouvelle mouture, qui sera ouverte à tous dans quelques semaines, doit permettre à Odyssey de passer la surmultipliée.

Article précédent de la série "En direct de NY" :