La vérification de l'identité, un outil de lutte contre la désinformation et les contenus extrémistes

En connectant le monde et en donnant une voix à ceux qui n'en ont généralement pas, comme ce fut le cas avec le mouvement #MeToo, les réseaux sociaux offrent, certes, un outil précieux à des milliards de personnes à travers le monde, mais ils n’opèrent pas sans conséquences. Les élections américaines et européennes, et bien sûr le Brexit et le scandale de Cambridge Analytica en sont des exemples.

Fin août, des trolls ont tenu des propos racistes sur Twitter à l’encontre de Paul Pogba du Manchester United pour avoir manqué un penalty. Plus récemment, c'est Jack Dorsey, patron de Twitter, qui s'est fait pirater son propre compte, le hacker en a profité pour publier des tweets de messages insultants et racistes. Mais comment ont-ils pu en arriver là ? Il est, en effet, facile de rester anonyme sur les réseaux sociaux puisque tout ce qu'il faut pour créer un faux compte est une adresse e-mail, un mot de passe et un nom (Facebook a supprimé plus de 2 milliards de faux profils le trimestre dernier). N’importe qui peut alors perpétrer des actes odieux sous couvert de ces faux comptes, sans être tenu pour responsable. 

Les mesures mises en place sont-elles suffisantes ?

Les géants des réseaux sociaux subissent des pressions croissantes pour s’engager à protéger leurs utilisateurs de ce genre contenu. La France a déjà pris des mesures afin de lutter contre ce phénomène, Mark Zuckerberg a rencontré le Président de la République Emmanuel Macron pour échanger sur le rôle de la plate-forme dans la diffusion de discours haineux et de désinformation. Facebook a reconnu qu’il devait faire davantage et a notamment accordé aux tribunaux français l’accès aux adresses IP pour les aider à identifier les auteurs de ces publications. En juillet dernier, l'Assemblée nationale a également approuvé largement une proposition de loi qui oblige plateformes et moteurs de recherche à retirer les contenus « manifestement » illicites sous 24 heures, sous peine d'être condamnés à des amendes jusqu'à 1,25 million d'euros.

Mais est-ce suffisant ? Connaître l’adresse IP est un premier pas, mais étant donné l’ampleur du recours aux logiciels VPN qui masquent la véritable adresse IP d'un ordinateur, il faudra aller encore plus loin. Connaître l’identité juridique liée au compte du réseau social en question serait, par exemple, une approche pertinente. Cela faciliterait grandement les enquêtes et la responsabilisation de chacun et aiderait le public à regagner confiance dans les plateformes de réseaux sociaux.  Une meilleure vérification de l'identité permettrait réellement d'améliorer l’image et la réputation d'un réseau social et inciterait les auteurs de ces atrocités à y réfléchir à deux fois avant de commettre de tels actes.

L'identité, clé pour créer un monde plus ouvert

Il est nécessaire de travailler activement avec les plus grandes sociétés de réseaux sociaux pour les aider à fournir un moyen plus sûr et plus fiable d'authentifier leurs utilisateurs au lieu d'utiliser le courrier électronique ou l'authentification à deux facteurs qui ne relie pas efficacement le compte avec une personne physique.

Selon le cas d'utilisation, il existe 2 moyens d’y remédier. Pour les robots, qui sont essentiellement des algorithmes informatiques qui imitent le comportement humain sur les réseaux sociaux pour répandre la désinformation, il est possible d’introduire périodiquement des tests de « vivacité ».  Ces tests agiraient comme un captcha[1] où le titulaire du compte aurait besoin d'effectuer une vidéo selfie afin de procéder à un post d’article sur son compte.

Pour les profils plus populaires avec beaucoup de followers ou des entreprises souhaitant faire de la publicité, il est possible d’introduire un processus en deux étapes appelé « doc and face ». Le titulaire du compte doit alors prendre une photo de sa pièce d'identité, qui est ensuite analysée à l'aide de l'apprentissage automatique pour vérifier si elle est authentique. Le titulaire prend enfin un selfie afin de comparer ses données biométriques faciales et les faire correspondre à la personne identifiée.

En utilisant de telles méthodes, il est possible d’aider les réseaux sociaux à stopper la diffusion de fausses informations via les robots, comme avec les récentes accusations entourant les émeutes de Hong Kong. Cela rendrait les propagateurs de discours haineux responsables de leurs actes et aiderait les entreprises à créer un climat de confiance. 

Avec 4,8 milliards de personnes, soit 48 % de la population mondiale, possédant un compte sur les réseaux sociaux, nous avons la responsabilité d'agir maintenant avant que le discours haineux ne devienne la nouvelle norme et qu’il soit impossible de distinguer les vraies actualités des fake news. Continuons donc à utiliser les réseaux sociaux pour tous les avantages qu'ils ont apportés et qu'ils continueront d'apporter au monde, mais associés à une forte protection anti-troll à ses côtés, une vérification forte de l’identité.

[1] Test requis pour accéder à certains services sur Internet, qui consiste à saisir une courte séquence visible sur une image, afin de différencier les utilisateurs humains d'éventuels robots malveillants.