Faut-il acheter des actions Twitter ?

Faut-il acheter des actions Twitter ? Le site de micro-blogging veut lever 1 milliard de dollars en bourse. Au delà des perspectives de croissance se pose la question d'investir dans une société toujours pas rentable.

La révélation par Twitter de ses performances financières (lire l'article,Comment Twitter veut devenir un géant du Web, du 04/10/2013), entraîne beaucoup d'interrogations sur  la capacité du site de micro-blogging à devenir un jour rentable. Alors, faut-il acheter des actions Twitter lors de l'introduction en bourse de ce dernier ? Une question d'autant plus cruciale que l'introduction en bourse ratée de Facebook a pu échauder certains investisseurs. Toutefois, la situation pré-IPO du site de micro-blogging diffère de celle de son rival.

Alors qu'on doutait à l'époque de la capacité de Facebook à prendre le virage du mobile, tandis qu'il n'avait pas encore d'offre publicitaire sur ce canal, Twitter a annoncé réaliser 65% de ses revenus publicitaires et 75% de ses visiteurs uniques sur mobile, au cours du 2nd trimestre. De fait, le principal défi du côté de Twitter est d'amener une activité déficitaire à la rentabilité. Et pour cause, la société a réalisé 253,6 millions de chiffre d'affaires sur les 6 premiers mois de l'année, pour 69,3 millions de dollars de pertes. Sa marge opérationnelle avant dépréciation, amortissement et impôts est de 8% au 2nd trimestre, contre 35% chez Facebook. Il faut dire que Twitter s'est engagé dans une stratégie d'investissement prononcée, avec des acquisitions et le déploiement d'une plateforme publicitaire en libre-service.

Une croissance de 7% des utilisateurs contre 23% pour Facebook.

Problème, le site reste prudent sur ses perspectives de croissance. "Nous nous attendons à ce que celle-ci ralentisse à l'avenir sous l'effet combiné de plusieurs facteurs, parmi lesquels le ralentissement progressif de la croissance de notre base d'utilisateurs", préfère-t-il avertir. Un ralentissement de sa croissance qui est d'ailleurs déjà en cours. Le nombre d'utilisateurs mensuels uniques n'a crû que de 7%, entre le 1er et le 2e trimestre. En comparaison, celui de Facebook a évolué de 23%, sur la même période. Inquiétant lorsque l'on sait que ce dernier culmine à plus d'1 milliard d'utilisateurs, quand Twitter n'en est encore "qu'à" 218 millions. "L'entrée en Bourse de Twitter marque l'apogée de l'entreprise, pas le début de sa croissance", a d'ailleurs prophétisé Trip Chowdhry, analyste chez Global Equity Research. La croissance du chiffre d'affaires ne lui donne pas forcément tort, passant de +198% entre 2011 et 2012 à +107% sur le premier semestre 2013.

Une introduction en Bourse plutôt prudente

Sans doute conscient des incertitudes qui pèsent sur son business model Twitter opte d'ailleurs pour la prudence. Soucieux de ne pas inonder le marché comme l'avait fait son rival en émettant pour 16 milliards de dollars d'actions, le site veut lever "seulement" 1 milliard de dollars à cette occasion, dans le cadre d'une valorisation d'environ 15 milliards de dollars. Cela reste tout de même 15 fois le chiffre d'affaires espéré par les analystes en 2013. Mais ce multiple reste dans la lignée de ceux appliqués aux sociétés à forte croissance de l'industrie. Il était de 14 lors de l'IPO de Facebook. Les investisseurs ne devraient d'ailleurs par bouder leur plaisir et se ruer sur l'action, en témoigne, l'explosion des opérations autour de l'action de Tweeter Home Entertainment Group, qui à la faveur d'une confusion phonétique (les codes boursiers ne diffèrent que d'une lettre) a vu son titre afficher une hausse de 600% avant que le régulateur de la bourse n'intervienne. Car la promesse de Twitter en matière de big data et de social TV reste très alléchante. Pour cause, derrière ces pépiements de 140 signes se cachent en effet des milliards d'informations précieuses concernant les centres d'intérêts et préoccupations des consommateurs.