Quelle place accorder aux cryptomonnaies dans son patrimoine ?

Marquée par la révolution fiscale promise par Emmanuel Macron, l'année 2018 signe également un tournant pour le secteur de la gestion de patrimoine qui, du fait de l'essor des cryptomonnaies, se doit de faire peau neuve.

Gestion de patrimoine : quid de la cryptomonnaie ?

Depuis quelques mois le bitcoin affole les médias et les investisseurs. Créé par Satoshi Nakamoto en 2009, son cours s’envolait en 2016 et 2017 pour s’effondrer en 2018 après avoir frôlé les 20 000 euros et redescendre autour de 7000 euros, forçant les instances financières internationales et les groupements d’investisseurs à prendre conscience de la valeur de la cryptomonnaie et de son rôle sur l’économie. Quid de la cryptomonnaie et de son avenir ? Est-il judicieux ou non d’investir dans ces monnaies virtuelles et de les prendre en compte dans la gestion de son patrimoine ?

Tout ce que vous devez savoir sur la cryptomonnaie avant d’investir

Avant d’intégrer les cryptomonnaies dans une gestion d'actifs, il faut tenir compte d'éléments spécifiques à celles-ci. Le bitcoin, le ripple ou l’ethereum, pour ne citer qu'elles, sont des unités monétaires virtuelles conservées dans un porte-monnaie électronique sécurisé. Elles permettent à leurs détenteurs de commercer sans utiliser une devise traditionnelle. Pour l’instant, la France ne reconnaît pas la légalité de cet actif, a contrario du Japon où il est devenu officiellement un moyen d’échange commercial, ou des Etats-Unis. Cependant face à son succès, les épargnants et les fonds de placements sont de plus en plus nombreux à vouloir l’intégrer dans leur gestion d’actifs. Un engouement qui alerte les autorités de régulations financières. Investir dans une monnaie cryptée comporte un risque important du fait de sa forte volatilité. Une fois ceci admis, vouloir en posséder dans sa gestion d'actifs peut être intéressant pour comprendre cet écosystème. Concrètement, il faut investir dans les monnaies cryptées une somme qui n'aura pas d'incidence majeure sur votre gestion de patrimoine.

La forte instabilité de la cryptomonnaie

Pour les curieux qui souhaitent comprendre son mécanisme, elle est recommandée exclusivement à ceux qui ont une bonne tolérance aux fluctuations inattendues. Dans le cadre d’une gestion de patrimoine classique ou prudente, il est préférable pour le moment de l’exclure, car ces cryptomonnaies font l’objet d’une spéculation qui joue sur leur cours à la baisse comme à la hausse. Elles sont également bien plus sensibles aux aléas du contexte politique et économique que les monnaies traditionnelles.

Quelle part donner aux monnaies cryptées dans la gestion d'actifs ? 

La prudence étant de mise, les monnaies cryptées doivent constituer un très faible pourcentage de votre gestion d'actifs. Même s’il existe des sites sécurisés, le piratage est toujours possible. Cependant si des sommes importantes ont été volées, les protocoles reposant sur le système de la blockchain, réputée pour sa fiabilité, n'ont jamais été piratés. Désormais, l'organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financier (SEC) reconnaît le token (unité d'une monnaie cryptée) et l’apparente à une action, l’obligeant, de fait, à se soumettre aux règles du marché. Dans les années à venir, des changements dans ce sens interviendront également en Europe, vu l’intérêt manifeste des épargnants de tout ordre et des start-up pour la cryptomonnaie.

Qu'en est-il de la fiscalité ?

Le 26 avril dernier, le Conseil d’Etat a décidé de revoir et d'alléger la fiscalité applicable aux plus-values réalisées sur les crypto-monnaies. Si le trading ne représente qu'une activité occasionnelle, les plus-values que vous pourriez réaliser ne seront effectivement plus soumises au régime des BNC (Bénéfices Non Commerciaux) mais au régime des biens meubles. 
Ainsi, celles-ci seront désormais taxées au taux unique de 19%. Auparavant, et selon votre tranche d'imposition, ce taux pouvait monté jusqu'à 45%. Les prélèvement sociaux, de 15,5% en 2017 et de 17,2% pour 2018, viennent également s'ajouter à votre calcul.  Il est également bon de retenir que le régime de biens meubles propose un abattement pour durée de détention après 3 ans. A hauteur de 5% par an, l'exonération totale des plus-values au titre de l'impôt sur le revenu est ainsi acquise à l'issue d'un délai de détention de 22 ans. De même, si la valeur de revente n'excède pas 5 000 euros, le régime prévoit une exonération totale d'impôt. Inutile de vous dire que le fisc reste extrêmement vigilant à ce propos et qu'il ne sera pas possible de cumuler de "petites" transactions sans passer outre une requalification de votre activité liée à la cryptomonnaie et le retour au régime BIC (Biens industriels et commerciaux), qui s'avère bien moins favorable. Le taux d’impôt d’imposition progressif sur le revenu n'est ainsi plus retenu.
Néanmoins, si le trading des crypto-monnaies représente votre activité principale, vous seriez à nouveau sujet à la fiscalité précédente. La question de la fiscalité doit être sérieusement abordé pour les petits investisseurs et/ou apprentis traders qui ont ponctuellement gagné des cryptomonnaies en quantité assez importante pour être prises en considération.

Comment rapatrier les fonds engendrés et les transformer en devises plus classique comme l’euro ? 

Convertir ces diverses devises en euros pour ensuite les transférer sur son compte bancaire s'avère relativement simple, mais une multitude de paramètres liés à la fiscalité de ces nouvelles monnaies doivent impérativement être intégrés à votre réflexion avant de vous lancer dans la cryptomonnaie.  

En conclusion 

A moins d’avoir déjà un patrimoine conséquent, diversifié, et d’accepter des risques élevés, notre conseil est de rester à l’écart de ces "monnaies" pour éviter des pertes qui ne seraient pas virtuelles ! Faire appel à un conseiller financier peut également s'avérer fortement utile si de plus vous n'êtes pas à l'aise avec cette nouvelle fiscalité.