Télécoms : faire la différence avec des services centrés sur les applications

Les opérateurs qui ne se différencient pas de leurs concurrents voient leurs marges s'effondrer parallèlement à la baisse régulière du coût de la bande passante et à la migration des clients vers des réseaux TCP/IP moins coûteux, tels que les réseaux privés virtuels MPLS.

Le trafic de données à faible marge commence à prendre le pas sur les réseaux vocaux à forte marge, et la montée en puissance rapide de la voix sur IP accélère cette tendance en transformant le trafic vocal en trafic de données. Pour faire face à cette évolution du marché et maintenir leur chiffre d'affaires, les opérateurs de télécommunications doivent revoir leur stratégie et développer des offres de services optimisant leur chaîne de valeur.

Jusqu'à présent, l'augmentation du trafic ayant partiellement compensé la baisse des prix, les opérateurs ont pu conserver leur marge globale. Cependant, l'augmentation continuelle de la bande passante dans les entreprises touche à sa fin.

Les clients sont las de ces mises à niveau et constatent qu'elles ne résolvent pas, à elles seules, tous leurs problèmes. Les directeurs financiers ne continueront vraisemblablement pas à approuver des augmentations de bande passante, surtout si elles ne mettent pas fin aux problèmes de performance.

Il en résulte une opportunité pour les opérateurs. Un accès rapide et fiable aux applications étant souvent indispensable, il est extrêmement important que celles-ci soient fournies correctement.

Ceci dit, en période de pointe, les réseaux sont souvent encombrés, ce qui les ralentit et affecte le fonctionnement des applications. Les applications vocales et vidéo en temps réel sont les plus susceptibles d'être touchées car les problèmes tels que les temps d'attente, les fluctuations ou la perte de paquets ont un impact plus important sur leur fonctionnement.

En outre, de nombreuses applications n'ont pas été spécialement conçues pour parcourir les longues distances d'un réseau étendu et, par conséquent, leur fonctionnement en pâtit.

Tout cela aura un impact important sur la productivité et les conditions de travail des utilisateurs finaux, qui se tourneront vers l'administrateur du réseau pour qu'il trouve une solution garantissant le bon fonctionnement de leurs applications les plus importantes. Les opérateurs capables d'offrir un service répondant à ce besoin seront beaucoup plus attractifs face à leurs clients potentiels et augmenteront leurs marges.

La grande majorité des administrateurs de réseaux sont actuellement en quête d'une solution afin d'avoir une plus grande visibilité sur le trafic de leur réseau étendu et de mieux le contrôler. Sachant cela, certains opérateurs ont pris les devants en proposant des services centrés sur les applications et le transport du trafic critique.

C'est par exemple le cas des services AAI (Application Assured Infrastructure) de BT, RTAC (Real-Time Application Control) de Telindus, APM (Application Performance Management) de SwissCom, de Network Boost d'Orange Business Services et du service centré sur les applications de Cable & Wireless.

Ces opérateurs sont déjà en pole position sur le marché et l'Europe semble devancer sérieusement les États-Unis quant à la reconnaissance de la demande de services centrés sur les applications. Ils peuvent toutefois aller plus loin pour distancer encore plus leurs concurrents.

Pour ce faire, ils doivent reconnaître que la fourniture et le bon fonctionnement des applications ne représentent pas seulement une opportunité rémunératrice. C'est en fait une priorité pour les administrateurs de réseaux, au point qu'ils rechercheront bientôt des contrats de niveau de service (SLA) leur offrant les garanties qu'ils sont censés offrir eux-mêmes à leurs utilisateurs finaux.

Actuellement, les SLA sont généralement centrés sur le fonctionnement du réseau lui-même (par exemple, la disponibilité), ainsi que le support fourni par l'opérateur en cas de problèmes tels qu'une panne du réseau. Les administrateurs de réseaux accordant de plus en plus d'importance au résultat final, à savoir le fonctionnement des applications, plutôt qu'au choix d'un réseau au détriment d'un autre, ils ne tarderont probablement pas à attendre des opérateurs un changement d'approche correspondant à leur priorité.

Les opérateurs capables de répondre au plus vite à cette attente en intégrant à leurs SLA des critères de performance pour les applications les plus importantes d'une entreprise auront vraisemblablement un avantage concurrentiel sur un marché qui tend à se banaliser.