Galileo contre GPS : dernier round… en 2013

Le 23 avril dernier a été - enfin - votée par le Parlement européen la mise en oeuvre du système européen de radionavigation. Mais n'est-il pas trop tard ?

Le 23 avril dernier a été (enfin) votée par le Parlement Européen la mise en oeuvre du système européen de radionavigation, socle juridique indispensable au lancement des appels à l'industrie pour la mise en orbite des satellites du projet. Seuls deux des 30 satellites du projet sont aujourd'hui en orbite, quatre autres doivent suivre en 2010 et le reste d'ici 2013, date de la première année d'exploitation envisagée de Galileo.

 

Force est de constater que le planning initial du projet Galileo a effectivement pris du retard. Pour mémoire, il a fallu attendre le 26 mars 2002 pour obtenir l'affranchissement du système de la tutelle des autorités gouvernementales américaines en matière de radionavigation, accord d'autonomie avec les Américains que nous avons mis plus de 4 ans à obtenir ! Sans parler de l'impasse politique qu'a connue le projet en 2007 face à l'échec du programme de co-financement par les industriels...

 

Alors, n'est-il pas trop tard ? Nous ne sommes pas les seuls à penser que la liberté en matière de géo positionnement est un vrai enjeu stratégique et politique. Personne ne peut en effet rester sourd aux remarques de ceux qui affirment que l'Inde, la Chine, ou encore la Russie prennent de l'avance pour concurrencer le GPS, avec leurs projets respectifs Beidou, IRNSS et Glonass. Cette dynamique doit au contraire conforter notre décision d'autonomie face au GPS.

 

Le plus important aujourd'hui est donc de regarder vers l'avenir. Si Galileo se veut techniquement plus performant que le GPS, en termes de précision et de sécurité notamment, représentant ainsi une alternative fiable à son concurrent américain, les perspectives économiques sont également au rendez-vous.

L'échéance de 2013 laisse en effet le temps aux industriels de se positionner sur les technologies émergeantes et de nouer des partenariats pertinents autour des services et des applications de localisation de précision.

 

Cette échéance permettra également de sensibiliser les citoyens que nous sommes à leurs usages. On oublie souvent les aspects pédagogiques et les impacts sociétaux de l'arrivée des technologies de géolocalisation dans nos vies. Car nul doute que les spécificités de Galileo vont offrir des champs d'application encore inexplorés...

 

Je pense notamment à de nouvelles approches de la géomercatique, qui est sans aucun doute à l'aube d'une révolution culturelle, celle de l'identification volontaire des consommateurs !

Une rupture volontaire de l'anonymat pourrait en effet concourir à de nouvelles méthodes de modélisation dynamique du consommateur en fonction de leur profil, de leur comportement, de leurs habitudes d'achats et bien sûr de leur position géographique ; une nouvelle étape donc, dans la discipline du géomarketing, qui profitera à tout type d'entreprise souhaitant optimiser son réseau, qu'il soit par exemple bancaire ou industriel. Il faudra pour cela définir de nouveaux modèles d'interaction entre l'homme et l'environnement dans lequel il évolue ; il y a encore beaucoup à faire en la matière...

Sans oublier de rappeler que comme votre réfrigérateur ne s'appelle pas forcément frigidaire, votre système de navigation par satellite ne s'appellera plus inévitablement GPS. Vous prendrez ainsi votre Galileo pour partir en vacances !

Si les applications utilisant les GPS sont déjà présentes au quotidien, la prochaine décennie sera l'ère de la géolocalisation interopérable entre systèmes de positionnement.

Cette cohabitation entre composantes Galileo et éléments extérieurs sera un atout majeur de l'architecture du système qui permettra la mise au point d'applications combinant services Galileo et services d'autres systèmes (par ex. systèmes de navigation ou de communication). Les enjeux économiques sont donc cruciaux et les organisations privées et publiques doivent anticiper l'évolution des pratiques et des besoins... Profitons-en, il nous reste encore un peu de temps !