Alex Rigaldo (Orange Business Services) "Le Cloud Computing permet aux DSI de reprendre du pouvoir"

OBS se lance à l'assaut du marché du Cloud et mobilise 31 000 serveurs et 10 000 machines virtuelles répartis dans 30 datacenters. Ses offres ciblent grands comptes et PME.

JDN Solutions. A quels besoins répond aujourd'hui le Cloud Computing pour les DSI ?

Alex Rigaldo. Avec le Cloud, les DSI ne font plus de l'informatique pour faire de l'informatique mais pour satisfaire leurs utilisateurs. Parmi les bénéfices majeurs du Cloud, on trouve tout d'abord la flexibilité, l'élasticité mais aussi la réduction des coûts. Non seulement pour les DSI d'ailleurs mais aussi pour les divisions internes.

Le Cloud permet aux DSI de reprendre du pouvoir, c'est-à-dire leur capacité à harmoniser et fédérer les divisions métiers autour d'un besoin commun. Si auparavant, les choix IT des divisions métiers pouvaient être assez hétérogènes, ne permettant ni d'atteindre les économies d'échelle escomptées, ni de répondre correctement aux enjeux de sécurité réseau, ce n'est plus le cas aujourd'hui.

Enfin, le Cloud permet de répondre aux attentes des nouveaux collaborateurs, ceux de la génération Y, biberonnés à l'Internet et qui ont une utilisation très avancée des nouvelles technologies, smartphones, tablettes tactiles et réseaux sociaux.

Nous avons pu constater, en discutant avec nos clients notamment dans le secteur bancaire, que les technologies innovantes comme le Cloud et l'environnement de travail dynamique qui en découle en termes d'applications bureautiques et collaboratives constituent de véritables outils de captation et de rétention des jeunes talents.

"Nous avons fait le choix de proposer des offres de type Cloud privé et de Cloud virtuellement privé"

Comment répondez-vous aux attentes des DSI ?

Nous avons fait le choix de proposer des offres de type Cloud privé et de Cloud virtuellement privé. Le premier type d'offres est basé sur des serveurs dédiés tandis que le second type d'offres se base sur des serveurs mutualisés, mais toujours hautement sécurisés et accessibles à travers un réseau privé virtuel.

Ces deux offres ciblent deux catégories d'entreprises bien distinctes : les grandes et les PME. Les entreprises qui se tournent vers une offre de Cloud privé peuvent décider de conserver ou non les serveurs chez elles. Dans les deux cas, leur besoin est de s'assurer de l'intégrité de leurs données sur des serveurs dédiés.

Et puis il y a les PME qui ne peuvent pas se permettre d'un point de vue financier de monter un Cloud privé qui demande d'atteindre quand même d'atteindre une taille critique. Pour elles, le cloud virtuellement privé est une réponse abordable à leurs besoins qui débute avec une tarification chez Orange à partir de 350 euros par mois là où les plus grands projets de Cloud privé pour les grandes entreprises peuvent atteindre plusieurs millions d'euros.

Quels moyens mettez-vous sur le tapis pour séduire les DSI ?

"Nous visons les 500 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2015 et une part de marché de 10-15%"

Il est ressorti de nos discussions avec les DSI plusieurs éléments. Tout d'abord, elles ont apprécié le fait de pouvoir mettre leurs données dans un Cloud français plutôt qu'étranger. Tout comme le fait d'avoir également avoir à faire avec un seul interlocuteur pour l'ensemble de leurs services Cloud, d'une facturation unique, et de packages de consulting pour les accompagner.

En ce qui concerne nos datacenters, nous en avons une trentaine dans le monde dont 5 en France qui s'étalent sur 37 000 mètres carrés pour 31 000 serveurs, 10 000 machines virtuelles et 18 pétabytes de stockage. Sachant que les 2/3 de nos ressources Cloud sont situées en France.

Nous travaillons en partenariat avec plusieurs fournisseurs de services Cloud externes, que nous certifions, et que l'on intègre ensuite dans notre offre de Cloud privé. On est ainsi capable de fournir des services Cloud, opérés par nous-mêmes ou des tiers, comme SAP, Sage, Ingenico ou encore Microsoft. Plusieurs dizaines d'autres partenariats de ce type seront signés dans le cadre de notre nouvelle offre Business VPN Gallery permettant d'agréger des offres Cloud.

Historiquement, nous avons signé des partenariats technologiques avec HP et IBM pour les serveurs, mais nous avons également basé nos nouvelles offres sur Cisco, EMC et VMware dans le cadre de notre récente alliance Flexible for Business.

En termes d'objectifs, nous visons les 500 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2015 et une part de marché de 10-15% à cette date. Nous pensons y parvenir et faire la différence par rapport aux intégrateurs comme Sogeti, IBM et HP-EDS mais également les opérateurs télécoms. Les premiers parce qu'il leur manque la couche réseau que nous avons, et les seconds car contrairement à nous, n'ont pas de véritables offres applicatives en communication et collaboration.

Alex Rigaldo est directeur du programme Cloud Computing chez Orange Business Services. Auparavant, il a occupé chez Orange les postes de responsable marketing et innovation et de responsable produits de sécurité. Alex Rigaldo est diplômé de l'Ecole de Management de Lyon, de l'Université de Californie et de Pontificia.