Rebecca Lawson (HP) "Des milliers d'utilisateurs accèdent à SAP ou Oracle via nos services de cloud"

Le géant joue l'alliance avec Microsoft pour séduire les clients intéressés par le cloud computing. Le principal apport de ce modèle selon HP ? Son adaptabilité aux évolutions de charge machine.

Quelle est la définition du cloud computing chez HP ?

Le cloud est pour nous une catégorie distincte de technologies qui permet de mettre en place des services. Par ailleurs, un service cloud est construit de manière à permettre une consommation publique, multilocataire, et très évolutive.

IBM dissocie cloud public et privé. Qu'en pensez-vous ?

Nous nous positionnons de manière légèrement différente. Le cloud privé, c'est un nouveau mot pour définir des services informatiques partagés, gérés à travers un portefeuille de services, et disponibles à travers un catalogue de services.

Nous faisons cela depuis des années maintenant, mais la nouveauté c'est que le marché s'en est emparé, et l'a labélisé cloud privé. Cela va dans le bon sens, parce que c'est quelque chose que nous connaissons très bien, mais ce n'est pas nouveau.

"Nous sommes agnostiques sur les types de service que peut supporter notre infrastructure"

Quelle est la teneur de l'accord que vous avez signé avec Microsoft sur l'utilisation de ce qu'il présente comme son système d'exploitation cloud, Azure ?

Nous avons une relation commerciale avec Microsoft depuis très longtemps, et Azure fera partie de ce partenariat. Mais nous sommes relativement agnostiques au niveau des plates-formes de système d'exploitation et des environnements.

Mais que voulez vous faire avec Azure ?

D'abord une intégration forte avec notre logiciel de provisionning, d'automatisation, et de stockage, que nous avons acquis il y a quelques années avec la société Opsware [NDLR acquisition en juillet 2007, pour un montant de 1,6 milliard de dollars]. Donc, une partie de notre travail consiste à optimiser ce logiciel avec la gamme Microsoft System Center.

Par ailleurs, notre accord porte sur le support de solutions destinées aux PMI/PME, tels qu'Exchange, SQL Server, mais aussi les serveurs lame HP. En fait, il y a de nombreuses composantes dans ce partenariat.

Cet accord nous permet enfin de définir une stratégie à 5 ans, que nous appelons "Everything as a Service", dont l'objectif est de proposer l'ensemble des capacités informatiques en tant que services aux consommateurs.

Vous proposez à travers le cloud de la puissance de calcul et du stockage. Allez-vous aussi proposer des logiciels HP, comme IBM le fait avec Lotus ?

Nous le faisons déjà avec Microsoft Exchange. Nous l'avons fait avant d'acheter EDS et aujourd'hui nous le faisons à travers EDS, et ce beaucoup plus qu'avant. Nous avons donc des milliers d'utilisateurs à travers le monde qui utilisent SAP ou Oracle à travers nos services.

Oui, mais il s'agit de partenariats. Prévoyez-vous de proposer vos propres solutions ?

Nous avons des logiciels en propre, mais dans des domaines très spécifiques de l'industrie. Par exemple Saber, qui est utilisé pour les systèmes de gestion des tickets. Nous ne sommes pas en position de compétition avec IBM sur les grandes applications généralistes tel que Lotus Live. Nous sommes en effet plus dans une logique de partenariat. Mais nous sommes agnostiques sur les types de service que peut supporter notre infrastructure. Donc à la différence d'IBM, nous n'avons pas de calendrier sur le middleware.

En plus de l'évolutivité que permet le cloud, quels sont les autres bénéfices que vous mettez en avant pour motiver vos clients à passer sur ce type d'offre ?

Nous n'avons pas besoin de motiver les clients, c'est une erreur de dire cela. Ce que je vois dans la presse, c'est l'idée que les entreprises doivent aller vers le cloud. En fait, l'offre cloud est différente, et apporte une plus value. Mais cela ne signifie pas qu'il y ait une obligation.

"Nous plaidons pour que les organisations IT s'identifient elles même comme des fournisseurs de services"

Oui, mais l'offre cloud apparaît souvent comme complexe à comprendre. Les consommateurs n'ont pas une vision très claire, non seulement de la manière de gérer, mais aussi de migrer leurs systèmes vers le cloud.

C'est la raison pour laquelle nous plaidons pour que les organisations IT s'identifient elles même comme des fournisseurs de services, mettant à disposition de leurs utilisateurs une messagerie, par exemple, avec un catalogue de services.

Justement, quelle est la limite entre ce qui peut être externalisé sur le cloud et les contenus et applications devant être conservés sur des systèmes internes ?

La sécurité doit être la première contrainte. Il s'agit de la sécurité des données, de l'identité et de l'accès à ces données. Il faut que l'utilisateur soit conscient de l'endroit géographique où sont entreposées ses données.

L'autre contrainte, c'est celle de l'accès aux informations. Puis il faut penser à la performance et l'accessibilité des données en fonction de l'endroit ou elles sont hébergées.

A l'heure actuelle, les données décisionnelles par exemple devraient-elles être stockées ailleurs que sur un cloud public ?

De manière générale, je dirais oui. Moins les données sont critiques, plus elles devraient être hébergées sur des clouds publics.

Oui, mais quelle est la limite ? Il y a dix ans, les clients n'auraient jamais mis des données clients sur un cloud public...

Il faut reconnaître qu'entre temps, un acteur tel que Salesforce est devenu très puissant et à donné confiance au marché sur la fait qu'il était possible de faire héberger ses données en mode cloud. Dans le domaine des RH, ADP a fait la même chose.

Enfin, les tarifs d'hébergement des données vont-ils être revus à la baisse avec les offres cloud ?

On ne peut répondre à cette question qu'au cas par cas. Quand les clients étudient la question, ils se rendent compte que tout dépend de la charge machine à laquelle ils ont à faire face. Si celle-ci est constante, l'hébergement de l'infrastructure et des services en mode cloud n'aura pas d'incidence particulière sur le coût. Il reviendra même plus cher que l'hébergement interne.

Mais si le workload est flexible, alors le potentiel d'adaptabilité des services cloud va jouer en leur faveur, et ils vont permettre d'économiser de l'argent. Le cas est flagrant avec l'e-commerce par exemple, ou les campagnes en ligne demandent de nombreuses ressources sur un temps donné.

Rebecca Lawson est responsable marketing des initiatives cloud computing chez HP.