Jérôme Boillot (BT France) "Le déploiement des groupes français en Asie-Pacifique crée des besoins"

La filiale française de l'opérateur britannique tire son épingle du jeu en matière de sécurité des réseaux d'entreprise. La concurrence de HP suite au rachat de 3Com engendre une nouvelle compétition sur les prix.

La filiale française de BT compte 2600 salariés. La société est présente à Paris, Lyon, Aix-en-Provence et Toulouse. BT France dispose de trois centres de données qui s'intègrent au sein d'un réseau européen de 40 datacenters BT. Elle réalise 430 millions d'euros de chiffre d'affaires.

JDN Solutions. Comment avez-vous vécu le début de l'année 2010 ?

Jérôme Boillot. Notre année fiscale close au 31 mars 2010 a été marquée par un redressement des marges de BT France. C'est le résultat de la réorganisation des offres et des métiers que nous avons réalisée suite à nos derniers rachats : l'acquisition de Net2S et de la branche de CS sur les infrastructures critiques en 2008.

Nous réalisons aujourd'hui 40% de notre chiffre d'affaires sur nos offres télécoms, 35% dans la sécurité des réseaux d'entreprise, et 25% dans le conseil et l'infogérance en infrastructures IT. Le chiffre d'affaires s'est légèrement tassé. Mais à périmètre constant, en retirant les quelques actifs cédés, nous sommes quasiment à l'équilibre.

Avez-vous eu à souffrir de la crise ?

Sur notre dernière année fiscale, le marché a été chahuté sur le segment du conseil et de l'infogérance. La partie sécurité a néanmoins bien progressé. Quant aux services télécoms, ils ont été marqués par une augmentation des volumes de commandes d'un côté, et une pression sur les prix de l'autre.

Le début de notre nouvelle année fiscale a été marqué par une reprise de l'activité de conseil et d'infogérance en infrastructure réseau. La tendance est moins présente sur l'infogérance logicielle, mais c'est un segment sur lequel nous sommes moins présents. En matière d'infrastructure et de sécurisation de réseau d'entreprise, la compétition sur les prix est plus forte avec l'arrivée de nouveaux acteurs qui viennent du monde de l'informatique. C'est le cas de HP suite au rachat de 3Com. Nous anticipons néanmoins une légère croissance sur ce segment. Nous comptons rééquilibrer la balance par une augmentation des volumes.

"Nous lançons un portail pour permettre aux clients de gérer leurs ressources informatiques à la demande"

Qu'en est-il des principaux secteurs d'activité de vos clients ?

En 2009 et début 2010, nous n'avons pas senti de réduction de dépenses sur les segments de la sécurité et des réseaux d'entreprise dans les secteurs de la banque et de la finance, ni dans les télécoms. Les besoins en matière de traitement et de sécurisation des réseaux allaient au-delà des contraintes de restriction budgétaire. Nos offres dans ce domaine vont du conseil à l'intégration d'équipements de sécurité réseau à la supervision d'équipements : backbone, routeurs, pare feu...  Nous proposons également un service de maintenance d'équipements 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Depuis le début de notre nouvelle année fiscale, les clients sont assez actifs à l'international, avec des déploiements ou redéploiements.

Quelle est votre position sur le Cloud Computing ? Que proposez-vous aux grandes entreprises ?

Comparé aux opérateurs de plate-forme de Cloud Computing tel que Google ou Amazon, notre facteur de différenciation vient de nos offres d'optimisation réseau et de sécurité. Nous avons également mis au point un portail, baptisé Virtual Datacenter, permettant aux clients d'accéder à des services en ligne permettant l'ajout de capacités serveur à la demande, puis le suivi de leur mise en place. Cette offre qui est déjà disponible en Angleterre, en Allemagne et en en Italie, sera lancée en France en septembre.

Tous les grands opérateurs télécoms d'entreprise et hébergeurs affichent des politiques sur le front du Green IT. Quelle est votre position en la matière ? Quel est le discours de vos clients ?

Les clients sont sensibles au Green IT, notamment du fait des économies engendrées par cette démarche. Le groupe BT a lancé un programme interne dans ce domaine. Il repose à la fois sur une logique citoyenne et une démarche d'optimisation du bilan carbone. Il a notamment pour but de favoriser le télétravail. Au niveau du groupe, environ 50% des salariés collaborent ainsi à distance. Pour la France, c'est un peu moins, environ 15% de l'effectif, pour des raisons culturelles propres à la France, le télétravail étant moins ancré dans notre pays.

"Le projet Green IT mené pour le britannique Tesco a engendré une économie de 15 millions de livres sterling"

L'année dernière, nous avons déployé toute la panoplie des outils de communication à distance : solutions d'audioconférence, de visioconférence, de téléconférence... Cette politique nous a permis de réduire de 10 000 tonnes nos émissions de carbone en 2009, et d'économiser 50 millions d'euros de coûts de déplacement. Ce nouveau mode de collaboration nous permet aussi de gagner en agilité et de réduire les temps de transport. 

Avez-vous déjà mis en œuvre des projets clients en matière d'informatique verte ?

Nous cherchons à faire profiter nos clients de notre expérience interne. Nous avons par exemple mené un projet de ce type avec le britannique Tesco qui a conduit à une économie de 15 millions d'euros en frais de transport et en temps de déplacement. En France, les clients sont également sensibles au Green IT, et mettent en place des politiques. Nous leur proposons pour commencer de réaliser une étude pour faire le point sur leurs émissions de carbone. Nous avons aussi revu la conception de nos centres de données, et adopter des solutions d'infrastructure moins consommatrices d'énergie.

Nos principaux clients sont des grands groupes qui pour beaucoup se déploient en Asie-Pacifique. Ils ont de ce fait de plus en plus de besoins en matière de communications et de réseaux longue distance. Ils recherchent dans ce cadre des solutions pour éviter les déplacements en avion. Nous les accompagnons dans cette réflexion.

Qu'en est-il de votre politique de recrutement cette année ?

Après une période de prudence consécutive à la crise, nous reprenons les recrutements de façon circonstanciée en fonction des besoins de nos clients. Nous recherchons actuellement des experts en sécurité réseau pour intégrer des équipes sur de grands projets. Nous avons déjà embauché environ une centaine d'ingénieurs depuis le début de l'année.

Après avoir débuté chez Arthur Andersen, Jérôme Boillot a été nommé directeur de la division Infrastructures Critiques de CS Communication & Systèmes. Une entité qui a été rachetée par BT en décembre 2007. Jérôme Boillot est devenu ensuite directeur général de la Division Télécoms de BT France, tout en conservant la direction financière. Il vient d'être nommé directeur général de BT France.