Smartphones : Nokia appelle Microsoft à la rescousse

Nokia a conclu une alliance avec Microsoft pour équiper ses smartphones du système d'exploitation Windows Phone 7. Stratégie de la dernière chance ou bien renaissance ? Le marché accueille froidement la nouvelle.

La nouvelle a fait l'effet d'un séisme sur le marché des terminaux mobiles. Fragilisé depuis plusieurs mois, et procédant à un remaniement de sa direction générale, le fabricant de téléphones Nokia est passé à l'action.

Le constructeur finlandais a ainsi révélé les contours de sa nouvelle stratégie sur le marché des smartphones à l'occasion de sa conférence évènementielle londonienne. Attendue de pied ferme depuis le début de la semaine par les analystes, elle a été riche en annonces.

Le plat de résistance servi par le P-DG de Nokia Stephen Elop et ancien patron de la division mobilité de Microsoft, a été l'annonce de faire de Microsoft Windows Phone 7 son système d'exploitation clé pour l'essentiel de ses nouvelles gammes de smartphones.

Un virage stratégique qui n'a pas été du goût des investisseurs qui ont fait tomber sur Nokia leur courroux boursier. Après l'annonce de son alliance avec Microsoft, le cours de l'action du constructeur finlandais a chuté en effet de plus de 11% en séance à la bourse d'Helsinki.

Android OS a vu sa PdM bondir de 3,9 à 22,7% en 2010 quand Symbian chute de 10 points

En s'alliant avec Microsoft, Nokia a complètement remis à plat sa stratégie dans la mobilité. Ou plutôt, y a été contraint face à la menace grandissante sur le marché des OS mobiles en général et des smartphones en particulier, de l'Apple iOS mais surtout de l'Android OS.

"Nokia et Microsoft vont combiner leurs forces pour proposer un écosystème d'une envergure et d'une taille incomparables", a professé Stephen Elop. "C'est désormais une course à trois chevaux qui se joue". Mais, les compétiteurs directs de Nokia font davantage figure d'étalons que de canassons.

Selon le cabinet d'études Gartner, la part de marché d'Android est ainsi passée de 3,9 à 22,7% en 2010 alors que dans le même temps celle de son OS maison, Symbian, chutait de près de 10 points en passant de 46,9% à 37,6%. Sachant que sa part de marché dans les terminaux a également souffert en 2010. Alors qu'il captait encore 36,4% du marché des terminaux mobiles en 2009, il a dû se contenter en 2010 d'une part de marché de 28,9%.

La menace Google a dans doute servi d'électrochoc pour le constructeur finlandais, qui ne signe pas pour autant - officiellement - l'arrêt de mort de son fidèle Symbian ni de l'OS qu'il a conçu en commun avec Intel, Meego. Ainsi, il compte tout de même écouler cette année 150 millions de terminaux Symbian et prévoit toujours de lancer un modèle de smartphone sous Meego.

L'avenir de MeeGo semble assuré pour 2011 mais le futur reste très incertain

Un soutien à Meego contrasté toutefois. Déjà, Nokia ne s'est pas appesanti sur son devenir en 2012. Ensuite, il a tout de même écarté le responsable de l'activité mobile qui avait en charge Symbian et MeeGo, Alberto Torres. Ce dernier ayant quitté l'entreprise un jour avant l'annonce officielle de sa nouvelle stratégie. 

Parmi les autres points abordés lors de la conférence, Nokia a également annoncé la scission de son activité en deux branches distinctes. A savoir, une branche terminaux intelligents (smart devices), et une autre regroupant ses activités liées aux "simples" téléphones portables (mobile phones). A noter que son activité OS mobile, dont font partie Symbian et MeeGo, fera sans surprise partie de sa première branche.

L'organisation interne va également prendre un peu plus de consistance avec la création d'une task force, baptisée Nokia Leadership Team, qui réunira le P-DG de la société et les directeurs généraux de ses principales entités. Un rapprochement qui devrait, selon le P-DG, permettre d'améliorer la marge opérationnelle du groupe en la faisant passer de 7,5% aujourd'hui à 10% voire plus d'ici 2012. 

L'accord signé entre Microsoft et Nokia prévoit en outre une intégration du moteur de recherche de Microsoft, Bing, dans des produits et services du constructeur.

Après avoir dominé pendant des années le marché des OS mobiles - tout comme celui des terminaux -, Nokia devra désormais partager le fruit de ses succès à venir avec Microsoft. Le rêve de mono domination du marché des smartphones est bel et bien terminé.