L’ activation d’IPV6 encore trop limitée
Avec l'essor du web, le besoin en adresses IP ne cesse de croître. Le pool d’adresses IPV4, utilisé aujourd’hui et ses 4 milliards d’adresses, sera bientôt épuisé. Afin d’y remédier, un nouveau protocole, IPV6, a été développé pour fournir un nombre considérable d’adresses.
On parle de plus de 667 millions de milliards d'adresses IP disponibles par mm2 de la surface de la Terre !
Le problème, aujourd’hui, c’est que les adresses IPV6 sont prêtes mais pas forcément les infrastructures.
La gestion de
l’attribution des adresses IP
Depuis février 2011, l’IANA, qui
gère au niveau mondial l’espace d’adressage, ne dispose plus d’adresses IPV4. Il
est néanmoins difficile d’évaluer exactement le nombre d’adresses IPV4 encore
réellement disponibles. Certains acteurs du web ont fait des réserves pour éviter
la pénurie, ce qui leur permet de retarder leurs besoins en adresses IPV6. En
effet, les protocoles IPV4 et IPV6 sont incompatibles ; le déploiement nécessite
une intervention dans les infrastructures. Les acteurs du web concernés, qui sont
principalement les hébergeurs et les Fournisseurs d’Accès Internet (FAI), doivent
opérer des modifications pour accueillir les deux technologies.
Les freins au
déploiement
Pour permettre à l’internaute de naviguer
sur le web de manière fluide, il est nécessaire que cette transformation se
fasse à tous les niveaux, du développement du site à sa livraison en passant
par l’hébergement. La demande en IPV6
étant très marginale, les opérateurs reportent la migration. Ils attendent
qu’il y ait une demande or celle-ci ne se fera que lors de l’épuisement des
adresses IP. C’est un cercle vicieux. Il
faut donc que les acteurs du web prennent l’initiative de faire cette migration.
En plus de la faible demande,
il y a d’autres freins au déploiement d’IPV6
qui touchent l’aspect technique. Tous les équipements ne sont pas compatibles IPV6,
cela implique des investissements dans le développement de logiciels ou encore
l’acquisition de nouveau matériel. L’ensemble de ces coûts est supporté par les
acteurs du web qui n’auront finalement pas d’autres choix que d’opérer cette
transformation. C’est ce qui explique
cet attentisme. Tant que ce ne sera pas critique pour leur business, certains
acteurs n’agiront pas. Par contre, la pénurie d’adresse IPV4 pour un hébergeur
ou un FAI aura un impact direct sur son business s’il ne fait pas le nécessaire.
Leurs clients aussi risquent de pâtir de cette situation.
L’impact sur les
sociétés
Dans le cas d’une pénurie totale
d’adresses IP et du non déploiement d’IPV6 par les principaux acteurs, il y
aura un impact sur le développement des entreprises. Prenons l’exemple d’un
e-commerçant qui a besoin de créer un nouveau site à l’occasion du lancement
d’un nouveau produit. Ce Pure Player attend de son fournisseur d’adresses IP
une réactivité et une disponibilité. Or si aucun fournisseur ne lui propose d’adresse
IP, il ne peut pas lancer son site web et son business est donc freiné. Ce
problème aurait pu être évité simplement si les acteurs avaient
opéré les changements nécessaires pour déployer IPV6.
Ce qui change avec IPV6
L’ensemble des acteurs du web doivent donc
orchestrer cette migration pour permettre à l’internaute d’accéder aux sites avec
le plus de transparence possible. Si tous les
acteurs opèrent les transformations nécessaires de leur infrastructure à temps,
l’internaute lambda ne devrait pas être impacté par ce changement. Il surfera
comme à son habitude sur le net. Le seul changement visible sera l’évolution de
la notation de l’adresse qui sera désormais hexadécimale (décimale pour IPV4).
En revanche, si l’un des acteurs
de la chaîne n’effectue pas le déploiement, l’expérience de navigation risque
d’être dégradée. Certains
acteurs tels que Free ont opéré cette transformation depuis quelques années
déjà mais, vu le faible nombre de sites compatibles IPV6, très peu d’abonnés
activent cette option.
Une accélération de
l’activation prévue en 2012
De plus en plus d’entreprises
commencent à s’intéresser à la question mais l’activation d’IPV6 se fait encore
attendre. Le 8 juin dernier plus de 1000 acteurs ont activé la disponibilité de
leur service en IPV6 pendant une journée. Ce test a été concluant, beaucoup
prévoient de l’activer définitivement dès juin prochain. Parmi eux, il y a de
grands acteurs comme Google et Yahoo. Ce qui est une bonne nouvelle car cela va
certainement inciter d’autres à faire le pas…