Ben Uretsky (DigitalOcean) "Nous prévoyons d'ouvrir un nouveau data center en Europe"

Troisième cloud mondial en termes de nombre de machines selon Netcraft, DigitalOcean cultive une stratégie d'expansion originale. Interview de son PDG.

digitalocean 2
Ben Uretsky est PDG de DigitalOcean. © DigitalOcean

JDN. Quelles sont les grandes lignes de la stratégie de DigitalOcean pour 2015 / 2016 ?

Ben Uretsky. En 2014, nous nous sommes concentrés sur l'embauche d'ingénieurs de premier plan. Désormais, nous avons construit une équipe et nous pouvons porter notre effort sur le lancement de nouveaux services Cloud, mettre sur le marché des produits en phase avec ce qu'attendent les développeurs, et enfin optimiser nos infrastructures pendant les prochaines années.

Qu'est-ce qui différencie l'offre de DigitalOcean sur le marché actuellement ?

DigitalOcean sera toujours le moyen le plus simple et rapide pour les développeurs de mettre en place et gérer des infrastructures cloud. Les géants du cloud proposent un grand nombre de services et de fonctionnalités et ont, au final, créés des offres extrêmement complexes à comprendre pour les utilisateurs finaux. De notre côté, nous préférons nous concentrer sur la satisfaction des besoins des développeurs, et nous assurer que ceux-ci apprécient leur expérience utilisateurs avec DigitalOcean et la partage avec leurs amis.

Ce focus sur les développeurs plutôt que les DSI ou les directeurs techniques, c'est votre originalité ?

"Nous restons totalement focalisés sur les développeurs"

Notre mission, c'est de simplifier les infrastructures cloud. La plupart des fournisseurs de IaaS ciblent actuellement les directeurs techniques et les administrateurs système. C'est une approche qui les conduit à créer des offres extrêmement complexes qui visent les entreprises dans leur globalité. Nous restons totalement focalisés sur les développeurs, avec cette priorité d'améliorer leur expérience utilisateur.

Quels objectifs affiche DigitalOcean pour le marché européen et, en particulier, le marché français ?

Nous considérons que le marché européen va exploser à l'horizon 8 à 24 mois. De plus en plus d'investisseurs s'intéressent aux start-up technologiques en Europe, un écosystème où les développeurs sont au cœur. Nous passons beaucoup de temps avec des clients chez des incubateurs tels que Le Family ou Le Camping et nous avons réalisé tout le potentiel de ces marchés encore émergeants. Notre objectif pour l'Europe, tout comme la France est identique à celui des autres régions géographiques où nous sommes présents : créer une communauté de développeurs et abaisser les barrières au déploiement de nouvelles applications via nos offres IaaS.

OVH a affiché son ambition de devenir le troisième hébergeur mondial, une place que vous revendiquez. Comment allez-vous contrer cette ambition ?

Nous nous sentons moins concernés par nos "concurrents" que par l'écoute des besoins de nos clients. C'est la communauté des développeurs qui détermine notre stratégie et qui nous aide à prioriser notre feuille de route. Nous sommes pleinement confiants dans cette approche qui nous a permis de connaitre une croissance explosive.

En 2014, on a vu Amazon construire un data center en Allemagne, IBM en faire de même avec Softlayer au Royaume-Uni, en France et en Allemagne. Avez-vous l'intension de faire de même en Europe ? En France ?

"Notre stratégie actuelle n'est pas de construire nos propres data centers"

Oui, nous espérons ouvrir un data center en Allemagne dans les mois à venir afin de répondre à l'explosion des besoins sur le marché européen, et notamment répondre aux besoins des développeurs qui doivent se plier aux régulations relatives à la protection des données [DigitalOcean dispose déjà d'infrastructures d'hébergement en Europe aux Pays-Bas et en Angleterre NDLR]. Pour la France, nous ne communiquons pas sur notre stratégie long-termes vis-à-vis de nos data centers...

Quelles est justement votre approche vis-à-vis des data centers. Privilégiez-vous la location d'espace dans des infrastructures existantes, comme Softlayer, par exemple, où songez-vous a construire de très grands data centers à la façon Amazon ou Microsoft ?

Actuellement, DigitalOcean loue des espaces dans des data centers existants, ceux d'Equinix, de Telx et de Telecity. Nous étendons notre couverture géographique en commençant avec des installations de petite taille que nous étendons par la suite. C'est une approche qui nous permet de rester agiles tout en gardant la capacité d'étendre nos infrastructures pour faire face à la demande. C'est ce que nous faisons actuellement en louant davantage d'espaces.

Par la suite, nous étudierons la possibilité de construire nos propres installations, mais pour l'instant nous avons un business model prospère en louant des espaces pour nos équipements et nous continuerons de la sorte dans un avenir prévisible.