Qui est ce Français à la tête de l'ingénierie d'un des plus grands projets open source au monde

Qui est ce Français à la tête de l'ingénierie d'un des plus grands projets open source au monde Il dirige 35 développeurs centrés sur le cœur technologique de Docker. Il s'agit d'un des plus proches collaborateurs de Solomon Hykes, le fondateur de la start-up, lui-aussi français.

Docker est le projet open source qui monte. Conçue pour virtualiser des applications à la volée au sein d'une enveloppe bien plus légère qu'une VM, cette technologie est désormais implémentée par les principaux clouds de la planète : Amazon Web Services, mais aussi le cloud de Google, Microsoft Azure, ainsi que DigitalOcean ou encore OVH. Derrière ce vaste mouvement se cache la promesse d'une portabilité de cloud à cloud des applications dockérisées. La start-up américaine qui porte ce projet a été fondée par un Français, Solomon Hykes, que nous avons déjà eu l'occasion de présenter dans nos colonnes. Mais au sein de cette société, également baptisée Docker, un autre Français, moins connu, est à la manœuvre : Sam Alba. A moins de 30 ans (il va avoir 29 ans en décembre), il est à la tête de l'ingénierie du cœur open source de Docker. 

Une core team de 35 développeurs... et 2000 contributeurs

Photo de Sam Alba prise à l'occasion de la DockerCon Europe 2015, l'évènement annuel européen de Docker qui s'est tenu les 16 et 17 novembre à Barcelone. © JDN / Antoine Crochet-Damais

Comme Solomon Hykes, Sam Alba est un ancien de l'Epitech. C'est en octobre 2010 que Solomon Hykes, déjà parti aux US, l'embauche comme ingénieur logiciel pour l'aider à développer son premier produit : dotCloud. Il s'agit d'une plateforme cloud basée, déjà, sur une logique de container. Une couche dont Solomon Hykes décide d'ouvrir le code début 2013. La société Docker est lancée dans la foulée pour commercialiser cette technologie... désormais open source.

"Au moment du lancement de Docker, j'ai été amené à prendre la direction de l'ingénierie globale de la société. J'ai accompagné sa croissance jusqu'à 50 développeurs. A la fin, j'avais avec moi quatre managers", raconte Sam Alba. Mais fin 2014, la mission de pilotage devient trop importante pour l'homme de terrain qu'est Sam Alba. Aux côtés de son projet open source historique, Docker lance au fil des mois un grand nombre de produits et services commerciaux au premier rang desquels le Docker Hub - un service en ligne de partage d'images de container qui est utilisé aujourd'hui par des milliers de développeurs dans le monde.

La mission de Sam Alba est donc redéfinie fin 2014. Le Français prend alors la direction d'une équipe d'ingénierie, stratégique, chargée de développer le socle open source de Docker. Un socle qui se compose d'une série de briques : le Docker Engine (le cœur névralgique du container), mais aussi Docker Compose et Docker Swarm (conçus respectivement pour créer et orchestrer une architecture multi-containers), Docker Registry (pour la distribution d'images) et, enfin, Kitematic (un client graphique de gestion de container). Désormais à la tête d'une équipe de 35 développeurs, Sam Alba reporte à Marianna Tessel, ex-vice présidente ingénierie de VMware, qui a été recrutée en parallèle pour prendre la tête de la R&D globale - qui recouvre donc, également, le développement des produits et services commerciaux de la start-up. "Cette évolution était naturelle. J'ai écrit une partie de dotCloud. Je fais donc partie de ceux qui connaissent le mieux le 'core' de Docker", explique Sam Alba.

Le jeune manager continue à travailler avec Solomon Hykes

Mais le jeune manager continue à travailler en direct avec Solomon Hykes sur certains dossiers. "Je m'arrange pour faire valider toutes les grandes décisions techniques par Solomon qui demeure le grand maître du produit", nous confie Sam Alba.

Prochain grand défi de Sam Alba : fusionner Swarm et Docker

Mais ce n'est pas tout. Car Sam Alba et son équipe interviennent également pour coordonner, toujours en matière d'ingénierie, les 2000 contributeurs gravitant autour du projet open source, mais aussi ceux (moins nombreux) de l'Open Container Initiative, un consortium créé par Docker pour standardiser le runtime Docker (RunC). Au sein de l'écosystème Docker, la core team peut en outre intervenir pour fournir un support ou une expertise de haut niveau aux clients de la start-up.

Quid du principal défi de Sam Alba pour les mois à venir ? "Nous planchons sur une fusion de Docker Engine et Swarm", nous confie-t-il. "L'objectif est d'aboutir à une solution plus cohérente, sachant que Swarm implémente la même API que Docker Engine." Pour Sam Alba, cette fusion ne posera pas de problème de performance. "Swarm est un binaire très léger. Et dans le cas d'un container unique, il suffirait de porter le nouvel ensemble sur une VM en paramétrant un cluster de 1, soit un seul serveur." Puis le jeune ingénieur nous glisse : "L'idée est d'en profiter pour exposer de nouvelles possibilités, créer un nouvel ordonnanceur et de nouvelles fonctionnalités de répartition de charge automatique."

Sam Alba est aussi en charge de la R&D parisienne de Docker

Enfin, le Head of Core Engineering de Docker (c'est son titre officiel) est, aussi, en charge de la toute nouvelle R&D de Docker en France. Basée à Paris dans le quartier de l'Opéra, elle compte actuellement quatre ingénieurs. Pour l'heure conçue comme une extension de l'équipe Core basée au siège de la société à San Francisco, elle doit être amenée, à terme, à travailler sur un projet qui lui sera dédié. "Les fondateurs de Docker sont français, et la France regroupe un pool de talents que nous ne voulons pas rater. Il est par ailleurs difficile d'obtenir un visa pour les Etats-Unis, et tout le monde ne souhaite d'ailleurs pas forcément s'expatrier. Avoir un bureau ici constitue par conséquent une solution pour ouvrir plus largement Docker sur le marché de l'emploi français", explique Sam Alba. Dès lors, l'équipe parisienne devrait être amenée à grossir...

Slide projetée lors de la dernière DockerCon Europe. Il reprend les derniers indicateurs de Docker sur le niveau d'utilisation de sa technologie de virtualisation par container.  © JDN / Antoine Crochet-Damais