Google Apps vs Office 365 vs Amazon WorkMail : le comparatif Google Apps vs Office 365 vs Amazon WorkMail : le comparatif

Alors que Google Apps for Work et Office 365 dominent le marché du collaboratif en SaaS, Amazon tente de faire entendre une voix différente avec WorkDocs et maintenant WorkMail.

Un duopole chasse l'autre. Dans les années 1990 et 2000, Microsoft et IBM dominaient le marché des suites bureautique en entreprise. Avec l'essor du cloud, la décennie actuelle a mis en selle un nouveau tandem : Google et Microsoft.

Google a tout d'abord changé la donne en introduisant la coédition de document en temps réel. Une révolution. Pour ne pas se laisser déborder, Microsoft a " cloudifié " ses différentes briques collaboratives (Outlook/Exchange, Office, SharePoint…) pour les porter sur son portail Office 365. Il n'a de cesse depuis de lancer des passerelles entre elles pour proposer une expérience utilisateur unifiée.

AWS n'est pas (encore) à la hauteur des offres de Google et Microsoft

Un troisième acteur pourrait toutefois bousculer la donne : Amazon Web Services. Après avoir lancé WorkDocs (ex Zocalo), un éditeur de fichiers doté d'un espace de stockage, le leader du cloud a officialisé, en janvier 2016, WorkMail. Un service de messagerie qui permet de gérer ses e-mails et calendriers.

Dirigeant-fondateur des cabinets Kimind et Cloudlivia, Miguel Membrado salue l'arrivée d'Amazon sur le marché. "Elle confirme une tendance de fond. Les grands acteurs assemblent leurs offres ou rachètent des technologies puis les portent sur des architectures cloud", constate l'expert. A ses yeux, IBM a toutes les briques pour "packager", lui aussi, une offre complète, notamment via Verse, sa messagerie nouvelle génération.

Google et Microsoft au coude-à-coude sur le plan fonctionnel

Pour autant, AWS n'est pas, d'après Miguel Membrado, (encore) à la hauteur des offres de Google et de Microsoft. "WorkDocs propose un conteneur de document pour le visualiser, l'annoter, le partager. Il s'agit d'une solution de gestion de fichiers évoluée, à comparer à Box et Dropbox, et non une suite bureautique collaborative", poursuit Miguel Membrado.

Bastien Le Lann est responsable du pôle analyse et création du cabinet Lecko. © Lecko

Si une telle offre peut répondre aux besoins d'un département ou d'une équipe projet, les grandes entreprises à la recherche d'une plateforme globale devront choisir entre Office 365 et Google Apps for Work. Messagerie, agenda, partage documentaire, création de sites internes, réseau social d'entreprise… Les deux suites couvrent sensiblement le même périmètre fonctionnel.

Pour Bastien Le Lann, responsable du pôle analyse et création du cabinet Lecko, c'est plus dans leur positionnement que Google et Microsoft se distinguent. "Google s'est inspiré des applications qui ont été développées avec succès pour le grand public, notamment Gmail", note-t-il. "A l'inverse, Microsoft a capitalisé sur l'implantation historique de son offre bureautique en entreprise."

Double conduite du changement pour l'offre Google

Ces positionnements induisent des stratégies de déploiement différentes. En rupture avec l'existant, Google Apps for Work nécessite une double conduite du changement selon Miguel Membrado. "Il faut non seulement apprendre à collaborer mais aussi à se former à une nouvelle suite bureautique. Pour en tirer pleinement profit, la bascule doit se faire à 100 %. J'ai vu des clients Google rester au milieu du gué. Leurs salariés partageant, par exemple, des documents Office dans Google Drive", souligne le consultant.

Les grandes entreprises ont un large pouvoir de négociation sur les prix

A priori plus aisé, le passage à Office n'est pas sans écueil. Là aussi, il faut apprendre à partager un document sans l'enregistrer en local puis l'envoyer par mail. Fréquente, la cohabitation sur le même poste d'Office 365 (version Online) et de l'Office classique (on premise) n'aide pas à l'adoption de nouvelles façons de collaborer, le salarié privilégiant la version desktop plus riche en fonctionnalités. La migration technique des services d'annuaire de Microsoft (Active Directory), légions chez les grands comptes, n'est pas non plus une partie de plaisir.

"Au-delà des gains côté infrastructure, le bénéfice du cloud est avant tout dans la transformation des pratiques de travail", estime Miguel Membrado. Côté tarifs, nos deux experts sont unanimes pour dire que la guerre des prix engagés par les deux géants conduit à un alignement vers le bas. Le prix catalogue ne concerne que les petites sociétés. Les grandes ont, elles, un large pouvoir de négociation. L'arrivée d'Amazon ne fera que renforcer leurs marges de manœuvre.