Facebook at Work : voici ce que les premiers utilisateurs en disent

Facebook at Work : voici ce que les premiers utilisateurs en disent La liste des concurrents de Slack s'allonge. Désormais, Facebook se lance dans la course et c'est un adversaire de taille qui a de nombreux avantages.

Facebook voudrait que plus de personnes utilise son réseau social sur leur lieu de travail. Pas pour regarder des fils d'actualité envahis de vidéos virales et de photos de bébés, mais pour harmoniser leur communication au travail. Et ce, grâce à son nouveau produit destiné aux entreprises : "Facebook at Work".

En lice pour devenir le premier outil de communication interne d'entreprise, Facebook espère conquérir un nouveau marché lucratif avec une clientèle stable et un chiffre d'affaires régulier.

Cependant, Facebook est en concurrence dans ce domaine avec d'autres produits déjà établis comme Yammer, le réseau social d'entreprise de Microsoft, ou encore Slack - qui a connu une croissance fulgurante.

La popularité de Facebook lui donne une longueur d'avance sur les applications concurrentes

Mais le plus grand adversaire de Facebook en entreprise est certainement sa propre réputation : de nombreuses sociétés ont en effet tenté, pendant des années, de bannir l'utilisation du réseau social par leurs employés sur le lieu de travail. Désormais, Facebook doit convaincre les entreprises qu'il peut optimiser et non anéantir la productivité des salariés.

Les premiers résultats sont encourageants. Facebook a lancé une version bêta de sa plateforme en janvier 2015, qui est utilisée ou testée aujourd'hui par plus de 450 entreprises– dont de très grandes comme Heineken et la Banque Royale d’Écosse. Plus de 60 000 sont, aussi, sur liste d'attente pour y avoir accès.

Facebook avait initialement déclaré qu'il lancerait officiellement Facebook at Work fin 2015, ce qui n'a pas été le cas. Cependant, Julien Codorniou,  directeur de l'offre Facebook at Work, a confié à Business Insider que la date de lancement approchait à grands pas.

Une des entreprises testant le service nous a indiqué que des responsables de Facebook lui auraient fait comprendre que le lancement pourrait avoir lieu à la fin de l'été ou au début de l'automne.

Nous avons contacté plusieurs entreprises utilisant actuellement la version d'essai de Facebook at Work pour recueillir leurs premières impressions avant le grand lancement. Leurs retours mettent en avant les possibilités de la solution, ainsi que les challenges auxquels Facebook devra faire face dans le cadre de ce qui apparait être comme l'un de ses changements stratégiques les plus importants.

Trop social ?

La version professionnelle de Facebook présente une interface bien plus sérieuse, nuancée de gris, ce qui la différencie du réseau social historique de couleur bleu.

Il n'y a aucune publicité sur Facebook at Work et l'outil n'est conçu que pour le travail. Chaque utilisateur a une identité et un compte professionnels bien distincts de son éventuel compte Facebook historique, dans lequel n'apparaît aucun de ses amis ou messages personnels (bien qu'il suffise d'un simple clic sur un bouton pour basculer d'un compte à l'autre).

Mais pour les personnes connectées à la version professionnelle de Facebook, il n'est pas facile de se défaire de ce type de comportement propre aux réseaux sociaux.

Les employés réagissent bien aux images... mais ignorent souvent les longs textes

"Le plus difficile pour nous est d'utiliser un réseau social habituellement divertissant pour travailler", explique Ben Sand, vice-président des opérations internationales chez Kenshoo, une entreprise de logiciels marketing qui utilise le produit depuis environ un an. "Je mentirais si je disais que nous n'avons plus ce problème aujourd'hui."

Selon Ben Sand, les utilisateurs ont pris l'habitude de poster des photos sur les apps de média social, ce qui les rend plus réactif aux images et moins, voire pas du tout, aux longs textes. Ce serait là l'un des aspects du problème.

"C'est presque trop visuel. Vous postez une image avec une seule phrase – il y a des inconvénients à cela", explique Ben Sand. Pour s'adapter, Kenshoo a essayé d'intégrer davantage de supports visuels. "Si le PDG veut parler de quelque chose, nous utiliserons des graphiques ou diapos qui attireront davantage l'attention qu'un simple texte", indique Ben Sand.

Cependant, Ben Sand et d'autres utilisateurs ont remarqué que l'aspect social avait également un effet positif sur le lieu de travail, en permettant à des collaborateurs basés dans des locaux différents d'apprendre à se connaître les uns les autres.

"La fonction de traduction automatique dont dispose Facebook a favorisé les mises en contact entre salariés au niveau international", explique Sand.

Une application plus facile à prendre en main que Slack

La popularité de Facebook lui donne une longueur d'avance sur les applications concurrentes : tout le monde sait déjà l'utiliser. Matthieu Stefani, fondateur de start-up la CosaVostra, déclare qu'il a fallu 6 mois à toute son équipe pour s'habituer à Slack, alors que "tout le monde afflue vers Facebook at Work" car son utilisation est très intuitive.

Facebook n'a pas encore communiqué le coût exact de son produit

Alicia Taggio, qui travaille pour l'agence de voyage Flight Center, indique, elle, que depuis que son entreprise a lancé Facebook at Work début avril, 80% de ses quelques mille salariés canadiens l'utilisent activement, ce qui est "bien mieux" que ce à quoi elle s'attendait.

Son équipe a immédiatement commencé à créer des groupes, c'est souvent ainsi que les employés s'organisent sur Facebook at Work. Les entreprises peuvent créer des groupes séparés pour différents projets, équipes, annonces et autres sujets sociaux.

"On peut se sentir un peu débordé au début avec tous ces groupes. Mais ensuite on apprend à en ajouter quelques-uns à nos 'favoris', à vérifier lesquels d'entre eux ont été mis jour, et à suivre les tendances des posts.

Les salariés ont également un fil d'actualités principal où un algorithme personnalisé affiche une sélection de publications des différents groupes. "C'est une grande problématique à laquelle nous répondons que de s'assurer que les utilisateurs voient les informations qu'ils considèrent plus importantes", a déclaré Julien Codorniou.

"Workplace by facebook - JDN"

Moins d'instantanéité peut être une bonne chose

La version professionnelle de Facebook comprend également "Work Chat" qui fonctionne de la même manière que Facebook Messenger. Il permet aux employés d'avoir des conversations privées, à plusieurs, via messagerie instantanée ou vidéo.

Le cœur de Facebook at Work a été conçu pour que les utilisateurs puissent consulter la solution sans être constamment connectés ou interrompus. Cette fonctionnalité représente un atout majeur selon Stefani, la fondatrice de CosaVostra, pour laquelle les apps de chat connectées en permanence comme Slack sont beaucoup plus envahissantes.

Chez iAdvise, 50% des salariés consultent Facebook at Work plusieurs fois par jour, tandis que 35% gardent l'outil ouvert toute la journée. C'est ce qu'affirme Miranda Hobbs, qui travaille pour la plateforme de commerce conversationnelle.

"L'objectif est de réduire considérablement le nombre d'e-mails que nous envoyons en interne", explique-t-elle. "Nous avons vivement encouragé les salariés à consulter Facebook at Work au moins une fois par jour et rejoindre les cinq groupes les plus importants."

Plusieurs entreprises ont également cité la brique d'Analytics intégrée comme un vrai plus.

Un manque d'intégration aux autres apps digitales qui devrait être comblé

Les administrateurs peuvent, par exemple, estimer combien d'employés (et savoir lesquels exactement) ont consulté chaque publication, à quel moment, et sur quel appareil. Ils peuvent également identifier les utilisateurs les plus "influents" en se basant sur le nombre de fois qu'ils "Like" ou postent des publications et font commentaires. Weber Shandwick, une société spécialisée dans les relations publiques qui teste le produit, nous a indiqué que son PDG fait partie de ses cinq utilisateurs internes les plus influents.

Gratuit... pour l'instant

Facebook n'a pas encore communiqué le coût exact de son produit.

Différentes sources ont indiqué que Facebook envisageait de ne faire payer que certaines fonctionnalités premium et l'intégration d'applications tierces. Cependant, selon une entreprise avec laquelle s'est entretenu Business Insider, il faudrait compter (d'après ce qu'elle a pu entendre dire chez Facebook) entre 1 et 5 dollars par mois et par utilisateur pour bénéficier du service – en fonction des intégrations réalisées.

Par comparaison, le forfait standard de Slack revient à 6,67 dollars par mois et par utilisateur, et 12,50 dollars par mois et par utilisateur pour son programme Plus.

Intégration à d'autres services

Ce que déplorent le plus souvent les entreprises concernant Facebook at Work est le manque d'intégration avec d'autres services dont ils dépendent tels que Asana ou Salesforce Chatter. Les personnes à qui nous avons parlé pensent cependant que ce défaut devrait être comblé par Facebook.

Ben Sand affirme que Facebook at Work est désormais le principal outil de communication interne de Kenshoo, et constate ce qui lui semble être une véritable occasion manquée pour Google.

"Curieusement, Facebook at Work est étonnamment similaire à Google+", constate Ben Sand, "surtout en ce qui concerne la segmentation des groupes. "Nous sommes une entreprise Google – nous utilisons Gmail et les Google Apps – mais Google+ ne nous a pas satisfait."

Article de Jillian D'Onfro. traduction de Soraya Bouznada,JDN.

Voir l'article original : "Here's what the first users are saying about Facebook's Slack competitor"