Antony Passemard (AWS) "Philips a connecté 7 millions d'appareils médicaux à notre cloud IoT"

Le "principal product manager" d'Amazon Web Services IoT, le service cloud dédié aux appareils intelligents, explique comment le géant compte adresser ce marché en pleine croissance.

JDN. La filiale dédiée au cloud d'Amazon, Amazon Web Services, a lancé en octobre 2015 une offre dédiée à l'Internet des objets. Peut-on imaginer que vous prolongiez un jour ce service dans le monde physique en fabricant directement des objets connectés pour les entreprises ?

Antony Passemard, directeur de la gestion produit d'Amazon Web Services IoT. © Amazon web service

Antony Passemard. Amazon Web Services ne se lancera pas dans le hardware. Ce n'est pas du tout ce que nous demandent nos clients aujourd'hui. La société mise beaucoup sur l'Internet des objets, mais essentiellement à travers l'ingestion et le traitement des données émises par les appareils intelligents sur son nouveau service cloud lancé en octobre 2015, AWS IoT (Amazon Web Services IoT, NDLR).

La stratégie de la société est horizontale. Nous essayons de développer des services qui résolvent un problème qui se pose à toutes les entreprises. Nous sommes à l'aise avec des modèles à faibles marges mais à très gros volumes. Avec AWS IoT, nous permettons à nos clients de connecter des millions d'appareils intelligents et d'avoir accès aux informations qu'ils collectent sur une plate-forme sécurisée, qui permet l'ingestion de données machine à grande échelle et à bas coût, grâce à une formule où le paiement correspond strictement à la consommation. Dans un large écosystème comme l'IoT, les partenaires d'AWS, qui travaillent notamment dans le hardware, ont plutôt tendance à se verticaliser pour se différentier sur le marché. Une philosophie différente de la nôtre.

Ce nouveau service cloud est-il en train de décoller ? Quel chiffre d'affaires prévoyez-vous de dégager en 2016 grâce à cette nouvelle activité IoT ?

Les résultats financiers d'AWS au premier trimestre 2016 ont progressé de 64% sur un an, atteignant 2,6 milliards de dollars, avec une marge opérationnelle de 23.5%. AWS est un business qui pèse 10 milliards de dollars.

Vous n'avez pas tout à fait répondu à ma question…

"AWS IoT est en croissance forte depuis son lancement l'année dernière"

Nous ne communiquons pas nos résultats par service. Je peux toutefois vous dire qu'AWS IoT est en croissance forte depuis son lancement l'année dernière et que des portes se sont ouvertes. AWS est une des premières grandes entreprises à avoir développé une offre cohérente de collecte et de stockage des données des objets connectés dans le cloud. Auparavant, ce business était principalement adressé par des start-up.

Désormais, ces jeunes pousses sont montées en valeur, c'est l'évolution naturelle du marché. Elles répondent maintenant à des problématiques plus verticales, comme l'analyse des données, le pilotage des appareils à distance… Une bonne partie d'entre elles hébergent d'ailleurs leurs data chez nous, comme Ayla Networks (qui est à 100% sur AWS) ou encore Z#bre, une société française qui accompagne les industriels dans leurs projets de déploiement d'objets connectés.

Comment avez-vous identifié le filon ?

Le nombre d'objets connectés est en forte croissance. De nombreux clients comme BMW, Philips ou encore Dropcam utilisent depuis longtemps les services cloud classiques d'AWS pour faire de l'IoT. Pour leur permettre d'être plus rapides dans le traitement de ces données, nous avons décidé de créer une nouvelle offre dédiée spécifiquement aux objets connectés. Sur AWS IoT, ils peuvent gérer des dizaines de millions d'appareils intelligents s'ils le souhaitent.

"Beaucoup de nos clients  commencent à entrer en phase d'industrialisation de leurs projets IoT, après avoir réalisé des tests à petite échelle"

Combien d'entreprises ont fait appel à vos services ?

Je ne peux pas divulguer cette information. En revanche, je peux vous dire que Philips a connecté 7 millions d'appareils médicaux à notre cloud. Beaucoup de nos clients  commencent à entrer en phase d'industrialisation de leurs projets IoT, après avoir réalisé des tests à petite échelle pendant 6, parfois 9 mois. Déployer du hardware de manière globale dans une entreprise demande du temps.

Amazon utilise-t-il en interne AWS IoT ?

Absolument, mais il n'a pas encore fait migrer vers AWS IoT l'ensemble de son système d'objets connectés (qui sont très utilisés dans ses centres logistiques) car le process est long. Le groupe est l'un des principaux clients de sa filiale Amazon Web Services.

Comment évangélisez-vous le marché ?

Nous avons lancé il y a moins d'un mois des boutons connectés qui permettent aux développeurs de découvrir le fonctionnement d'AWS IoT pour moins de 20 dollars. Un certain type d'interaction avec ce petit appareil intelligent (pression courte, "double clic", pression longue…) peut être associé à une action simple, comme la mise en route des chauffages connectés dans une maison par exemple, programmée dans le cloud IoT d'Amazon Web Services. C'est un moyen facile et rapide pour les informaticiens de comprendre comment marche notre nouveau service.

J'ai également créé un réseau de plusieurs dizaines de partenaires. Ces spécialistes du hardware, comme Intel ou Qualcomm, ou encore des réseaux de communication, comme Sigfox, aident nos clients à construire des systèmes IoT fonctionnels.