Twilio, la start-up qui motorise Facebook Messenger et WhatsApp

Twilio, la start-up qui motorise Facebook Messenger et WhatsApp Twilio permet d’intégrer des services de téléphonie aux applications mobiles. La start-up américaine vient de réaliser avec brio son entrée en bourse. L'occasion de revenir sur son parcours.

Une licorne sort du bois. Alors que les IPO se font rare depuis le début de l'année, Twilio est entrée en bourse le 23 juin au New York Stock Exchange. Depuis sa création en 2007, la start-up californienne avait déjà engrangé plus de 240 millions de dollars en cinq tours de table, ce qui avait contribué à la valoriser à plus d'un milliard de dollars. Son IPO a été un succès. Pour l'occasion, Twilio a pu engranger 150 millions de dollars, contre 100 millions de dollars prévus initialement. Et depuis, la valeur de son action ne cesse de progresser.

Twilio gère l'envoi des SMS de confirmation d'Uber

Si le nom de Twilio vous est inconnu, vous utilisez certainement ses services. La société, basée à San Francisco, est derrière l'envoi des SMS de confirmation d'Uber ou de la fonction d'appel téléphonique de WhatsApp.

Twilio a su se rendre indispensable à ces géants du numérique. Elle leur fournit des API (interfaces de programmation) leur permettant d'intégrer dans leurs applications des services de communication par voix, vidéo, SMS ou notification. Le tout par le biais d'une infrastructure de cloud. La quasi-totalité de sa plateforme est hébergée sur le cloud d'Amazon Web Services. Ce qui ne l'empêche pas de proposer également ses solutions sur Microsoft Azure.

Plus d'un million de développeurs enregistrés

La société revendique plus de 28 600 références dont Coca-Cola et Home Depot d'après son document officiel d'entrée en bourse. Facebook via ses applications Messenger et WhatsApp (des contrats qui représentent 17% du chiffre d'affaires de Twilio en 2015), est de loin son premier client. Plus d'un million de développeurs seraient enregistrés sur sa plateforme.

Twilio a été créée par un ingénieur, Jeff Lawson, ex-chef de produit chez Amazon Web Services. © Twilio

Même si son chiffre d'affaires double pratiquement tous les ans, Twilio n'a pas encore atteint le seuil de rentabilité. Au premier trimestre, la société accusait une perte de 6,4 millions de dollars pour un chiffre d'affaires de 59,3 millions. Ses investissements en R&D pèsent lourd dans ses comptes et la majorité de ses 567 salariés sont des ingénieurs.

Twilio a d'ailleurs été créée par un ingénieur, Jeff Lawson. Cet ancien chef de produit d'Amazon Web Services a fondé Versity (dans le stockage), StubHub (billetterie) et Ninestar (sécurité). Avec Twilio, il fait le pari de libérer la couche logicielle de nos smartphones, jusqu'alors contrôlée et exploitée par les opérateurs télécoms, afin de proposer de nouvelles fonctionnalités.

Cap sur l'internet des objets

Jeff Lawson compte même aller un cran plus loin. En mai dernier, lors de Signal, sa conférence développeurs, Twilio a lancé Programmable Wireless. Encore en préversion, cette offre doit permettre aux développeurs d'exploiter la nouvelle génération des logiciels directement embarqués dans les cartes SIM. Ils pourront ainsi créer des applications sans se soucier de la couverture et des protocoles des réseaux sans fil - Wifi, Bluetooth et autres technologies à courte portée (de type Z-Wave et Zigbee). Au-delà des terminaux mobiles, c'est aussi clairement le marché des objets connectés qui est ici visé.

Comme pour toutes les autres offres de Twilio, Programmable Wireless est proposée en self-service via une souscription en ligne. Les tarifs varient en fonction du volume de données à traiter. Pour une utilisation orientée vers l'internet des objets, les prix démarrent à 2 dollars par carte SIM et par mois, auxquels s'ajoute 0,10 dollar par Mo consommé. Pour les autres usages nécessitant plus de ressources, le premier Go est facturé 25 dollars et les suivants 15 dollars. Pour cette opération, Twilio s'est associé à T-Mobile sans que l'accord soit exclusif.

Mesurer le "sentiment" d'un SMS avec IBM

Autre partenariat annoncé, celui passé avec IBM. Pré-intégrés aux API de Twilio, deux outils de Watson, la plateforme d'intelligence artificielle de Big Blue, sont désormais disponibles sur sa place de marché. Le premier, Watson Message Sentiment "utilise l'analyse des émotions pour permettre mesurer le sentiment d'un SMS". Objectif : donner les moyens à un service client de savoir rapidement si le contenu d'un message est positif, négatif ou neutre. Le second outil, IBM Message Insight, donne, lui, la signification du SMS notamment par l'analyse sémantique de mots-clés.

Exemple de service d'appel vidéo motorisé par Twilio. © Capture JDN

De nombreux concurrents en France

Ces deux annonces illustrent bien la volonté de Twilio de monter dans la chaîne de valeur en jouant la carte de l'innovation. Pas étonnant. Car sur ce marché de l'API télécoms, la concurrence est rude. La société américaine le d'ailleurs reconnaît elle-même dans son document d'introduction en bourse.

En France, Twilio se trouve en concurrence avec OVH mais aussi des start-up locales comme Buzz-Expert, Nexmo ou Octopush. Cette dernière a établi un comparatif entre son offre et celle de Twilio, forcément à son avantage en vantant la facilité d'utilisation de son API d'envoi de SMS.

A noter, enfin, que Twilio a développé OpenVBX, un logiciel aujourd'hui placé en open source. Ce PABX virtuel permet d'attribuer un numéro de téléphone, une ligne de conférence personnelle et une messagerie vocale à chaque employé, avec la possibilité de partager des messages entre les membres d'une même équipe.