DigitalOcean vs Amazon Lightsail, le match du Virtual Private Server

DigitalOcean vs Amazon Lightsail, le match du Virtual Private Server AWS s'est doté fin 2016 d'une offre de serveur virtuel concurrente de celle de DigitalOcean. Si ses tarifs sont quasi similaires, son positionnement est différent.

Comme son nom l'indique, un Virtual Private Server (VPS) est un serveur virtualisé qui offre néanmoins les avantages d'un serveur physique dédié. Donnant accès à de la puissance de calcul et du transit réseau tarifés à la demande, un VPS inclut une série de services associés : adresse IP statique, communication sécurisée SSH, gestion de nom de domaine (DNS) et sauvegarde automatisée. Le stockage est pris en charge via de la mémoire Flash (SSD) offrant un accès plus rapide qu'un disque dur classique.

Au-delà de l'aspect matériel, le VPS permet de bénéficier de machines immédiatement disponibles sans se soucier de leur installation, de leur configuration ou de leur gestion. Des machines prêtes à l'emploi sur lesquelles sont préinstallés un certain nombre d'outils open source comme WordPress, Drupal, Joomla, Magento ou MySQL. Le VPS se prête donc tout particulièrement à l'hébergement de sites web mais il peut permettre aussi la gestion de back-end d'applications web et mobiles.

Des forfaits sans coûts cachés chez DigitalOcean

Des forfaits tout compris, sans coûts cachés. C'est sur cette promesse que DigitalOcean a bâti son succès. Créé en 2011, ce fournisseur de cloud américain ouvrait le marché du VPS deux ans plus tard. Une réussite immédiate. Selon Netcraft, la société de New York se hissait en 2015 à la deuxième place mondiale des acteurs de l'hébergement derrière Amazon Web Services (AWS). Sur son site, l'acteur affiche plus de 42 millions de serveurs privés virtuels, ou "Droplets" selon la terminologie maison.

Un concurrent potentiellement sérieux pour AWS

DigitalOcean a aussi opté pour une politique commerciale agressive. Sa grille tarifaire, à neuf échelons, débute à 5 dollars par mois pour un serveur doté de 512 Mo Ram, un processeur, 20 Go de stockage SSD et 1 To de transfert de données. Une offre qui monte à 640 dollars par mois pour 64 Go de Ram, 20 processeurs, 640 Go de stockage et 9 To de transfert de données.

Des forfaits tout compris à la différence d'autres prestataires de cloud chez lesquels la moindre prestation est facturée à l'unité, comme le transfert de données, l'augmentation de la bande passante, etc. 

Amazon fait du copier-coller tarifaire

Fort de ces arguments, DigitalOcean représentait un concurrent potentiellement sérieux pour AWS et son service EC2 de provisionnement d'instances. Le numéro un mondial du cloud se devait de réagir. Ce qu'il a fait le 30 novembre dernier, lors de sa dernière conférence annuelle re:Invent, en lançant une offre de VPS. Baptisée Lightsail, elle se positionne en concurrence frontale de DigitalOcean. Et ce, jusqu'à la tarification. A quelques différences près que le blog ContainerShip a consignées, AWS a repris les prix de DigitalOcean tout en se limitant à cinq forfaits. Le plus élevé (à 80 dollars par mois) proposé par Amazon offre 8 Go de Ram et 80 Go d'espace disque SSD.

Fait nouveau pour le fournisseur américain, il a choisi de sortir Lightsail de son portail de services. Alors qu'il s'appuie pourtant sur l'infrastructure d'AWS, Lightsail se présente en effet comme un produit "stand alone" avec un site dédié et une identité visuelle propre. "Il y a une volonté manifeste d'Amazon de faire une distinction commerciale entre AWS et son offre VPS. La première ciblant les grands groupes et les développeurs en entreprise, la seconde les freelances et les petites structures", observe Rodolphe Franceschi, développeur web full-stack et Scrum master chez Sopra Steria - et utilisateur des deux offres.

Lightsail : une offre appelée à grandir... qui ne fait pas encore le poids

Encore en phase de lancement, Lightsail est pour l'heure hébergé uniquement sur la région Est d'AWS aux États-Unis (Virginie du Nord) alors que DigitalOcean propose, lui, huit zones - dont Londres, Amsterdam et Francfort en Europe. Côté système d'exploitation, Lightsail se limite à Ubuntu et Amazon Linux tandis que DigitalOcean propose davantage de distributions Linux (Ubuntu, mais aussi CentOS, Debian, Fedora et CoreOS).

Aux yeux de Rodolphe Franceschi, Lightsail n'a pas encore la maturité suffisante pour détrôner DigitalOcean "qui ne propose qu'un service, aux options limitées, mais avec un bon niveau de qualité". Il regrette aussi chez Lightsail un manque de documentation "pour rajouter un disque, éteindre une machine...", alors que le pionnier du VPS publie de son côté de nombreux tutoriels et a le soutien d'une communauté particulièrement active. "Mais cette lacune devrait être rapidement comblée par Amazon", estime Rodolphe Franceschi. 

DigitalOcean contre-attaque

De son côté, DigitalOcean ne reste pas les bras croisés. En juillet dernier, il lançait Block Storage pour distribuer la capacité de stockage d'un VPS vers un autre VPS - à raison de 10 cents le Go par mois. En février, il introduisait Load Balancers pour gérer la répartition de charge entre plusieurs VPS. Une option à 20 dollars par mois.

Développeur web freelance et auteur d'un test très complet sur DigitalOcean, Pierre Pontgahet utilise notamment DigitalOcean pour l'hébergement des sites de ses clients. Il salue la simplicité d'utilisation de la solution. "Très claire, la console permet de faire ce qu'on veut d'un VPS. Depuis mon compte, je peux avoir accès aux VPS de mes clients sans avoir à me connecter ou me déconnecter. Des graphes fournissent le niveau d'utilisation du CPU, de la RAM, de la bande passante pour la journée, la semaine, le mois et l'année", détaille-t-il. Autre possibilité appréciée par Pierre Pontgahet : la fonction "snapshot" qui permet de faire une image d'un VPS à tout moment. "Je peux revenir sur cette image ou créer un Droplet à partir de celle-ci", note le freelance. L'option est payante côté Lightsail.

A noter qu'OVH propose, lui aussi, une offre VPS à des tarifs particulièrement compétitifs (de 2,99 à 29,99 euros HT par mois).

Comparatif DigitalOcean vs Amazon Lightsail
  DigitalOcean Amazon Lightsail
Année de lancement 2013 2016
Positionnement Pionnier du VPS, DigitalOcean propose une offre mature saluée pour sa simplicité d'utilisation et sa communauté active. Pour une fois challenger, AWS défie DigitalOcean sur son terrain tout en jetant des ponts avec son catalogue de services traditionnel.
Zones ouvertes Huit dont Londres, Amsterdam et Francfort. Région Est des États-Unis (Virginie du Nord)
OS Ubuntu, CentOS, Debian, Fedora et CoreOS Ubuntu et Amazon Linux
Tarifs Neuf forfaits de 5 à 640 dollars par mois Cinq forfaits de 5 à 80 dollars par mois

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