L'IoT as a Service, l'arme fatale de Microsoft dans l'IoT

L'IoT as a Service, l'arme fatale de Microsoft dans l'IoT Avec IoT Central, le groupe américain est le premier géant du cloud à proposer une application SaaS pour le pilotage d'objets connectés. AWS, Google et IBM se limitent, eux, à des offres PaaS.

Fin avril, Microsoft créait la surprise en dévoilant Microsoft IoT Central : une offre en mode Software as a Service (SaaS) taillée pour piloter des flottes d'objets connectés. Actuellement en bêta privée, elle a été ouverte à quelques partenaires et clients du groupe, triés sur le volet, dont quelques sociétés françaises (pour l'heure, aucun nom n'a fuité).

Microsoft est le tout premier acteur majeur du cloud à se positionner sur l'IoT orienté SaaS. Sa solution vient compléter une première brique cloud d'IoT en mode PaaS (Platform as a Service) lancée début 2016. Baptisée Azure IoT Suite, cette dernière permet de développer des applications cloud pour différents usages : supervision à distance d'objets, usine connectée...

Avec IoT Central, Microsoft propose un environnement cloud nettement plus packagé. Un outil conçu pour créer des applications, sans avoir à les programmer, en vue de gérer le pilotage, la maintenance et l'administration de parc d'objets connectés. IoT Central fournit jusqu'à la possibilité de configurer des processus business - en fonction de règles préétablies (ex : "si un capteur de température dépasse tel seuil, alors une alerte doit être envoyée par SMS à tel collaborateur").

Une offre que ne propose pas Amazon

"La promesse d'IoT Central est de pouvoir se concentrer pleinement sur les règles métier sans avoir à développer quoi que ce soit : les scénarios de mesures et de notifications, la corrélation de données en provenance des objets, etc.", explique Thierry Rolland, directeur général de l'ESN spécialisée en IoT Exakis (groupe Magellan Partners).

A l'instar de Microsoft avec Azure IoT Suite, Amazon Web Services (AWS), Google et IBM se positionnent également sur le créneau de l'IoT en mode PaaS. Mais aucun ne s'est pour l'heure aventuré jusqu'au SaaS. "Seules quelques start-up, comme Cumulocity, Arrayent ou AbleCloud, commercialisaient déjà ce type d'applications", précise Laurent-Walter Goix, directeur de projet IoT au sein de l'ESN Econocom. "Si la version finale d'IoT Central se révèle de qualité, Microsoft va clairement prendre une longueur d'avance. Il pourrait pousser ses concurrents à se positionner rapidement sur l'IoT en mode SaaS, éventuellement via des rachats..."

"La solution doit permettre de déployer immédiatement des processus de pilotage pour des milliers d'objets"

Comment se présente plus concrètement IoT Central ? Adossée au cloud de Microsoft (Azure), l'application s'articule autour d'une console graphique de design de processus, conçue pour être accessible aux non-informaticiens. Un environnement auquel s'ajoutent deux niveaux de tableau de bord Analytics pour superviser les objets intégrés. L'un orienté business (pour suivre les alertes des capteurs, anticiper les pannes d'objets, piloter les interventions de maintenance...), l'autre plus technique (avec la possibilité de parcourir les logs des devices via leurs "séries temporelles").

"IoT Central doit permettre d'accélérer les projets et de déployer immédiatement des processus de pilotage pour des milliers d'objets. D'après les premières captures d'écran auxquelles nous avons pu avoir accès, son ergonomie s'inspire beaucoup de celle d'Office 365, et notamment de sa brique d'Analytics PowerBI", confie Matthieu Fouchard, directeur commercial & marketing d'Exakis. "Pour une société de services comme la notre, une telle solution est un moyen de progresser d'un niveau, en nous déchargeant des problématiques techniques pour nous permettre de nous concentrer sur le conseil métier." D'ailleurs, Exakis envisage d'ores et déjà de décliner les modèles de processus IoT utilisés dans le cadre de ses missions (et conçus initialement sur un SaaS maison) pour les porter, aussi, sur IoT Central.

Windows IoT, mais pas uniquement

"IoT Central supporte tous les types de systèmes d'exploitation embarqués dans les devices : Windows, mais aussi Linux, Mac… sans oublier les OS industriels orientés temps réel", insiste Nicolas Coudert, manager Internet of Things chez Microsoft France. Et en matière de connectivité, il intègre le protocole MQTT, et dispose d'une passerelle pour les réseaux IoT Lora. "Sans oublier un connecteur pour le réseau de Sigfox que nous avons développé en commun", ajoute Nicolas Coudert.

Côté sécurité, IoT Central est capable (comme AWS IoT) de générer des copies virtuelles de devices. Des réplications qui permettront de parer à toute coupure de réseau, en resynchronisant le terminal IoT physique avec son miroir virtuel dans le cloud après chaque rupture. "IoT Central sécurise aussi les échanges avec les objets, ou entre les objets eux-mêmes, en leur attribuant des certificats d'authentification", précise Nicolas Coudert. Dans cette optique, l'application prend en charge la norme de chiffrement TLS X509, un appairage entre plusieurs objets pouvant être réalisé dans le cas d'objets dotés d'adresses IP dynamiques.

La cible numéro 1 : le BtoB

Les profils de clients ciblés par Microsoft avec IoT Central ? Des organisations de taille moyenne, dans le retail, la fabrication, ou encore la santé (et le matériel médical en particulier). En ligne de mire, l'éditeur entend répondre à des problématiques métier plutôt BtoB (voire BtoBtoC), sur le front de la gestion de la chaîne logistique, des smart grid ou de la smart city. "Pour répondre aux contraintes industrielles de ces secteurs, nos contrats de licence intégreront des garanties sur la pérennité de notre technologie. Les clients auront également la possibilité de ne pas suivre la feuille de route de notre R&D, et de rester sur d'anciennes éditions du produit, en fonction des contraintes de sécurité ou liées à leur roadmap", précise Nicolas Coudert.

La date de lancement de la version finale d'IoT Central n'a pas été communiquée. Ni la grille de prix qui sera pratiquée. "Il s'agira d'un modèle tarifaire hybride, notamment fonction du nombre d'objets", annonce Nicolas Coudert. A suivre...